Dieu m'est témoin que depuis que j'ai découvert le Metal extrême dans les années 80, j'ai quasiment abandonné tout plaisir à l'écoute d'un pur album de Hard-Rock ou de Heavy-Metal. Qui plus est, en 2018, les plus grandes figures du genre s'amusent à faire tourner les poncifs comme Patrick Sebastien les serviettes, et comme les sardines, on commence à se sentir bien à l'étroit dans notre boîte de Metal. Enlevez aux cadors le droit d'utiliser des mots comme « Steel », « Metal », « Power » ou « Fire », et vous réduisez leur lexique de cinquante pour cent, la moitié restante revenant aux guitares qui nous recyclent des riffs qu'ACCEPT et SAXON trouvaient déjà éculés en 1983. Bref, ne jetons pas la pierre au style qui me l'a fait aimer, puisque autant l'admettre aussi, je cède à quelques petits plaisirs coupables de temps à autres, en confiant mes tympans à des groupes ne faisant pas forcément preuve d'audace...Mais lorsque ce genre de crise survient, je préfère m'orienter vers de petits groupes inconnus ou presque, qui jouent encore le Heavy comme si leur foi en dépendait, et redonnent au genre des lettres que noblesse que le dernier DORO a souillées de son emprunte lénifiante. Rendez-vous donc aujourd'hui en Colombie, l'un des exportateurs de Metal les plus productifs de ces dix dernières années, pour y rencontrer un quatuor proposant son premier album. C'est à Medellín que nous ferons la connaissance des THE PREACHER, qui malgré leur nom portent depuis leur création une charge virulente contre la religion, sans pour autant sombrer dans les affres du Blackened Thrash national ou du Black blasphématoire. Ici, l'athéisme prend la forme d'un Heavy Metal très investi, qui ne reconnaît d'autre Dieu que celui de la musique, et en tant que premier jet de bile à la face de Rome et ses représentants, Burn My Soul est tout à fait crédible et pourrait même faire les yeux doux à Satan.
Pas grand chose à dire à propos des colombiens, qui ne sont pas très diserts sur leur parcours. Fondé en 2014, THE PREACHER compte en ses rangs quatre musiciens (Jorge Grajales – batterie, Johan Clavijo –chant, Cesar Guerra – basse et Diego Garcia – guitares), n'a rien publié en quatre années d'existence, mais se réveille aujourd'hui pour nous narrer ses vues sur l'opium du peuple via un Hard-Rock teinté de Heavy certes méchamment daté, mais très organisé et frais comme une bière l'été. Ne croyez-pas que les colombiens se contentent du minimum pour provoquer l'ire des catholiques et tancer le pape dans sa papamobile et ses fondements les plus pieux (aucune métaphore salace dans ces mots...), puisqu'ils se permettent au travers des sept titres (le premier n'est qu'un instrumental d'intro) de passer en revue toutes les nuances du genre qui nous agite encore les jambes, taquinant du Speed modéré pour mieux séduire la mélodie, tout en gardant en tête qu'un bon morceau n'est rien sans un bon riff et un bon solo, mais pas que. Avec un chanteur au lyrisme flamboyant, et un guitariste qui n'a pas le médiator dans sa poche, le groupe navigue donc à vue entre toutes ses influences, qu'il daigne énumérer sur sa page Facebook. Nous retrouvons donc évidemment la tutelle des sempiternels SCORPIONS, DIO, SAXON, SAVATAGE, ARIA, UFO, MERCYFUL FATE, KINGDIAMOND, JUDAS PRIEST, IRON MAIDEN, KISS, BLACK SABBATH, AC/DC, LEDZEPPELIN, QUEEN, GRAND FUNK, URIAH HEEP, BUDGIE, que l'on pourrait compléter de quelques autres références, dont ANGRA, MANILLA ROAD, sans aller trop loin pour ne pas trop cadrer le terrain.
Du classique de chez classique comme vous le constatez, mais du classique assumé, et surtout, diablement bien joué. Les colombiens ont beau avoir une dent envers toute génuflexion inutile, ils ont porté allégeance à la cause Metal il y a bien longtemps, et en connaissent toutes les ficelles, usées ou non. C'est donc à un parfait résumé de l'empreinte 80's de notre musique préférée auquel nous sommes conviés, et si le banquet est plutôt riche artistiquement, il reste assez pauvre temporellement. Une petite demi-heure impartie pour faire leurs preuves, les quatre musiciens jouent l'économie, et c'est plutôt dommage car leur agressivité mâtinée de mélodies affirmées est plutôt séduisante, même s'ils s'ingénient souvent à reproduire les plans encore tièdes des héros d'antan. Si certains morceaux parviennent sans peine à convaincre de leur allant, d'autres par contre ont du mal à s'incruster dans la mémoire, et passent sans laisser de traces, encore un peu trop dépendants des perfusions de riffs du passé. Ainsi, alors que « Awakening » parvient sans peine à unir dans le même élan la fougue d'un SAVATAGE et le groove d'un MAIDEN, au clair de la lune de JUDAS PRIEST, « Dark Side » s'empêtre dans les plans champêtres et nous répète ad nauseam le même riff maigre surplombé de vocalises qui auraient mérité un tremplin un peu plus audacieux. C'est d'ailleurs lorsqu'ils cèdent au mixage Hard'n'Heavy que les colombiens se montrent les moins inspirés, l'entre-deux n'étant pas le domaine qui les montre sous leur meilleur jour. Ils savent pourtant trousser de jolis petits hymnes au passé, comme en témoigne avec panache « Burn My Soul », avec sa patte un peu sombre qui joue l'ambivalence à merveille et suggère quelques accointances avec le MERCYFUL FATE le moins ténébreux.
Et lorsque la variété s'invite au banquet, nous avons même droit à des Hard Blues torrides, comme ce suintant « Temptation », au parfum Doomy but Bluesy assez convaincant dans le genre union contre nature KING DIAMOND/WHITESNAKE. Niveau franchise Hard-Rock, « Let's Rock » saura vous faire trépider de son mid-tempo chaloupé par une guitare syncopée, et évoquera le souvenir délicieux des METAL CHURCH, tout autant que celui des MANILLA ROAD. En gros, une jolie encyclopédie du Metal qui semble revenir à la vie, pour un premier album ayant les qualités de ses défauts et les défauts de ses qualités. Enjoué sans tomber dans la mièvrerie Heavy, mais encore un peu trop timide pour fédérer l'ensemble des troupes, Burn My Soul n'embrasera peut-être pas votre âme, mais incrustera le nom de THE PREACHER sur votre coeur de Hard-rocker qui n'a pas oublié d'où et quand il vient. On exigera la prochaine fois un peu plus de culot, et un peu de recul par rapport aux idoles vénérées. Ce qui aura le don de rendre le tout encore moins catholique qu'il n'est.
Titres de l'album :
1.From Decadence to the Grave
2.Awakening
3.Burn My Soul
4.Temptation
5.Let's Rock
6.Dark Side
7.The Lord Falls Again
8.Fucking Preacher
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