C’est en République Tchèque que l’aventure Thrash se poursuit aujourd’hui, avec le premier album d’un quatuor originaire de Slavičín. Après avoir mené une première partie de carrière sous le nom d’ARCHYVA, les musiciens ont donc décidé de se rebaptiser REFORE, avant de sortir leur premier EP deux ans après leur naissance. Ainsi, Social Failure témoignait en 2018 de six titres solides d’un Thrash dense et compact, et trois ans après cette première livraison en format court, le quatuor revient avec ses armes affutées pour nous taillader d’un premier long qui ne fait pas vraiment de quartier. Ainsi, Frantisek Tkadlec (guitare/chant), Dominik Suchma (batterie), Karel Chromacek (basse) et Matej Fiser (guitare) se présentent sous un jour flatteur et méchamment violent, témoignant de leurs racines de l’est pour mieux accommoder les recettes barbares de notre chère Allemagne. Du bourrin donc, mais pas que, et loin de là, car malgré leur jeune âge, ces musiciens savent manier leurs instruments et faire preuve d’un sens de la composition très à-propos, pour ne pas sombrer dans les affres de la bousculade un peu échevelée.
Le tout est évidemment très formel, et rappellera bien des souvenirs aux nostalgiques de la brutalité en vogue il y a quelques décennies, puisque le groupe tchèque ne fait pas grand-chose pour cacher sa passion du passé. Mais avec une précision diabolique, REFORE pratique la lobotomie d’orfèvres, et nous perce un joli trou dans le crane pour y faire entrer ses idées brutales. Disposant d’une solide section rythmique qui ne rechigne jamais à monter dans les tours, et d’un frontman au timbre délicieusement hystérique, REFORE joue donc sur de la toile émeri pour nous râper les genoux et nous faire saigner des tympans, sans avoir recours à des astuces bruyantes trop flagrantes. Leur Thrash reste musical dans son absence de compromission, et dès la claque magistrale infligée par « Lifeless », on comprend que la modération ne sera qu’éparse, et les coups portés méchamment violents. Proches d’un mélange assez intelligent entre ASSASSIN, MUNICIPAL WASTE, DESTRUCTION et ACCUSER, les tchèques abordent donc la problématique nostalgique sous son angle le moins accessible, décochant des riffs simples mais mortels, des accélérations fulgurantes, et des décélérations appuyant salement sur les tempes.
Un morceau synthétise à merveille cet art de la pluralité, le terrible « Reason To Exist » qui passe en revue tous les gimmicks en vogue entre 87 et 90. Avec une intro sans concession, et un soudain ralentissement Heavy du plus bel effet, les REFORE se souviennent des méthodes en vogue en Amérique du Sud, et de l’effet boeuf provoqué par le saignant Schizophrenia des SEPULTURA. On y retrouve la même sauvagerie, mais aussi cette envie d’extirper l’extrême de son carcan en lui libérant les mains d’une volonté trop nette de linéarité. Ici, les sensations sont calquées sur les impressions laissées par un double tour de grand huit avec trois ou quatre loopings sérieux la tête en bas, et le groupe ose même la tromperie de mélodies en arpèges classiques pour gagner notre confiance et nous permettre de respirer un peu.
Ce qui permet aux quarante-cinq minutes de l‘album de passer très vite, puisque des titres beaucoup plus ambiancés et influencés par TESTAMENT, MEGADETH et METALLICA se taillent une place dans le tracklisting. REFORE se laisse aller aux joies de la ballade amère, méthode si chère à ce cher Dave Mustaine, avec un prodigieux et modulé « Something To Say », qu’on aurait pu retrouver sur le classique So Far, So Good du rouquin teigneux. Mais rassurez-vous, ces intermèdes ne sont que des moyens de diversifier le propos, et d’enchaîner immédiatement avec des brulots en fournaise, et « In The Name Of The Law » de reprendre la cadence d’abattage pour faire choir les derniers arbres de la forêt avec une célérité impressionnante.
Solide et vigoureux bucherons, les tchèques n’en sont pas moins des travailleurs consciencieux, et attachés au travail bien fait. C’est ainsi que les morceaux reposant sur un mid tempo sont aussi efficaces que les frappes les plus véloces, comme le prouve avec emphase le groovy « Where Is Your Heaven ». Dans ces moments de furie contrôlée, le talent de percussionniste de Dominik Suchma éclate aux tympans lui qui est capable d’associer la fluidité d’un Lombardo et la puissance d’un Ventor. Toujours maître de son sujet, le quatuor passe donc en revue toutes les digressions possibles sur le thème de la bestialité bien ordonnée (qui commence par soi-même), maintenant la pression jusque dans les derniers instants, en lâchant un atomique « Built To Nothing » aux résonnances presque Hardcore.
Bonne production, influences qui parfois ressurgissent avec insistance (l’entame très South of Heaven de « Without Control »), pour un produit fini de qualité supérieure, les REFORE prouvent donc que s’ils n’ont pas inventé le riff à faire rouiller Kerry King, ils ont parfaitement assimilé les recettes anciennes pour servir un plat vintage savoureux et méchamment corsé. Intelligence, méchanceté, efficacité, telles sont les trois mamelles de ce premier album qui laisse présager d’une carrière en hommage assez remarquable. On n’attend rien de plus, et c’est déjà pas mal pour une première traite.
Titres de l’album:
01. Trapped
02. Lifeless
03. Nobody Can Save Me
04. Your Price
05. Reason To Exist
06. Something To Say
07. In The Name Of The Law
08. Where Is Your Heaven
09. Built To Nothing
10. Without Control
11. Reflection Of Society
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