Si vous faites de la photographie, argentique s’entend, vous connaissez évidemment le principe de planche contact. Ce système de négatifs/positifs vous permet en un seul support d’avoir un visuel global de vos images, et de choisir les meilleures, pour tirage. C’est un principe simple, efficace et synthétique, qui vous évite d’avoir à feuilleter des tranches entières de vignettes en pellicule, pour mieux vous décider par la suite, et donc, un gain de temps non négligeable. Le premier album des québécois de GROUPE CONTACT fonctionne peu ou prou selon le même principe, et vous offre donc une dizaine de vignettes qui résument à merveille différents styles de musique, du Rock pur et dur au Hard Rock sur, en passant par la Pop, et tant d’autres extensions qui constituent l’ossature de cette musique depuis ses débuts. Et puis, dans GROUPE CONTACT, aussi lénifiante soit cette conclusion, nous trouvons deux mots, GROUPE, et CONTACT, ce qui résume à merveille la démarche de ses musiciens dont le but principal est d’établir une liaison avec le public pour aboutir à un partage des connaissances, et des passions. Nous touchons là à la philosophie primale de l’art en général, et autant dire que ces musiciens terriblement attachants sont proches des racines mêmes de cette doctrine. Ici, on n’est pas là pour se faire admirer, mais bien pour créer l’osmose, l’étincelle, et surtout, capitaliser sur un long parcours pour regarder vers l’avenir, main dans la main avec le public…Simple non ? Oui, trop peut-être, puisqu’on a tous tendance à l’oublier…
Premier album donc, et véritable bond des starting-blocks, alors même que ce groupe a déjà pas mal d’années de labeur au compteur. Il a été formé en effet dans les années 80 par Pascal Harvey (basse) et quelques acolytes, avant de trouver son incarnation définitive au tournant des siècles, pour s’étoffer depuis un bail de la présence talentueuse d’Anick Plouffe au chant, et de John Mc. Gragor et Michel Loranger, pour le reste du line-up. En tournant régulièrement dans leur région natale, et en mettant le feu aux bars et festivals du Québec et d’Ontario, le quatuor a affirmé sa personnalité et aiguisé son professionnalisme, au point de pouvoir aujourd’hui, après plus de trente ans de carrière proposer son premier album, qui fait preuve d’une fraicheur et d’une maturité incroyables. Difficile en effet de résister à ce passage en revue d’une versatilité musicale séduisante, qui pioche tout autant dans le répertoire classique national que dans les tendances en vogue aux USA et en Europe de ces trente dernières années. Pour autant, C'est un Depart n’a rien d’opportuniste, bien au contraire. Et ce qui frappe au prime abord, au-delà de la qualité intrinsèque de chansons faussement simples et réellement riches, c’est cet enthousiasme qui devient vite contagieux au fur et à mesure de l’écoute. La production étoffée permet d’atteindre un statut enviable en termes de crédibilité, mais elle a su garder cette crudité qui nous donne le sentiment de rencontrer le groupe sur scène, dans un bar du Québec un vendredi soir, pour un concert festif qui laissera un souvenir impérissable. Le feeling est très live, malgré des arrangements incontournables, qui ont su rester discrets pour ne pas empiéter sur le propos mélodique principal. Dès lors, les quarante minutes passées avec ces Canadiens passent vraiment très vite, un peu comme la première partie d’un spectacle qu’on aimerait beaucoup plus long.
Il faut dire que tout a été soigné ici. Car si les GROUPE CONTACT cherchent avant tout l’authenticité, la simplicité et l’honnêteté, ils n’en sont pas pour autant tombés dans le piège de l’anonymat artistique qui les condamnerait au statut éternel de cover band détourné sans identité. On trouve de tout sur ce premier LP, du Rock traditionnel flamboyant traité avec une emphase dramatique très 80’s, pour des morceaux à la puissance matinée d’émotion (« Le Combat », texte poignant sur déroulé de clavier symptomatique des 70’s pour une évolution sentimentale tout sauf surfaite), à la saillie Hard-Rock directe, mais explosive (« Adultère », qui permet de présenter Nanette Workman à Bryan Adams), en passant par la Country-Pop sautillante qu’un Charlebois aurait pu entonner avec Garth Brooks (« Brick a Brack »). Le quatuor est donc à l’aise dans tous les registres, qu’il manie à sa convenance, non pour faire passer un message (quoique certains textes ne sont pas exempts de thématiques d’importance), mais bien pour offrir à son public, et aux autres, de quoi se distraire intelligemment. Ce refus des barrières et du cloisonnement aurait pu s’avérer fatal si les instrumentistes s’étaient perdus sur la route de l’hésitation et de la tergiversation, mais leurs capacités et leur enthousiasme emportent l’adhésion, et permettent au projet de rester sur les bons rails, celui de la variété, et pas celle qu’on imagine à la télé à heure de grande écoute. Quoique certains de leurs morceaux mériteraient amplement une exposition populaire de masse, à l’image de cet introductif « Dégage », qui de son énorme riff s’impose en ouverture à dommages, collatéraux bien sûr. On pense à une jonction entre la scène canadienne Rock et son homologue australe, pour ce chaloupé de binaire droit dans ses bottes, incendié d’un chant vraiment investi, qui sort ses tripes et qui rock ‘til you drop..
Et lorsqu’Anick chante qu’elle « n’a plus envie de t’aimer », gageons qu’elle ne fait aucunement allusion à son public…
Ce public qui suit le groupe depuis si longtemps, et qui va, à n’en point douter, se jeter sur cet album qui respire l’authenticité, et qui mine de rien, se veut symbole d’une myriade de groupes évoluant dans un underground qu’ils ne méritent absolument pas. Il suffit d’écouter des morceaux aussi magnifiques que « SOS » pour envisager toutes les qualités de quatre artistes qui jouent de leur passion pour déclencher des émotions, processus basique qui pourtant se fait rare de nos jours. Alors non, vous ne trouverez rien de spectaculaire stricto sensu sur C'est un Depart, et c’est finalement ce qui le rend si unique. Par contre, vous allez écouter des morceaux carrés, énergiques, mélancoliques, subtilement ironiques et atypiques, qui se jouent du classicisme pour nous servir sur un plateau des mélodies simples, mais qu’on retient sans y faire attention (« C’est Un Départ »). En établissant une frontière fine entre Rock dur et mainstream, les GROUPE CONTACT ne refusent pas de choisir leur camp, mais s’affirment musiciens du monde, amoureux de leur métier. On termine même le passage en revue par un très électrique et instrumental « Second Chance of Life », qui démontre tout le potentiel du combo, sans verser dans la retape ou la démonstration. Presque Progressif dans l’optique, cet ultime titre ouvre des perspectives intéressantes, et achève de transformer ce premier album en carte de visite au lettrage fin et aux promesses de capacités concrètes.
Tout n’a bien sûr pas un rapport ténu avec notre musique de prédilection, mais j’espère vous savoir suffisamment ouvert d’esprit pour en apprécier les nuances. Les GROUPE CONTACT sont ouverts de cœur, et vous ouvrent le leur via une planche de vignettes musicales qui finalement, ne nous laisse d’autre choix que de toutes les choisir. Espérons pour eux que C’est Un Départ sera le bon. Mais si vous voulez mon avis, ils sont déjà arrivés à destination, en laissant une trace indélébile dans notre mémoire…
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09