Un petit tour dans l’underground et puis revient. C’est un peu mon leitmotiv de tous les jours, à tel point qu’en fait, j’en reviens rarement. Mais les sous-couches, loin des produits manufacturés par les gros labels indépendants sont si riches et épaisses qu’on y trouve toujours matière à digresser…
Non que les combos signés sur de solides structures n’aient rien à offrir, mais souvent, la richesse se mérite et demande des efforts, une pelle, un pinceau d’archéologue pour déterrer des fragments d’histoire. Tiens, ce matin, mes fouilles m’ont emmené du côté d’Uxbridge, Ontario, pour y retrouver les ossements encore frais d’un trio, qui laissera sa marque dans l’histoire pour n’avoir pas su choisir un créneau franc et évident.
Et à l’écoute de ce premier album, je me demande encore ce que j’ai bien pu écouter.
Parfois, la question reste en suspens et la réponse devient indifférence, mais de temps à autres, elle flotte dans l’air comme une humeur qu’on aimerait bien figer.
Alors, qui sont donc ces trois olibrius qui n’ont pas rendu le travail de chroniqueur si facile que ça…Et bien…eux.
Eux, ce sont les LIGHTBRINGER, trois canadiens qui se sont réunis il y a quelques années pour nous offrir un point de vue différent sur bon nombre de courants musicaux qu’ils malaxent en un tout assez compact, mais très libre de ses recettes.
Reilly Higgins (basse), Luke Geddes (chant) et Matthew Grosz (tout le reste) ont donc déjà posé les bases d’un style très personnel sur un premier EP paru en juillet 2015, As Far As It Goes, au titre qui en disait long sur leurs intentions, et ont donc concentré leurs efforts pour parvenir à un résultat longue durée sur cet introductif (ou presque) Burn Me Alive, qui risque en effet de vous consumer jusqu’à votre dernier morceau de cartilage.
Si le trio use de mots clés sur son Bandcamp pour essayer de nous délimiter un peu leur champ d’action (Black Metal, Death Metal, Groove, Hardcore, enfin, tout ce qui passe à leur portée de lexique), leur crossover assez étrange et parfois complètement hermétique ne nous donne pas vraiment d’indication sur leurs influences, qu’ils balaient d’un revers de « colère, fête et Satan », assez ludique et laconique.
Mais bon, en écoutant une ou plusieurs fois ce premier LP, il est quand même possible de savoir où vont plus ou moins ces canadiens, et les rapprocher même parfois d’un PUNGENT STENCH ou d’un DISHARMONIC ORCHESTRA, sans toutefois atteindre leur haut degré d’expérimentation occulte.
Si le ton général est en effet suffisamment malsain pour qu’on raccroche leur wagon à la locomotive Death/Black, certains arrangements abscons, des lignes vocales bizarres, des breaks qui ne le sont pas moins nous empêchent d’être catégorique, et de les affilier à une mouvance claire. En définitive, les LIGHTBRINGER font du LIGHTBRINGER, et c’est très bien comme ça. Avec un homme à tout faire (Matthew Grosz) qui se charge du plus gros des structures, des participations externes qui apportent leur eau croupie au moulin chancelant (la très jolie Cheyenne Mcnenly qui vient poser quelques voix, sans que je puisse vous éclairer sur son identité), et des compositions qui semblent faire la part belle à une inspiration épidermique du moment, ce Burn Me Alive reste une énigme totale qu’il convient d’apprécier à sa juste valeur analogique underground affirmée.
C’est évidemment cruel et violent, mais avec une production sourde et faite maison par Jake Ballah (là non plus, pas plus d’éléments à vous fournir), ces sept titres semblent se mouvoir d’une énergie apathique qui pourrait s’apparenter à une nostalgie des premières démos de Death métal de la fin des années 80, à des années lumières de la rigueur catatonique de la scène canadienne BM actuelle. On pense même parfois à une version encore plus obscure d’AUTOPSY (« Tuesdays With Molly »), mais pour être honnête, les nombreux changements d’humeur et d’envie ne nous aiguillent pas vraiment sur une voie claire, qui a plutôt tendance à sinuer et à nous perdre sur des rails qu’on pressent en forme d’impasse.
Mais ce morceau, aussi presque « évident » soit-il, est le tout petit arbre qui cache l’énorme forêt touffue. Cette forêt, nous la découvrons par petites touches et à petits pas sur la première moitié de l’album, et elle se découvre avec pudeur et fausses indications, comme le démontre le très expérimental « Deadwood ». Gros pavé de ce premier album qui se laisse traîner sur plus de sept minutes, et qui alterne les arpèges mélancoliques et les poussées de colère retenues typiquement Black/Death, cette digression fait partie des choses étranges que le trio canadien peut vous proposer, et qu’il vous revient d’aimer ou pas.
Mais ce côté terriblement amateur et/ou personnel a ce charme suranné des réalisations qu’on ne parvient pas vraiment à situer, pensant au gré des notes à une version très primitive d’OPETH, à un brouillon de DEATHSPELL OMEGA, le tout agrémenté et cassé par des interventions de chant féminin (les fameuses implications de Cheyenne Mcnenly) qui tombent comme un réveil sur un rêve biscornu, avant que des hurlements à la BURZUM ne nous ramènent à une réalité pas forcément plus concrète.
Les LIGHTBRINGER ne sont pas pour autant de vilains conspirateurs qui se vautrent dans la fange de la longueur histoire de bien nous noyer, et savent parfois jouer de brièveté, sans pour autant nous montrer un visage aux contours plus clairs.
Ainsi, « End Piece » et ses trois minutes multiplie les harmoniques sifflées, et drape son décor d’un linceul troué, rapiécé de passages purement Death et de coutures BM en surfilage.
L’intro brève de « Double Leaning Jowler » s’amuse beaucoup de ses faux semblants, qui rapprocheraient même le groupe d’un Mathcore un peu gauche et pas forcément carré. Comme vous le voyez, l’ouverture est de mise, sauf qu’elle mène sur un univers encore moins compréhensible que le nôtre…
Cet univers est d’ailleurs mis une dernière fois en avant/arrière sur le final « 45PETERFRED », qui laisse une grosse basse non traitée se traîner le long d’un tempo un peu pataud, tandis que la guitare en épouse les thèmes, sombres, sourds, qui nous ramènent aux premières maquettes de la scène Death suédoise à éclore. Shunt, et final en forme de pied de nez, et c’est…fini.
L’underground permet donc de découvrir des choses…différentes. Et les LIGHTBRINGER prouvent avec Burn Me Alive qu’on peut toujours l’être, tout en jouant une musique qui se montre aussi séduisante qu’intrigante, à la croisée des chemins du BM, du Death et…d’autre chose.
Un album à part, qui sonne bon l’analogique et les caves humides. Mais un album que vous n’entendrez nulle part ailleurs.
Il va falloir mettre les mains dans la boue les enfants. Mais c’est bon pour la peau.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09