Lorsqu’on évoque le nom de David REECE, un nom et un seul émerge immédiatement des lèvres des personnes interrogées, celui d’ACCEPT. On résume beaucoup trop souvent le parcours du chanteur américain à sa non moins fameuse participation au très controversé Eat the Heat, album sous-estimé et délibérément orienté US, alors même que cette anecdote ne couvre qu’une infime partie de la carrière du chanteur de l’Oklahoma. Il serait donc très injuste de relier systématiquement David à cette période relativement brève et faussement euphorique, surtout que depuis la fin des années 80, l’artiste n’a pas vraiment chômé question implications et productions. On retrouve son nom au casting de groupes comme BANGALORE CHOIR, SIRCLE OF SILENCE, et plus récemment BONFIRE et SAINTED SINNERS, et un simple coup d’œil à sa discographie suffit à comprendre que l’épisode ACCEPT n’était qu’une heureuse coïncidence le plaçant sous les feux des projecteurs. Outre tous ces groupes aux noms plus ou moins connus et aux albums aux divers rayonnements, REECE est aussi un nom déposé en tant que concept musical, puisque David fête aujourd’hui la sortie de son quatrième album solo, après Universal Language en 2009, Compromise en 2013 et Resilient Heart en 2018. Cacophony of Souls, loin d’être une surprise est donc une continuité, celle d’un travail ininterrompu depuis la fin des années 80, qui aura connu des hauts et des bas, mais qui aura eu le mérite de révéler l’essentiel : la passion d’un musicien pour un Hard-Rock sans fioritures, très proche de ses racines et en adéquation avec ses goûts personnels. Certes, le nom de David ne servira jamais aux historiens et aux musicologues pour défendre le culot ou l’avant-gardisme, on ne retrouvera jamais son patronyme dans les références aux œuvres les plus essentielles, mais sa dévotion envers un genre force le respect, d’autant plus que David n’a jamais produit un travail médiocre et encore moins passable.
Pour Cacophony of Souls, l’américain a travaillé avec un ex-UDO/SINNER, Andy Susemihl, et a réduit sa configuration de quintet en quatuor. On retrouve donc aux côtés de David et Andy la basse de Malte Frederik Burkert et Andrea Gianangeli à la batterie, pour douze nouveaux morceaux qui adoptent encore une fois la même ligne de conduite. Ignorer tout ce qui s’est passé en termes de Metal depuis les années 80, occulter le Grunge, le Néo, le Progressif, l’extrême, pour se concentrer sur l’essentiel, ce Rock qu’on jouait du côté de Berlin ou Los Angeles entre 87 et 89, soit l’âge d’or d’une musique que David n’a jamais pu oublier. Il faut dire que si David signe des albums solos sous son propre nom, c’est qu’il tient à affirmer son allégeance à une musique formelle et classique qu’il ressent de tout son corps, son cœur et son âme. Ses albums en solitaire ont cette continuité dans la stabilité que Cacophony of Souls ne vient aucunement contredire. Et si les morceaux sont parfois lourdement sous influence, il convient d’y voir un respect des artistes, et non un plagiat stupide et stérile d’avance. Ainsi, en écoutant le tonitruant déclencheur « Chasing The Sun », impossible de ne pas penser au SKIDROW de Slave to the Grind, tant les deux riffs sont similaires et les ambiances aussi surchauffées. Certes, David n’a ni le coffre ni la puissance de Sebastian Bach, mais son chant est toujours aussi convaincant dans sa gravité, et nous évite les envolées lyriques castratrices des chanteurs désirant à tout prix copier Kiske, Dickinson ou Halford. On trouve évidemment d’autres citations plus ou moins habiles sur cet album, du RAINBOW, du DIO, du JUDAS PRIEST, du ACCEPT évidemment, mais aussi des touches de PRIMAL FEAR, de MAIDEN, et de Hard californien, avec un surplus de délicatesse d’outre-Atlantique pour ne pas passer pour un simple macho.
On le sait depuis quelques années maintenant, on n’attend rien d’exceptionnel d’un album de REECE. Juste du bon Hard-Rock qui nous rappelle notre jeunesse, de bonnes chansons aux couplets rageurs et aux refrains fédérateurs, et c’est encore une fois ce que propose Cacophony of Souls. Loin d’une cacophonie des âmes, ce quatrième album sous sa seule bannière est une réussite flagrante de Rock classique, avec des tempi variés, des ambiances travaillées, et un éventail de sous-styles assez conséquent. Mais David l’affirme lui-même sur un tempo très JUDAS PRIEST, il est une « Metal Voice », et n’a pas peur d’assumer ses penchants formels. Alors, entre une collection de riffs efficaces lâchés par Andy Susemihl, une rythmique solide sinon inventive, et des thèmes classiques mais transcendés par cette voix investie et puissante, ce nouvel album est une nouvelle source de plaisir, qu’on se repasse lorsqu’on est en manque de Metal. Une fois encore, tous les titres sonnent comme des classiques, qu’ils soient agressifs et à la limite du Power Metal (« Blood On Our Hands », du JUDAS avec une pointe de PRETTY MAIDS), lourds et emphatique comme du DIO de la grande époque (« Judgement Day »), ou beaucoup plus aérés et à deux croches d’un Hard-FM burné (« Collective Answer »). David se permet de revisiter les années de sa jeunesse, et continue sa carrière en toute simplicité, nous réservant parfois des moments de pure émotion (« Another Life, Another Time », une ballade plus eighties qu’un néon bleu dans un clip de WINGER), sans jamais oublier que la lourdeur et la pression sont les meilleurs atouts d’un Metal non dilué (« Over And Over »).
Et alors que les groupes les plus connus se perdent dans ses considérations futiles et des redites embarrassantes, REECE joue l’humilité et la qualité, et soigne ses compos pour ne pas léser ses fans. C’est ainsi que les trois quarts d’heure passent très vite en sa compagnie, avec de subtils mélanges entre agressivité et douceur (« A Perfect World », qu’on imagine bien chanté par Jorn ou ECLIPSE), et des inserts puissants, aiguisés et symptomatiques d’un Hard 90’s (« Bleed »). Et c’est peut-être le final « No Disguise » qui représente l’aveu le plus explicite de cette réalisation, présentant le chanteur sans fard, sans astuce de production, juste lui-même, fidèle à sa passion. Un disque qui ne fera pas l’histoire mais qui en fait partie, de la part d’un artiste qui n’a jamais triché, et qui continue de nous faire plaisir sans prétendre être autre chose que ce qu’il est.
Titres de l’album :
01. Chasing The Sun
02. Blood On Our Hands
03. Judgement Day
04. Collective Answer
05. Cacophony Of Souls
06. Another Life, Another Time
07. Metal Voice
08. Over And Over
09. Back In The Days
10. A Perfect World
11. Bleed
12. No Disguise
Allez, mon top 3 français des années 90: Massacra - Signs of the Decline Mercyless - Abject OfferingsLoudblast - Sublime Dementia
23/04/2025, 08:42
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