Il fait chaud, vraiment chaud. Oui, je sais, l’été approche, et rien de plus normal d’autant qu’on le prédit déjà caniculaire. Mais quand bien même j’abhorre cette saison de tous mes pores obstrués, j’estime avoir le droit de m’en plaindre. Alors à tout problème fondamental, solution extrême, j’ai décidé de changer de climat musical pour ramener un peu de fraîcheur dans mon cœur. Direction la Finlande, la plus obscure, la plus isolée, la plus ténébreuse pour échapper aux rais de ce soleil impudent, pour y retrouver l’une des légendes locales les moins bien gardées de l’histoire de l’extrême, PURTENANCE. Les spécialistes savent déjà que le groupe fait partie de la première garde underground nationale, son premier LP étant paru en 1992 et ayant agité les fracassés du bocal Death comme un coup de marteau sur une enclume déjà bien friable. Depuis, Member of Immortal Damnation fait partie du patrimoine national et est gardé jalousement comme une œuvre fondamentale, alors que le groupe continue d’aligner les prestations studio depuis sa reformation en 2012. Nous étions pourtant sans nouvelles des chevaliers putrides depuis trois ans et l’EP Paradox of Existence, et cinq en longue-durée depuis la parution du troisième jet ...to Spread the Flame of Ancients. Heureusement pour nous et pour le climat ambiant, Xtreem Music a ramené les bêtes du pâturage morbide pour les forcer à se manifester, et c’est avec un certain délice que nous dégustons aujourd’hui le quatrième tome des aventures d’outre-tombe des finlandais. Cinq ans de silence donc, et pourtant, pas d’avancée majeure dans la conquête de l’enfer. Nous retombons avec plaisir sur ces plans pesants, ces idées nauséeuses et cette déliquescence générale en posant nos oreilles sur Buried Incarnation, tant il est évident que le quatuor n’a fait aucun effort pour s’intégrer à son époque. Mais en tant que pionnier, c’est son droit le plus absolu.
Aujourd’hui, le groupe ne s’appuie plus que sur deux membres originels, le batteur Harri Salo et le guitariste Juha Rannikko, secondés depuis 2015 par le guitariste Tero Aalto, et par le chanteur/bassiste Aabeg Gautam depuis 2018. Ces changements de line-up dont le groupe est plus ou moins coutumier n’ont pas altéré sa perception déviante, et le Death proposé est toujours aussi sourd, lourd, diffus, insistant, morbide à souhait, et aussi écrasant qu’un destin funeste qui assombrit nos journées. Sans jamais dévier de leur ligne de conduite Heavy, les musiciens continuent de pilonner en toute nostalgie, accentuant les aspects les plus emphatiques de cette musique si emblématique, et rappelant les AMORPHIS, PARADISE LOST, INCANTATION, BOLT THROWER, ABHORRENCE, et autres joyeux drilles jamais avares d’une blague à base de chair putréfiée et de tombe profanée. Pas de révolution à attendre donc de la part d’un combo qui a trouvé sa voie il y a longtemps, mais la joie de constater que le nouveau venu Aabeg Gautam grogne comme un damné, et accentue encore plus la moiteur de compositions qui chauffent déjà à bon régime. Qui chauffent, mais qui dégagent une froideur incroyable, à faire passer les premiers ENTOMBED pour de petits chauffages d’appoints pour pieds frileux. L’analogie entre la Suède et la Finlande n’étant pas incongrue, on retombe encore une fois sur ses pattes nordiques, avec ces riffs de crypte, ces cassures de reins, et ces accélérations modérées qui redonnent un coup de fouet. L’approche est d’usage, mais employée ici à plein régime, comme si une fois de plus, les PURTENANCE souhaitaient signer un manifeste de puristes rappelant leurs origines anciennes.
Le rendu est donc agréable, la production ample et claire, et les morceaux solides. Evidemment, nous avons arrêté de chercher il y a longtemps déjà le moindre signe de culot de la part de musiciens qui ne souhaitent plus innover depuis leurs débuts, mais l’efficacité de l’ensemble permet de pardonner les quelques erreurs de calcul, notamment en termes d’absence totale de modulation. Buried Incarnation s’appréhende une fois encore comme un bloc pris en pleine face, comme une congère qui vient crever un œil un soir d’hiver, ou comme un pot de chrysanthèmes qui lévite au-dessus d’une tombe pour en fracasser le marbre. Pas de place à la finesse, mais bien à l’oppression, et le jeu de batterie monolithique de Harri Salo démontre que les options sont toujours aussi resserrées. Les riffs, formels, nous entraînent dans les bas-fonds de l’espoir, là où la lumière ne filtre plus depuis longtemps, et les harangues vocales s’affilient à la tendance Doom du Death, avec cette gravité au gros grain qui transforme n’importe quel jour de la semaine en purgatoire. Les compositions suivent peu ou prou le même schéma pendant quarante minutes, avec parfois des descentes d’euphorie encore plus dantesques que la moyenne (le drop central et éprouvant de « Wrapped In Lamentation » qui mérite bien son nom), et même l’intro de « Into The Arctic Gloom » plante par anticipation le décor à venir. Avec un ou deux titres plus longs que la moyenne, mais pas plus inventifs (« Deathbed Confession »), et un final qui accentue encore plus le malaise ambiant de son avancée plombée par la résignation (« Burial Secrecy »), ce quatrième album pose des jalons déjà plantés depuis longtemps, mais assure l’héritage sans prise de risques.
Les fans d’un Death des nineties seront aux démons en écoutant cette réalisation, mais il lui manque ce grain de folie qui fait les très bons albums. On attend en vain une explosion, ou un quelconque évènement susceptible de nous tirer de cette torpeur macabre, mais cet évènement ne vient jamais, comme un vent dans le brouillard enneigé qui ne se dissipe pas. La sensation pourra paraître agréable à certains, elle n’en restera pas moins frustrante pour la majorité.
Titres de l’album :
01. Into The Arctic Gloom
02. Shrouded Vision Of Afterlife
03. Inside The Pyre Of Enlightenment
04. Under The Malicious Moon
05. Lifeless Profoundity
06. Deathbed Confession
07. Wrapped In Lamentation
08. Dark Womb Of Nothingness
09. Burial Secrecy
Trèèès surpris par ce nouvel album et hélas, j'en arrive à la même conclusion.
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