C’est pénible d’être un grand sentimental et de s’attacher à des parcelles de souvenirs de sa jeunesse. Tiens, je m’en émeus régulièrement au regard du traitement atroce que subit le Death Metal de mon enfance, que des cuistres avides de productions en plastique ont réduit à l’état lamentable de Deathcore imbuvable. J’en avais presque oublié à quel point l’un de mes styles de prédilection était dégueulasse, immonde, putride et nocif, à force d’engorger mes oreilles de double grosse caisse compressée comme les seins de Pamela Anderson à Cannes…Et les vautrés du vintage à outrance n’avait rien la plupart du temps comme argument pour me faire admettre que « l’avant » était forcément mieux que le « maintenant ». Alors, qu’en est-il réellement ? Doit-on faire le deuil d’un des styles extrêmes les plus nauséabonds jamais inventés, à force d’attendre que la nouvelle garde se souvienne de ses sonorités les plus profondément ancrées dans l’inconscient psychopathe collectif des origines ? Non, car heureusement pour nous, certains n’ont pas la mémoire courte, et ont la décence de se vautrer comme des porcs dans un lupanar gratuit dégoulinant de la dégénérescence d’un Death absolument ignoble et réminiscent des émanations primales de sa légende américaine. Ce qui tombe forcément bien, puisque les OSSUARIUM, ces fossoyeurs du jour sont aussi américains. De Portland, Orégon. Et qu’ils sortent leur première démo en format tape via les bons soins des chirurgiens suédois de Blood Harvest. Alors, l’est content le légiste qui commençait à trouver les autopsies un peu ternes de l’hémoglobine ?
Oui, d’autant plus que l’AUTOPSY, le seul, le vrai, celui de Chris, est largement honoré par les trois titres de ce Calcified Trophies of Violence, qui comme son nom l’indique est :
Pas de publicité mensongère donc, puisque ce quatuor (Daniel Kelley - guitare/vomi, Nate McCleary - Lead, Jeff Roman - basse et Ryan Koger - batterie) joue vraiment le Death le plus moribond que l’on puisse trouver sur le marché, de quoi rendre fous de rage les membres d’INCANTATION, médusés d’être relégués au simple rang d’utilisateurs de fréquences médium à peine dignes d’irriter modérément un chien pas forcément méchant. La gravité semble donc être l’obsession majeure de ces jeunes pourfendeurs de joie de vivre, qui n’ont pas oublié les enseignements résignés de CONVULSE ou CIANIDE, ni ceux de Severed Survival, qu’ils amplifient de leur désespoir et de leur instinct de mort prématuré. Ils sont bien vivants pourtant, mais accordés en la, et la mine triste et le nez coulant de morve Death bien épaisse, de celle qui s’échappe de cadavres encore frais et pas embaumés. Ici, le Metal est vraiment mortel, les guitares épaisses comme le chagrin d’une veuve éplorée, et la rythmique mouvante, mais toujours écrasante, dans un désir permanent de nous oppresser et de nous plonger dans les affres d’une déprime organisée. En seulement trois morceaux, les OSSUARIUM, prouvent qu’ils n’y a pas que Göteborg qui sait faire du chaos sa légende, et que les studios Sunlight ne sont pas la panacée, et surtout, qu’après tout, le mouvement est né aux Etats-Unis, et qu’il est toujours bon de le rappeler. En vomissant ses tripes par les narines par exemple.
Et l’ossuaire de ces dégénérés post-mortem n’a rien de la poésie de celui fièrement présenté par Francesco Dellamorte dans le film éponyme à sa belle Anna Falchi, mais ressemble plutôt à un bourbier maculé de boue de putréfaction, et d’os en décomposition, dans lequel il ne fait pas bon tremper le bout de ses pieds. Dès le bien nommé « Chapel Of Bones », le ton est donné, et l’ambiance plantée d’un gigantesque barnum collégial introductif, laissant s’échapper un des riffs les plus grotesques (dans le bon sens du terme) du circuit, qui nous met le moral à plat, et qui dévie nos instincts vers le bas, en visant une nécrophilie pas vraiment légale ni recommandable. Car écouter Calcified Trophies of Violence est plus qu’un plaisir, c’est une épreuve, un genre de rêve diurne qui voit des hordes de morts-vivants s’adonner à la luxure la plus infâme, et violer des sépultures pour s’abandonner aux joies d’un coït nécrophage sans arrière-pensée. On imagine très bien un vieil employé de cimetière municipal de Portland mater le spectacle d’un œil lubrique, en astiquant sa pelle par procuration, sans que personne ne trouve rien à redire. En toute logique, puisqu’à part lui, tout le monde est mort. Et entre des accélérations à la limite de la rupture, un son global absolument infâme et cryptique (architecturalement parlant), une voix qui adopte les intonations sentencieuses d’un héros de The Walking Dead en pleine crise de foie, et des guitares aux cordes si lâches qu’elles en pendent comme des viscères, le tableau est complet, et pas vraiment coloré, puisque même en version courte (« Deleterious Mutation »), l’atmosphère ne s’aère pas d’un soupçon d’air, et reste aussi suffocante de violence sourde.
En final homérique et apoplectique, « Abhorrent Travesty on the Human Shape » nous assomme de lourdeur et d’horreur, en privilégiant toujours les riffs les plus ténébreux, pour flirter avec les limites d’un Doom/Death à rendre les ENCOFFINATION verts de jalousie, mais sans pour autant tomber dans l’excès de la parodie, puisque toute cette affaire est à prendre avec le plus grand sérieux. Soli en rupture, cassures, le moule est pluriforme, et évite la redite, ce que le format court n’aurait pas supporté. Nous nous retrouvons donc en présence d’une excellente démo, qui aurait pu sortir à l’orée des années 90, pour amorcer une tournée en compagnie des grands disséqueurs d’AUTOPSY, en un package digne des plus grands blasphèmes de mort de l’histoire. A noter pour la bonne bouche qu’une édition en CD digipack est prévue plus en aval dans l’année, et qu’elle vous permettra de glisser cette infamie dans votre autoradio sans avoir à changer d’appareil. Et finalement, ça a du bon d’être sentimental lorsqu’on n’est pas seul à regretter le dernier coup de tocsin fatal. Alors merci aux OSSUARIUM de m’avoir rappelé que le Death le plus embrumé était digne de tous ces petits matins passés à chercher un ultime sens à l’existence. Et de ne pas le trouver.
Titres de l'album:
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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11/11/2024, 10:09