Vu de loin, toute l’affaire empestait le concept rance. Rien qu’en apposant ce trop fameux sceau de Brutal Pop sur l’enveloppe de l’argument promotionnel, le groupe tenait à distance les vieux briscards à qui on ne la fait plus, et empêchait les amateurs de nouveauté de rappliquer, certainement échaudés par d’autres accroches de tête de gondole mensongère. On connaît le principe de la vente forcée, on vous colle un truc entre les mains, une idée piquée ou traînant dans l’air depuis des lustres, mais flanquée d’un nouveau packaging, d’un beau logo et d’un slogan qui pique les yeux. Parce que soyons lucide, en 2019, tout a déjà été entendu pour qui s’est vraiment intéressé à la musique populaire depuis son émergence. Alors quel besoin d’avoir recours à des subterfuges pour vendre un produit qui de toute façon, sera acheté selon le bon vouloir d’une clientèle qui en a marre d’être prise pour telle ? Alors, qu’en est-il finalement de SUN et de sa Brutal Pop qu’on aimerait bien nous faire passer pour le big bang de cette fin d’année, alors même que le duo existe déjà depuis deux ans ? Un groupe qui sur le papier semble avoir bénéficié d’un piston de choc, celui des chouchous de THE DØ, qui a arpenté les grandes scènes (Rock en Seine, Avignon, les Transmusicales), et qui aujourd’hui propose donc son premier EP, intitulé du style bâtard même qui a fait sa réputation. Et je me méfie des réputations, puisque chaque semaine, les boites de promo tentent de nous refourguer la prochaine merveille à la mode que le grand public va s’arracher. Sauf que le grand public, nous, on s’en fout et que seule la musique compte. Et cette musique aujourd’hui va enfin plus loin que le seul clip branché de « Higher Fire » qui était jusqu’à présent le seul encart de pub du duo.
J’ai lu sur le net que les SUN étaient les enfants musicaux d’ABBA et PANTERA. Je n’ai rien contre l’enthousiasme, mais il n’en est rien, ni dans le fond ni dans la forme. A la rigueur, SUN serait plus proche d’une fusion entre TOKYO TABOO et les WHITE STRIPES, le tout sous couvert d’une caution vocale de Tairrie B. On sait que sur leur page Facebook, les deux acolytes (Karoline Rose - chant/guitare/composition, Nico Defer - batterie) aiment à citer des influences disparates pour accentuer le caractère singulier de leur démarche (MORBID ANGEL, THE BEATLES, IMMOLATION, HOLE, ABBA, RIHANNA), mais concrètement, et musicalement, les parallèles incongrus ont-ils lieu d’être ? Oui et non, puisque le mélange est déséquilibré, et que la plupart du temps, ce mixage entre la douceur de la Pop et la brutalité du Metal est décalé et épars. D’ailleurs, plus que de la Pop lorsque les cris et les gros riffs n’ont pas droit de cité, je parlerais plus volontiers de Rock un peu garage, parfois aux teintes modernes et électro, comme le confirme le définitivement nineties « Higher Fire ». Loin de proposer les harmonies célestes d’ABBA et les coups de rein de GOJIRA, le groupe se propose de durcir le côté alternatif de la vague des Riot Grrrls d’un côté, et de teinter de rose leur romantisme de l’autre en assouplissant la rugosité, pour proposer une sorte d’Alternative Pop aux intonations certes brutales, mais au contexte assez classique. On peut penser à une version très énervée des SHONEN KNIFE, ou à une Courtney Love en pleine thérapie dans un stage rehab en compagnie des KITTIE, mais en tout cas, et désolé de le souligner encore une fois comme un mantra, mais impossible de voir en cet EP une quelconque allusion Metal sérieuse et solide.
Est-ce pour autant que la musique de Brutal Pop ne mérite aucune attention et se fond dans un décor déjà trop anonyme ? Non, car heureusement pour nous, Karoline Rose est une musicienne intelligente, et talentueuse et qu’elle ne s’est pas contentée de plaquer trois barrés sur deux hurlements. La compositrice a soigné son approche, et dévoile même un certain flair sur le final « Enemy », qui pourrait bien incarner un avenir plus radieux et original pour elle et son compagnon de studio. Produit par Dan Levy (THE DØ, JEANNE ADDED, LAS AVES), le tuteur de toujours, ce premier EP ne manque pas de charme, une fois que l’argument commercial de base est oublié. Car il est inutile de penser Brutal Pop pour aimer Brutal Pop, il suffit en effet d’aimer une musique combinant la séduction brute du Garage Rock et la virilité du Rock alternatif le plus couillu, même si les moments les plus agréables du court métrage en sont les opposés les plus radicaux. Je reste donc après écoute sur la certitude que « I Killed My Man » serait l’illustration parfaite d’un road movie US au soleil couchant et aux personnages amers, et que « Enemy » avec son gonflement final est finalement l’assertion de fin la plus logique pour le groupe. Vocalement, Karoline convainc, avec sa puissance indéniable, son charme vénéneux et ses inflexions brutales, capable de tout chanter avec talent, et d’insuffler de la passion dans ses textes. Car c’est évidemment elle le point de focalisation de SUN, sa force créative, son moteur artistique. Et la musicienne franco-allemande démontre avec panache qu’elle a une culture musicale solide, parvenant parfois à piquer à Devin un riff redondant, tout en exigeant de Nico qu’il se montre jumpy et disco (« Fast Car »). Alors non, le concept n’est pas une épiphanie, non, SUN n’a absolument rien inventé de neuf, mais recycle avec beaucoup d’aisance des influences multiples, tout en proposant des chansons au format Pop qui tiennent largement debout. Et c’est bien ça le plus important.
Attendons maintenant que la hype ne passe, et que le duo se fende d’un LP complet. Mais finalement, vous pouvez y aller et écouter Brutal Pop. Vous n’aurez ni du brutal ni de la Pop, mais ça n’est pas si grave.
Titres de l’album :
01.I Killed My Man
02. Fast Car
03. Higher Fire
04. Enemy
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