Depuis un moment, je sentais la hype autour du truc, et autant être franc, je déteste la hype. C’est le genre de phénomène qui me fait tourner le dos à un move, de manière irréversible. Non que je me vautre dans l’underground comme dans une fange purificatrice, mais dès que les médias et le grand public s’emparent d’un phénomène, ça lui enlève de suite son côté mystérieux.
Mais dans le cas présent, il y a bien longtemps que le mystère a cédé la place au spectacle, alors autant mettre ses préjugés de côté.
Mais j’entendais déjà les voix s’élever… « Les Finlandais, ouais, ils nous envoient toujours des trucs improbables, et puis, on a déjà eu LORDI, alors ça suffit »…Sauf que les Finlandais n’ont jamais hésité à jouer le jeu à fond, et que généralement, lorsqu’ils vendent aux autres leurs groupes, quels qu’ils soient, il y a toujours anguille sous roche.
Néanmoins, et en connaissant le background du groupe en question, j’avançais à reculons, genre « vous ne m’aurez pas, je suis incorruptible et j’aime bien qu’on me flatte dans le sens du poil sans lorgner sur mon portefeuille ».
Hors là les préjugés, les BATTLE BEAST, en dehors d’une campagne marketing savamment orchestré par leur label et management, ont toujours été un groupe à part, énorme dans l’hommage et professionnel dans l’exécution. Et vous savez quoi ? Ce quatrième album, pour certains, pourraient être leur meilleur.
Exit Anton Kabanen, guitariste et principal compositeur depuis l’année dernière, bienvenu au petit nouveau Joona Björkroth qui essaie d’endosser sa panoplie de super héros, et surtout, hallelujah, Bringer Of Pain, sorti au mois de février ne vous fera pas souffrir, loin de là, et ne vous apportera que bonheur et Heavy Metal de killer.
D’ailleurs, n’est-ce pas le leitmotiv du sextette ? 100% Heavy Metal, 0% Bullshit ? Sauf que cette fois-ci, le Heavy se teinte de légers pastels Hard-Rock, et que l’hommage même plus déguisé aux 80’s est complet, et sidérant de vérité.
Meilleur album ?
Possible, en tout cas pour moi, même si Steel était déjà salement béton dans son genre, quoi qu’encore un peu hésitant dans la direction à suivre.
Enregistré et produit par Janne Björkroth dans ses studios JBK, et mixé par le même, en compagnie de Viktor Gullichsen et Mikko Karmila, ce quatrième longue durée offre une pochette à l’artwork signé Jan Yrlund qui rappelle étrangement celles de Doro ou WARLOCK, et qui ne cache rien de sa grandiloquence vintage qu’il étale au contraire en première page comme une headline accrocheuse. Vendeur et vendu, puisque le contenu est à la hauteur du contenant….
Troisième LP portant la griffe vocale de la superbe Noora Louhimo, Bringer Of Pain semble avoir enfin trouvé la bonne voie, et se place de fait dans un contexte à mi-chemin entre le gros Heavy germain et le Hard Rock américain, sans complexes puisqu’il aborde les deux styles avec la même classe bombastic, et la même science des refrains explosifs et fédérateurs.
La voix de Noora est plus puissante et racée que jamais, mais avouons de suite que le background instrumental lui servant d’écrin est plus qu’à la hauteur de ses capacités.
En faisant le choix de ne pas choisir, et de se vouloir plus versatile que dans le passé, les BATTLE BEAST sont devenus une véritable machine de guerre et non une bête de cirque ou de foire, et butinent allégrement les fleurs du Hair Metal des 80’s, du Heavy à la ACCEPT/GAMMA RAY, mais aussi du Pop à tendance Rock’n’Hard de lady Benatar, sans pour autant donner le sentiment de plagier les plus grands.
Ce quatrième effort vous offrira un panel de morceaux tous plus accrocheurs les uns que les autres, et en plus, vous aurez vraiment le sentiment d’en avoir pour votre argent et votre headbanging de dément.
Ne le nions pas, Bringer Of Pain frise la perfection. Et si la hype commençait à prendre des proportions énormes, c’est qu’il y avait une bonne raison. Et cette raison est d’ailleurs plus ou moins expliquée dès le morceau d’intro, l’explosif « Straight To The Heart », le genre de burner que les ACCEPT auraient crevé d’écrire en 85/86, et que le PRIEST de la même époque aurait repris sur scène en s’en attribuant la paternité. Dès le départ, la mélodie, le chant de Noora, et cet up tempo épileptique vous font s’agiter les guiboles pour une sale farandole, qui une fois de plus soigne aux petits oignons un refrain carton, du genre de ceux qui font débuter un concert sur les chapeaux de roue.
Et pourtant malgré ses qualités évidentes, c’est sans doute un des plus ternes du lot, parce que le plus prévisible et collé à l’éthique un peu simpliste du combo.
Car leur Heavy, on le connaît par cœur, ce qu’on connaît moins par contre, c’est leur capacité à faire parler leur petit cœur qui saigne de ne plus entendre les ondes vibrer d’hymnes surfaits typiquement Anglais ou californiens, et MTV expurgé de ses créatures permanentées, comme les sœurs Heart qui au milieu de cette décennie maquillée, nous faisaient fondre de leur séduction sucrée.
Alors on leur rend hommage comme on peut, c'est-à-dire avec gusto, en adaptant à l’époque leurs tics via un superbe « We Will Fight », qui en effet combat l’oubli et les pertes de mémoires, de son refrain qui taquine aussi le WARLOCK le plus souverain.
On regarde une ou deux de leurs anciennes photos sur « Familiar Hell », qui aurait pu être composé par les sœurs Wilson, avec un petit coup de main de Ralf Sheepers ou les mecs d’EDGUY…et mal repris par les VIXEN sur une tournée.
Bringer Of Pain fait partie de ces albums qu’on aimerait bien détester, parce qu’ils sentent l’excès, le surfait, et les accroches forcées, mais qui finissent par vous convaincre de leur bien-fondé justement parce qu’ils assument tous ces côtés un peu trop poussés. Et finalement, on a beau les retourner dans tous les sens, on ne parvient pas à leur reprocher quoique ce soit, puisqu’ils sont vendus pour ce qu’ils sont, un spectacle intégral auquel vous n’êtes jamais convié de force.
Alors, on écoute tous les titres, et on finit par se laisser convaincre et retrouver son âme d’adolescent qui s’émerveillait à chaque cracher de feu ou évocation de dragon, le poing tendu et le bracelet clouté.
D’ailleurs, pour une fois, les BATTLE BEAST ont osé une certaine forme de sensibilité, tout du moins un arrondissage des angles, pour tenter le coup du panorama 80’s exhaustif,
Alors on retrouve des compos entre Benatar et DIO (« King For a Day »), des hommages au PRIEST (« Bringer Of Pain », et son tempo d’airain sur riff malin), de petites douceurs à la WINGER/HEART/SABBATH des 80’s (« We Will Fight »), un peu de symphonique traité Pop et assez peu rythmique (« Lost In Wars », en compagnie de Tomi Joutsen), et même une friandise electro-pop que les THE LOCAL BAND pourraient reprendre sur un prochain EP (« Dancing With The Beast »).
Ils terminent même le boulot sur une gigantesque power ballad que Nancy et Ann auraient pu caser sur leur Brigade ou Bad Animals (« Far From Heaven »), et finalement, chatouillent le sans-faute, même si certains esprits chagrins regretteront Unholy Saviour ou même l’initial Steel…Mais nul n’est universel n’est-ce pas ?
Toujours est-il que…Que Noora est une putain de chanteuse, une vraie, qui manie son Heavy et polit son Hard avec envie, et qui se pose en digne héritière des Ann Wilson, Pat Benatar et même, comme une petite fille cachée du grand Rob, en plus viril que son aïeul…Que son backing band ne fait pas semblant de tricoter, et que l’ensemble, une fois réuni, prend des allures de tribute band ultime, titillant la corde sensible du Hard Rock le plus racé pour le faire hurler comme un Heavy enflammé.
Alors oui, de la hype, beaucoup, mais méritée.
Et c’est Noora elle-même qui résume la chose avec panache et rage, en déclarant :
« Mais je voudrais vraiment remercier ceux qui nous ont supporté comme ceux qui ne l’ont pas fait. Parce que finalement, ce qui ne vous tue pas vous rend plus fort ».
Et malgré cet emprunt malheureux à ce pauvre Nietzche qui doit en avoir ras le bol des usurpations d’identité depuis MANOWAR, BATTLE BEAST signe avec Bringer Of Pain un des meilleurs albums de ce premier trimestre, en restant le groupe que l’on a toujours connu.
Excessif, irritant, mais attachant.
Et ça, ça n’a rien à voir avec la hype. Juste un constat objectif.
Titres de l'album:
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