MAGICK TOUCH fait partie du renouveau de la scène norvégienne des années 2010, entre nostalgie et conscience des us et coutumes d’une époque, entre Rock et proto-Metal, Hard-Rock et Heavy Metal, loin des canons du style et plus proche d’une vision très personnelle. Depuis son premier album, le power-trio n’a cessé d’avancer en terre connue, pour finalement atteindre une acmé avec la sortie de son troisième album, Heads Have Got to Rock'n'Roll. Sorti en pleine pandémie, ce disque était l’apothéose de l’hédonisme musical d’un groupe très porté sur les mélodies et la légèreté, et j’y avais vu un avenir certain pour la frange nostalgique nordique. Mais en trois ans, le groupe a encore changé de visage pour adopter des expressions plus sombres et afficher des traits tirés.
Plus sombre, plus occulte, plus en phase avec cette ère catastrophique que nous traversons, Cakes & Coffins et son titre étrange (sans parler de cette pochette pour le moins absconse) nous tire donc vers le bas, dans les ténèbres, sans pour autant symboliser un quelconque renoncement. Pour faire simple, ce quatrième né fait un peu la tronche, mais ne tourne pas entièrement le dos à la lumière et l’espérance.
Nous avions l’habitude de chanter l’amour, mais ça ne pouvait pas fonctionner cette fois. Les textes parlent de famine, d’héroïne, de révolutions sanglantes et de l’ancienne Babylone, la musique devait donc se mettre au diapason.
Une description honnête pour parler d’une œuvre qui n’a pourtant rien de plombant ou de déprimant. Si les côtés les plus légers ont été atténués au profit d’une gravité de fond et de forme, l’entrain est toujours le moteur de la locomotive, même si les pelletées de charbon sont plus fournies et dégagent une fumée conséquente. Christer Ottesen (basse/chant), Bård Nordvik (batterie/chœurs) et HK Rein (guitare/chant) se proposent donc comme guides d’une époque troublée, conséquence d’un confinement qui a duré des mois et redistribué les cartes. Impossible aujourd’hui de nier cette réalité sociale et climatique catastrophique, et il convenait donc de porter haut le monochrome des humeurs changeantes et des craintes légitimes, en transformant le Hard n’Heavy sautillant en Heavy rétrograde et délicieusement assombri.
On prend la mesure de la transformation en encaissant le coup d’un « Babylon, Baby! », lourd et psychédélique à souhait, entre BLACK SABBATH, HAUNT et DATCHA MANDALA, un genre de Stoner qui n’en est pas et qui se rapproche de l’essence même du Rock n ’Roll des années 70/80.
Le nouveau répertoire est donc légèrement moins exubérant, mais le son est toujours aussi dément. Produit par le groupe et Per Borten au Sørgården Studio, Cakes & Coffins est épais, compact, mais aéré par des médiums bien équilibrés qui contrebalancent des graves proéminents. Le travail sur le chant est toujours remarquable, et le rendu optimal, pour confirmer l’assise conquise à la suite de Heads Have Got to Rock'n'Roll. Aucun doute à avoir donc sur la pertinence de la formule, et ce soudain assombrissement n’est en fait qu’emphase sur la voie de la maturation, et une étape nécessaire pour rester en prise avec son temps. Et ses convictions.
Et puis n’exagérons rien. Le Rock est toujours là, sous la même forme, avec le même entrain et la même énergie. Ainsi, « Guillotine Dreams » décapite les quelques doutes quant à la transformation définitive du groupe, avec son tempo enlevé et son refrain englué. Certes, le reste du tracklisting est largement moins enjoué, le groove est collant et le boogie lourd, et la NWOBHM toujours aussi importante sur la table des négociations (« Boots »).
Le plus important dans tout ça, est cette qualité constante entre chaque morceau mais aussi entre chaque sortie. Rétrograde mais allant de l’avant, capitalisant sur le passé tout en envisageant l’avenir, MAGICK TOUCH possède toujours cette touche magique capable de transformer un thème simple en hymne fédérateur. Ainsi, le très nuancé « Raven » propose une dérivation synthétique à la suédoise, et nous entraîne sur les traces d’eighties gentiment déprimées mais dansantes sur une piste fatiguée au public un peu blasé.
Les mélodies sont toujours aussi prenantes, l’amertume délicate en bouche, l’aspect rugueux et le glissement âpre. Mais l’envie, le son, l’énergie n’ont pas été sacrifiés sur l’autel de la névrose, ce que démontre avec beaucoup de poigne l’ouverture « Apollyon ». Caractéristique de ce que les peuples d’Europe du Nord peuvent proposer de plus personnel, ce titre est un tube très judicieusement placé aux avant-postes, et qui séduit immédiatement, comme une accolade entre amis proches après trois ans d’éloignement forcé.
Alors allez-y, et sans crainte en plus. Car Cakes & Coffins offre les gâteaux avant le cercueil, pour une dernière bâfrée avant l’apocalypse. Un goûter énorme, un repas complet, entre Heavy ancien et Hard malin, le tout strié d’éclairs de génie en harmonies magiques (« M.I.N.A. », tube complet et parfait, avec accès de puissance et montée de lait).
On suit donc la progression artistique et humaine de trois musiciens bien décidés à retranscrire les sentiments de leur temps, sans fard, sans tricherie ou duperie. Ici, la vérité est de mise, enrobée dans un contexte musical toujours assez coloré pour nous faire oublier la grisaille quotidienne. Rester lucide tout en s’évadant n’est pas combinaison incompatible, et c’est en tout cas ce que prouve MAGICK TOUCH en moins de trois quarts d’heure.
Lâcher prise, tout en gardant le contact. Une formule qui en vaut une autre.
Titres de l’album:
01. Apollyon
02. The Judas Cross
03. When Eating A Wolf
04. M.I.N.A.
05. Babylon, Baby!
06. Guillotine Dreams
07. Boots
08. Raven
09. Demons and Rust
10. World Coming Down
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