Moi qui suis aussi éloigné de la chose que Fabien Onteniente du drame intimiste, je trouve que je passe beaucoup de mon temps dans les méandres d’un Heavy/Power Metal classique, alors même que le genre ne me sied guère d’ordinaire et me donne des tics…Vous savez, ces réflexes conditionnés qui me pousseraient presque à ouvrir une canette de bière avec les dents et à brandir mon point en hurlant plein d’allant alors même que tout le monde pleure un enterrement. Signe du diable, patches, et tout le toutim, enfin, je ne vous brosse pas le tableau complet, vous le connaissez aussi bien que le premier SAXON. Aucune condescendance dans cette introduction, même si quelques clichés à la vie dure s’y trouvent épinglés, puisque comme tant d’autres, j’ai commencé ma carrière de metalleux par quelques vinyles pas peureux, qui plaçaient le riff suprême au rang d’art majeur, sans se soucier aucunement de son originalité. Mais depuis quelques semaines, je me surprends à traiter du cas de combos ne gravitant pas dans ma sphère, et le pire est sans doute de constater qu’ils ont les arguments pour me plaire. Retournement de veste ? Que nenni, plutôt une ouverture d’esprit, et un désir d’alimenter les colonnes de votre webzine favori d’un peu d’exotisme qui en semblait banni. C’est ainsi que je me retrouve ce matin à disserter du cas hautement corrosif et intéressant des suédois de PORTRAIT, qui traînent leur chant lyrique sur les routes depuis 2005, et qui ont déjà un bon paquet d’albums enflammés à leur actif.
Si le groupe ne vous est pas inconnu, vous connaissez donc le grief majeur formulé à leur encontre. Les esprits chagrins depuis sept ans les affublent du sobriquet assez peu reluisant de « MERCYFUL FATE du pauvre », tant il est certain que le Heavy mystique et pompier du quintette (Per Lengstedt – chant, Anders Persson – batterie, Christian Lindell – guitare, David Olofsson – guitare et Cab Castervall – basse) s’abreuve à la source intarissable et inimitable de vinyles d’exception comme Melissa ou Don’t Break The Oath, sans vraiment y prêter attention. Mais peut-on en vouloir à un groupe d’admirer à ce point l’un de nos groupes les plus malins ? C’est à peu près aussi pertinent que de reprocher à LIZZY BORDEN de faire une fixette sur IRON MAIDEN, ou à BARONESS de plagier ST VITUS et BLACK SABBATH. Et une fois ce travers fictif évacué, il convient de se concentrer sur une musique certes loin d’être unique, mais haute en ténèbres et en flammes d’un enfer qui n’a jamais peur de laisser ses flammèches vous chatouiller les pieds. Et puis, quitte à copier, autant y aller carrément, ce que font ces suédois depuis pas mal de temps, du moins jusqu’à leur album charnière Crossroads qui semblait indiquer un léger changement de ton. Ce changement de ton est tout aussi palpable sur ce quatrième LP Burn The World, qui risque d’incendier les chaumières mal informées du caractère non ignifugé d’une musique qui n’hésite jamais à pousser les débordements jusqu’à leur limite, et qui multiplie les rythmiques percussives et les riffs persuasifs. Mais à quelle sauce barbecue cette nouvelle étincelle allait-elle nous cramer ? Justement, une préparation hybride qui comme d’habitude fait le lien entre le présent et le passé, et qui assume ses influences tout en ouvrant de nouvelles pistes que nous suivrons entêtés.
Niveau production, on retrouve les sons bombastic qui nous ont toujours fait craquer, et qui enrobent à merveille des compositions toujours aussi incandescentes. Ici, le minimalisme et l’approximation ne font pas loi, et la console suit les ondulations de morceaux toujours aussi emphatiques et démonstratifs, qui toutefois osent parfois s’éloigner des sentiers battus sans renoncer à leur opulence ténue. L’orientation artistique n’a pas forcément changé de trajectoire, même si Burn The World semble cacher ses idées les plus osées et ambitieuses en seconde partie de soirée.
Ainsi, après l’intro de rigueur « Saturn Return », aussi spatiale que venteuse, « Burn The World » déboule d’un mid tempo puissant pour rappeler à notre palpitant que les suédois ne sont pas nés pour le ménager. Et la soudaine accélération débordant de blasts modérés est bien là pour démontrer que PORTRAIT brosse toujours celui d’un Heavy vraiment torride, aux confins d’un Power Speed débridé, et truffé d’arrangements malins et de chœurs d’airain. Entrée en matière qui ne laisse aucune place au questionnement et aux doutes, et qui emporte notre adhésion d’une bourrasque Heavy Speed qui évidemment, paie toujours son tribut à KING DIAMOND et ses anciens comparses. La voix de Per Lengstedt, toujours aussi aigue et perçante nous entraine aussi au gré de guitares sombres sur la piste d’un SANCTUARY déchaîné, ce qui achève de compléter un tableau déjà bien rempli. Mais l’enthousiasme prime ici sur l’originalité, ce que confirme sans ambages « Likfassna » qui nous terrasse de ses plans enchevêtrés, et qui ose juxtaposer des courants contraires en un même flot d’idées.
Il faut attendre « Martyrs » pour sentir l’ambiance se calmer, au son d’un thème purement Heavy Metal du passé, qui tente le coup d’un lick éprouvé pour mieux nous guider sur la piste épique d’un morceau un peu plus atypique, et sublimé d’une jolie mélodie épurée. A l’aise dans ce registre plus médium, PORTRAIT se regarde dans le miroir du présent, sans pour autant oublier ses traits pas encore effacés, sous la forme de ridules FATE qui décidément ne seront jamais gommées. Mais préférons parler d’hommage plutôt que de plagiat, puisque Burn The World propose encore un travail admirablement bien fait, qui contentera tout autant les fans contemporains d’un Power efficace et serein, que les acharnés d’un Heavy occulte qui n’ont rien oublié de leur jeunesse danoise regrettée. Délicatesse oblige, le doux instrumental « Further She Rode » suggère quelques amitiés SABBAT avouées, tandis que « To Die For » renoue avec la tradition d’un Speed explosif qui nous laisse les oreilles sevrées et les poings serrés, de son refrain hautement accrocheur et de ses chœurs vengeurs. Il faut donc attendre le final conclusif « Pure Of Heart » pour refermer la porte de ce nouveau chapitre écrit dans le feu et la rage pour comprendre que ce quatrième effort se hisse à la hauteur de la légende, grâce à une construction en gigogne très maligne qui ménage le riff et le break fou, les lignes vocales mystiques et les pauses en remous. Les suédois sont donc toujours maîtres sur leur terrain, que peu arpentent avec autant de brio il faut l’avouer…
Un excellent cru venu de Scandinavie, qui confirme tout le bien que l’on pensait de ce groupe à part, qui singe avec classe les accents les plus occultes du FATE le plus ancien, sans pour autant synthétiser leur ADN sans aucun soin. Un disque produit à l’excès, pour une musique qui rejette toute forme de modération, et qui s’envole vers des mondes étranges, où cohabitent des harmonies évanescentes et de brutales attaques de guitares indécentes. On peut trouver ça excessif, mais tout le monde s’accordera au moins pour reconnaître à Burn The World une totale allégeance au Metal le plus en transe. Ne restent que des cendres, et la joie d’avoir passé trois quarts d’heure de folie.
Titres de l'album:
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