Quatrième album pour les madrilènes de RANCOR, et une certitude : leur foi envers un Thrash de tradition est toujours intacte et aussi ardente qu’à leurs débuts. Fidèles à un espacement de plusieurs années entre chaque sortie, les cinq musiciens (Ricardo de Porras & Vasco Durán - guitares, Dani López - chant, Jorge Serrano - basse et Jorge Sáez - batterie) nous ont donc fait patienter cinq ans depuis leur dernier essai, ce fabuleux Evilization paru en 2017. Passé depuis chez les exigeants Xtreem Music, le groupe se devait de garder les boulons bien serrés, et continuer leur travail de sape ayant débuté en 1998.
RANCOR est l’un des fers de lance du mouvement old-school ibère. L’un de ses représentants les plus fiables, violents, techniques et efficaces, et ce Bury the World vient à point nommé asseoir leur position sur le marché Thrash espagnol. Evidemment, qui dit old-school dit emprunts multiples, références additionnées, et CV marqué par l’apprentissage des grands de légende, qu’ils viennent de la Bay-Area ou de la Ruhr. Et dès « Berserk », qui mérite bien son appellation, la machine est lancée à plein régime, chargée en charbon EXODUS pour jouer avec les limitations de vitesse ferroviaires.
X-Treem Music semble totalement satisfait de ce partenariat, et cite même quelques influences possibles. Ainsi, le label n’hésite pas à employer des comparaisons flatteuses, en nommant VIO-LENCE, OVERKILL, SLAYER, METALLICA, TESTAMENT, ANNIHILATOR, et le son de la Bay-Area de façon plus générale. La vérité des faits se trouve quelque part entre ces points de repère, mais il est certain que RANCOR évoque une sorte d’enfant légitime né des ébats furieux entre EXODUS et ANIHILATOR, ce que les plans techniques succédant à des astuces de vitesse franches et fluides confirment relativement tôt.
Mais la vraie qualité de ce groupe décidément à part, est sa capacité de composition. Les titres présents sur ce quatrième tome sont tous des cas d’école à suivre, tant ils ont l’envergure de véritables chansons, et non de simples prétextes en riffs déjà mâchés. Du coup, beaucoup de hits émergent du tracklisting, à commencer par l’hymne imparable « Bury the World », conscient écologiquement, et préparant la fin du monde la mine enragée. On prend acte de ces licks addictifs, de ce chant un peu écorché qui n’est pas sans rappeler Sean Killian et Zetro, et de cette rythmique à l’abattage impressionnant, et à la variété de frappe conséquente.
De fait, l’album passe très, très vite, étant déjà d’une durée fort raisonnable. Et sans avoir le recul nécessaire à un jugement objectif, il se pourrait bien que Bury the World se classe en tête des meilleurs albums du quintet. Formidablement bien agencé, constellé de petites trouvailles catchy (le mid tempo dansant de « Evil Subjugation », pour ne citer qu’un exemple), ce nouvel album a donc bénéficié d’une maturation de cinq années pour voir le jour complètement formé.
Alors, on se laisse séduire par ces courbes charnues et par cette violence diablement intelligente, qui relègue l’ancienne génération des cadors en fin de peloton. Loin des resucées pénibles de leurs idoles, les espagnols cherchent toujours l’idée qui leur permettra de renforcer un titre, se souvenant parfois d’OS fameux venus des Etats-Unis (le très LAAZ ROCKIT « Evade »), ou de mélodies employées abondamment par un Jeff Waters de ces dix dernières années (« Bad Angel »).
Et si la modération rythmique peut parfois frustrer, le manque de culot dans la montée des tours étant souvent agaçant, rien ne vient enrayer la bonne avancée de cet album, qui s’amuse beaucoup de sa propre inventivité au travers de morceaux au parfum Heavy/Thrash tenace (« Digital Criminal »). « Crushing Your Bones », en faux final laisse sur une plaisante impression de plénitude, avec ses duels de guitares aux cordes aiguisées, alors que le véritable épilogue « Rat Licker », blague Funkcore, pose un point final chaloupé/second degré à cette formidable aventure.
RANCOR signe encore une fois un longue-durée hautement recommandable, formel, mais inventif, traditionnel mais personnel. La mouvance vintage a donc encore des arguments à mettre en avant, et Bury the World est la preuve qu’il fallait pour faire un pied de nez aux réfractaires condamnant ces groupes reprenant à leur compte des recettes déjà abondamment employées par le passé.
Préférons donc un plaisir pas dupe à une rancœur tenace.
Titres de l’album :
01. Berserk
02. Bury the World
03. Daggers in the Chest
04. Evil Subjugation
05. Evade
06. Bad Angel
07. Digital Criminal
08. Hunting Humans
09. Crushing Your Bones
10. Rat Licker
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20