Sortir un album instrumental n’est déjà pas chose aisée. Sortir un album instrumental en se basant sur l’un des styles les plus redondants de l’extrême l’est encore moins. C’est pourtant le pari que ce sont lancé les anglais de TELEPATHY depuis 2011, et qu’ils ont relevé sur deux premiers longue-durée. Difficile en effet de capter l’attention du public et de la conserver lorsqu’on pratique une sorte de Post Sludge, le genre supportant parfaitement les longues digressions musicales, mais se dispensant assez mal d’un chant hurlé ou plaintif. Des plaintes justement, les quatre originaires de Colchester en ont rarement eu suite à la parution de 12 Areas en 2014 et Tempest en 2017, et gageons qu’ils n’en recevront pas plus après l’écoute de Burn Embrace, qui s’il reprend peu ou prou les mêmes recettes que ses deux aînés propose quelques idées sinon fraîches, du moins notables. Il faut dire que le style pratiqué par les quatre musiciens (Piotr Turek - guitare, Albert Turek - batterie, Richard Powley - guitare et Teddy - James Driscoll - basse) est pluriel, et ne se contente pas de retravailler les figures imposées du Sludge sans essayer d’en détourner les codes. On retrouve donc dans la musique des anglais des traces de Post (Hardcore, Sludge, Rock), du Doom évidemment, quelques marques fugaces de Black et Post Black soit la quintessence d’une scène extrême qui tolère très bien de nos jours la diversité. Diversité est justement le mot clé, les albums de ce type répétant souvent la même recette pendant plus de trois quarts d’heure, et si Burn Embrace n’échappe pas totalement à la règle, il contient suffisamment d’idées pour se démarquer et se justifier. Et c’est tant mieux, parce qu’avec des morceaux qui dépassent souvent les six, sept et huit minutes, mieux vaut ne pas en manquer, mais là réside la philosophie globale du groupe. Prendre un thème, le faire dériver, le faire entrer dans d’autres moules en le confrontant à des styles extérieurs, pour mieux revenir vers lui et offrir une boucle intelligemment bouclée.
On constate ce fait dès « Eternal Silence » qui après une longue mise en place présente les éléments de façon exhaustive. Emphase immédiate et lourde, gravité de ton, guitare tournoyante d’un côté pour assumer les tendances Post, guitare sombre aux riffs plaqués de l’autre pour l’affiliation Doom et Sludge, rythmique en procession, et lorsque le schéma est planté, ne reste plus aux musiciens qu’à broder dessus, en nous assénant quelques blasts sortis de nulle part, des notes égrenées avec peine et instaurer un climat général de tristesse et de mélancolie, à la PARADISE LOST des débuts. On sent évidemment l’influence de ces derniers, mais celle aussi de MY DYING BRIDE, de NEUROSIS, d’ISIS, et tous ceux utilisant la redondance et les répétitions en hypnose pour happer l’auditeur dans leur vortex. C’est très bien agencé, les plans se succèdent en maintenant la pression, les mélodies, rachitiques servent de transition, mais les changements sont bien réels et la progression concrète. Il ne s’agit donc pas de tester notre patience en attendant que nos nerfs craquent, mais bien de proposer une sorte de Post Sludge Progressif qui refuse la facilité. Certes, il vaut mieux avoir les oreilles rompues à l’exercice de la lourdeur et de la puissance pour apprécier un tel album, mais même les réfractaires à la cause pourraient y trouver leur compte, spécialement s’ils ne refusent pas un brin de fantaisie. C’est en tout cas ce que semble indiquer « Aonaran » qui ouvre des perspectives avec sa batterie versatile qui sort des accélérations fulgurantes de ses toms. Le contexte est celui d’une B.O imaginaire, avec ces ambiances poisseuses qui se complètent et se déforment, l’ensemble est gothique dans le fond mais moderne dans la forme, et la mise en place parfaite, au millimètre.
Il est toujours compliqué d’exprimer la façon dont la musique vous touche, et d’autant plus lorsque celle-ci revêt un caractère particulier. Le Sludge des anglais n’en est pas vraiment un, plutôt un Post Doom léger dans l’instrumentation, ou tout simplement une forme de Post Rock très personnel, sous références, mais affranchi d’influences trop marquantes. C’est à cause de cela que le groupe peut se permettre de lever le pied sans trahir la cause, et d’oser les arpèges en son clair, dans un contexte moins confiné. « Black Earth » évoquerait presque un Metal Progressif technique et léché, si cette grosse basse à la NEUROSIS ne venait pas combler les vides, imposant un regain de puissance de sa gravité. Il est certain que l’absence de chant frustre parfois, inutile de le nier. On se plaît souvent à imaginer comment tel ou tel morceau aurait pu sonner avec une partie vocale adaptée, mais cette frustration ne dure jamais longtemps, et résulte plus d’un processus de curiosité que d’un manque. D’ailleurs, pour contourner ce problème, TELEPATHY propose à intervalles réguliers des morceaux plus courts, comme « Pariah » qui parfois ressemble à s’y méprendre à un instrumental du METALLICA de la grande époque. Et pour être totalement honnête, avouons que certains plans se retrouvent d’un morceau à l’autre, le parti pris de lourdeur y étant pour beaucoup. Mais ces similitudes ne sont pas un handicap loin de là, conférant à l’album une sorte de logique concentrique, et transformant des redites en gimmicks, pour renforcer l’esprit global de cohésion. D’autant qu’Albert Turek, fin percussionniste fait tout ce qu’il peut pour insuffler aux chansons un esprit personnel, multipliant le jeu sur les toms, les blasts inopinés, les cassures soudaines et autres fills incongrus. On supporte donc très bien le timing, et « The Void In Aimless Flight » incarne même une acmé tout à fait crédible pour un album qui ne supporte que très mal la moyenne ou la raison.
Si les amateurs de Sludge regretteront l’absence de chant, si les maniaques du Doom déploreront les concessions mélodiques et les déviances de vitesse, les amoureux d’une musique riche et plurielle trouveront leur compte, tant Burn Embrace échappe avec facilité à toute catégorisation. TELEPATHY nous réserve même une sortie incantatoire et superbe avec le magnifique et fragile « Burn Embrace », spectral et pur, qui achève de conférer à ce troisième album une aura mystique en forme d’initiation à l’absolu. De l’instrumental de qualité qui n’a pas laissé le mental dans son flight-case.
Titres de l’album :
01. Eternal Silence
02. Aonaran
03. Black Earth
04. Pariah
05. The Void In Aimless Flight
06. Sorrow Surrenders Its Crown
07. Burn Embrace
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