Troisième chronique de la matinée, j’avais envie de m’amuser un peu, et quoi de plus drôle qu’un bon EP de Goregrind qui ne prend même pas la peine de sonner original ? Rien je vous l’accorde, et je suis allé chercher ce glaviot au Texas, chez Ryan Wilson, sorte de branleur lambada aux cheveux courts qui ne peut s’extasier que s’il multiplie les projets en solitaire. Jugez du peu, le gamin se répand en exactions au sein de ENDLESS DISEASE, EXCANTATION, HORDES OF THE MORNING STAR, INTESTINAL DISGORGE, LIQUID VISCERA, PNEUMA HAGION, PROFUNDUM, THE HOWLING VOID, NORMPETERSON, TETHERED/TO/A/DYING/ANIMAL, ANCIENT CRYPT, BLURRICANE, EXECUTIONER’S MASK, FESTERING WOUNDS, SERPENTINE TUNNELS, WORLD HATER, ABOSRANIE BOGOM,  et CARRION THRONE, autant de concepts bruitistes qui l’amusent beaucoup. Dans les faits, les one-man-band de Grind ou Goregrind ne sont pas les plus fascinants, et sombrent souvent dans la complaisance de la programmation facile sur fond de distorsion. Et avec un tracklisting de vingt-neuf morceaux pour à peine douze minutes de bruit, Ryan Wilson semblait faire partie intégrante des rangs les plus serrés et classiques de l’underground vomitif, sauf que le mec est un roublard, et ne s’est pas contenté de régurgitations plus ou moins marrantes sur fond de ballet d’asticots dans la gamelle.

Définissant son approche comme étant du Hyperblasting Pathological Noisegrind/Goregrind, l’homme pose les jalons, et finalement, se détache assez facilement de la masse des grossistes Noise. Cette musique, aussi lapidaire soit-elle possède une âme, un cachet, certes plutôt suppo dans le cul que cuillère de sirop à la pomme dans la gorge, mais sait rester un minimum musicale pour intriguer. Et en mettant de côté les lignes de chant totalement dégueulasses (mais quand même loin des pires ignominies du genre), on parvient même à discerner une certaine fascination pour le Mathcore, avec des textures instrumentales assez techniques et jouées à la vitesse de la lumière.  

Malin le Ryan ? Assez oui, mais surtout musicien précis et compositeur moins grossier que ce que cette pochette affreuse laisse paraître. Certes, mis à part le final « Traumatic Asphyxia », aucun morceau ne dépasse les quarante secondes, et tous ont tendance à se ressembler, mais après tout, c’est le Grind qui veut ça, et celui du texan est corsé et assez drôle. Les parties Crust, qui ne durent jamais très longtemps sont efficaces, et les riffs partent souvent en couille de solo qui ne laissent pas indifférent. Comme en sus la production est assez compétitive et intègre bien la programmation rythmique, on se laisse aller au délire, et on apprécie cette folie douce. Pas de quoi se relever la nuit pour pondre un dithyrambe de douze pages, mais de quoi satisfaire les maniaques du bruit qui apprécieront d’ailleurs la coda assourdissante de « Traumatic Asphyxia ». Pour un premier EP, le projet ISCHEMIC NECROSIS intrigue, et laisse à penser qu’il est capable de se frayer un chemin vers les cimes d’un genre qu’on peine à définir avec précision.

Sinon, pas d’inquiétude déplacée, ça pue du cul, ça joue ultravite, les riffs sont indiscernables, et le tout peut vous ranimer d’un hangover un peu trop salé de la veille. Mais pour terminer une matinée de chroniques un peu convenue, Cadaveric Liquefaction fait largement l’affaire, et laisse même des traces de pourriture dans les oreilles.

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