Si vous ne connaissez pas encore ces portugais fougueux, voici un point d’entrée parfait à leur discographie, d’autant que ce nouvel album a su se faire attendre. Fondé en 1986 à Porto par Victor Matos (guitare), WEB fait partie de ces groupes qui traînent dans l’underground depuis des lustres, mais que seuls quelques initiés connaissent. Il faut souligner qu’il a eu un parcours très erratique, et qu’il n’a rien produit de professionnel avant 2005, soit vingt ans après sa création. Mais depuis, Victor a largement eu l’occasion de nous faire part de ses ambitions, puisque trois longue-durée sont venus récompenser son acharnement.
Epaulé par Fernando Martins (basse/chant) depuis 1994, par Pedro Soares à la batterie depuis 1997 et par Filipe Ferreira (guitare) depuis 2005, le très décidé guitariste peut donc compter sur la stabilité de son projet pour avancer, puisque la formation n’a pas changé depuis le premier album World Wild Web.
Ce qui a légèrement changé par contre, c’est l’orientation du quatuor, qui d’un simple groupe de Power Metal est devenu une petite pointure du Thrash progressif. Un Thrash plus porté sur les ambiances que sur la technique pure, mais qui va évidemment vous rappeler d’excellents souvenirs estampillés 80’s. Si le quatuor est bien sûr moins aventureux que VOÏVOD, DOOM, TARGET ou MEKONG DELTA, il ne s’en tire pas moins avec les honneurs. Sans avoir la prétention d’un RUSH soudainement porté sur la violence instrumentale, WEB tisse patiemment sa toile, et attend au centre que vous veniez vous y engluer. L’araignée fait ensuite son office, en vous enroulant dans un tissu de fils serrés, qui vous bloquent à votre casque comme une pauvre mouche à son destin.
Burden Of Destiny est une fois encore un magnifique exercice de style. En reprenant à leur compte les méthodes américaines et européennes, les musiciens partent dans un voyage à la destination floue, mais aux étapes mouvementées. Bien coupé en deux parties par le superbe instrumental « Tears Of Ash », ce quatrième long est d’une maitrise impressionnante dans tous les secteurs de jeu, mais aussi en termes de création. Un morceau comme « Burden Of Destiny » vous l’explique d’ailleurs avec une belle fermeté, entre fantaisie rythmique d’un batteur survolté, et soli enflammés d’un guitariste qui depuis 1986 a encore des choses à prouver.
« More Than You » a aussi de très solides arguments à mettre en avant. Après une belle intro qui pour une fois ne sert pas de simple prétexte, les choses sérieuses commencent. Dans un registre que le HEXX période très agacé adorait, WEB entame les hostilités sous la férule d’un Thrash résolument violent et exigeant, loin de cette brutalité old-school qui distribue les baffes par douze sans se demander si ça va vraiment servir à quelque chose. Alors que les portugais, avisés, utilisent la mélodie sans dénaturer leur âpreté, et sans sombrer dans la guimauve d’un Heavy Thrash trop sucré pour encore booster.
Articulé autour d’une énergie qui ne se dément pas, Burden Of Destiny est un fardeau très agréable à porter. Condensé de tout ce que les orchestres de l’époque pouvaient apporter d’agressif, cet album sonne comme la fusion globale de deux ou trois têtes d’affiche, sans perdre de sa personnalité. « Chaotic World/Lifeless » dense et intense donne le la de cette musique ambitieuse mais réaliste, et définit la limite entre classicisme et envies plus intimes. Parfois proche d’une version technique de FORBIDDEN (qui l’était déjà pas mal), WEB parvient une fois encore à se renouveler sans se compromettre, en jouant avec les dissonances, les rythmiques saccadées, et les syncopes vicieuses.
Entre suites élaborées et esprit frappeur, ces huit titres n’hésitent pas, et ne choisissent pas. Très puissants, même si la production pêche parfois par excès d’écho, ces chansons laminent, tapissent, éclatent, explosent, dépoussièrent et implosent, au son d’une batterie en constante démonstration. « All For One » beaucoup plus proche d’un NEVERMORE musclé que d’un RAVEN amusé nous donne le coup d‘épaule qui fait vaciller, alors que « Opposing Rebellion » se propose d’incarner la quintessence de cette démarche pleine de sens avec son intro de basse inquiétante.
Parfait numéro d’équilibriste, ce titre totalement progressif est l’acmé de l’album, placé pile là où il faut pour nous laisser sur un sentiment chaud, mais rassurant. La guitare se donne encore sans compter, alors que les plans commencent à s’aligner auprès d’un riff plus redondant qu’un lick de MEGADETH. Tout à tour Heavy, atmosphérique, ambiancé ou stratosphérique, WEB lâche les watts et marche décomplexé au milieu de la faune Thrash actuelle qui a du mal ne serait-ce qu’à claudiquer.
« Rootless Soul » n’a plus qu’à écraser les derniers pieds restant sur son passage, en jouant la lourdeur extrême à la MERCYFUL FATE/DEATH SS, donnant même une leçon d’efficacité à nos chers et estimés OVERKILL.
Burden Of Destiny sera-t-il l’album de l’explosion pour nos amis portugais ? Il le mérite en tout cas, et ses qualités, encouragées par quelques papiers pourront illuminer le visage de nombreux fans de Thrash qui aiment bien fouiner un peu plus loin que le bout de leur nez. Laissez-vous aller, le voyage est chaotique, mais assuré. Et les sensations procurées inestimables.
Enfin si. Le prix du CD.
Titres de l’album :
01. They’re Coming
02. More Than You
03. No More
04. Chaotic World/Lifeless
05. A Grave To Be Dug
06. Tears Of Ash
07. Burden Of Destiny
08. All For One
09. Opposing Rebellion
10. Rootless Soul
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