ANTI ANTI ANTI, moi je veux bien, mais anti quoi ? Antifa? Antiquaire? Antigone? Faudrait voir à être plus précis les gars, parce que ça reste vague tout ça. Bref, nous en venant de Germanie, comme l’a chanté Michel Sardou, le quatuor susnommé nous propose son premier album, après avoir jeté à la face d’un monde médusé un premier EP en 2019, sobrement éponyme et terriblement bref. Mais on pouvait y juger sur pièce des qualités d’un groupe déjà bien affûté, et prêt à affronter tous les cadors de la scène vintage Thrash européenne. Mais alors, pourquoi revendiquer des influences US, alors même que l’on joue de la musique dans l’autre pays du faux mage ? Le règne allemand sur la brutalité dans les années 80 était clairement partagé avec les Etats-Unis, mais il semblerait qu’aujourd’hui les frontières se brouillent pour que les deux pays fusionnent leurs références. C’est en tout cas ce qu’on retire de la musique gravée numériquement sur ce Burn Everything, qui en effet à des allures de napalm balancé d’un bombardier. Tout cramer, c’est la solution à la Léodagan, mais malgré son leitmotiv, ANTI ANTI ANTI est tout sauf une petite assemblée de gentils crétins qui prétendent tout raser pour mieux reconstruire. Formé en 2018, ce quatuor rassemblant Steff (chant), Alex (batterie), Lars (basse) et Thorsten (guitare) se revendique de deux idoles majeures, ANTHRAX et EXODUS, comme tous les musiciens se réclamant d’un Crossover assumé. Et s’il est certain que les deux groupes US trouvent bonne place dans le catalogue des icônes des allemands, ils ne dominent pas pour autant tous les débats, puisqu’on trouve aussi des traces patentes de D.R.I, de WEHRMACHT, de NUCLEAR ASSAULT et autres TOXIC HOLOCAUST. De quoi passer un bon moment.
Et ce bon moment est animé par des trublions de l’extrême élastique qui connaissent leurs classiques, et qui récitent leurs leçons avec une grande application. Les ANTI ANTI ANTI prouvent qu’on peut redoubler, foutre le bordel, mais rester sérieux parfois pour choper une note correcte, et les quatre potes au sourire vite dégainé nous proposent donc une belle collection de morceaux courts et percutants qui ne dépassent que très rarement les trois minutes. Un timing plutôt Core, pour une musique totalement métallique, ce qui n’empêche pas ces originaires de Cologne de savoir occuper le terrain lorsqu’ils le souhaitent. Ainsi, le long (enfin, tout est relatif) « Alpha & Omega » rappelle méchamment la rencontre impossible entre les DEATH ANGEL et les CRO-MAGS, et démontre qu’avec un peu plus d’espace, les quatre instrumentistes/compositeurs savent se montrer volubiles. D’une vitesse maîtrisée, ce premier album qui reste savamment sous la barre de la demi-heure se savoure chaud, voire bouillant, et avec une folie légèrement Punk en contrepoint, le quatuor parvient à signer un premier chapitre de carrière étonnant et détonnant, et aussi crédible que certains albums majeurs de groupes confirmés.
Entrain, saine rage et ramage accordé au plumage, la recette des allemands est sobre, mais méchamment efficace. Et si d’aventure « Full Speed Ahead » vous paraissait un peu timide au regard de son titre, ne vous inquiétez pas, le reste du répertoire lâche largement les watts et les BPM. Thorsten assure comme un bro de Venice avec ses riffs francs et véloces, alors que la frappe assurée d’Alex s’accorde admirablement bien de la rondeur de la basse de son collègue Lars. Mais ajoutez en sus le chant complètement cogné de Steff, qui doit admirer depuis longtemps les hurlements de sorcière de Paul Baloff et Robert Gonnella, et vous obtenez au final un cocktail assez intéressant entre EXODUS et ASSASSIN, même si les ANTI ANTI ANTI n’atteignent que très rarement l’intensité de ces derniers. Cela dit, lorsqu’ils veulent pousser la vitesse au maximum, rien ne les en empêche, et ça nous donne de petits brûlots Thrashcore comme ce teigneux « Join the Slaver's Trade » qui dérate comme un lapin dans les phares d’une BMW.
Une ambiance joviale donc, qui ne considère la violence que sous son aspect le plus euphorique et contagieux, et une sacrée leçon de savoir-faire Thrash, fluide comme la farine Francine. A l’image des contemporains de MUNICIPAL WASTE et de TOXIC HOLOCAUST, ANTI ANTI ANTI refuse de se prendre trop au sérieux, et se la joue Hardcore versant Metal, sans trahir l’un ou l’autre des deux camps. C’est toujours preste, agreste même, et l’atmosphère est propice au slam et au skate, même si tanguer sur une planche à ce rythme peut s‘avérer dangereux pour les genoux et les mollets. On déguste bien frappées des tranches de vie rapides comme « Master Fight », mais on aime aussi la grosse basse roulée de « The Hard Way », qui rappelle un peu les échos du NYHC. On aime aussi ces quelques allusions éparses aux nineties de PANTERA dans les effluves les plus groove, et à contrario des ancêtres de SODOM, DESTRUCTION ou ACCUSER, les ANTI ANTI ANTI ne manquent jamais de jus, à tel point que la dernière partie de l’album est la plus intense de l’ensemble. Alors on pogote sévère sur l’air endiablé de « Pull the Trigger » qui accélère sans prévenir et fait voler les étiquettes de caleçon, et on moshe médium sur l’hymne final absolu « Anti Anti Anti », qui de son up tempo de crapaud nous cogne les couilles quand on saute. On réfléchit même TANKARD à ce moment précis puisque la voix de Steff rappelle joyeusement les intonations de notre cher Gerre.
Tiens, on pourrait même envisager les truands comme les héritiers légitimes du triptyque EXODUS, TANKARD et TOXIC HOLOCAUST, puisque la formule semble juste et me plaît. Et puis de toute façon, ces quatre crétins l’affirment haut et fort, « We Are Sublime », et ils ne sont pas loin d’avoir raison de ne pas avoir tort. Et comme le tort tue, autant rester en vie pour admirer les tortues, et comme cette phrase ne veut strictement rien dire, je vous incite fortement à vous déhancher le popotin au son de ce Burn Everything, qui ne brulera rien d’autre que votre déprime et quelques kilos en trop. ANTIdote, ANTIvol, et ANTIpapathique
Titres de l’album:
01. Full Speed Ahead
02. We Are Sublime
03. The Cure becomes the Poison
04. The Eyes of the Lambs
05. Psycho A Go-Go
06. Alpha & Omega
07. Impulse Control
08. Mob Laws
09. Join the Slaver's Trade
10. Master Fight
11. The Hard Way
12. Pull the Trigger
13. Anti Anti Anti
Antifa caca
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30