Aujourd’hui, il pleut, encore. Oui, je sais, cette rubrique n’est pas vraiment concernée par la météo, mais excusez l’auteur de ces lignes de se laisser guider par son moral, lui-même dicté par des conditions extérieures clémentes ou pas. Après tout, lorsque le soleil brille, on est plus enclin à se laisser porter par un Hard FM de qualité, un Thrash enjoué, ou même un Grind affolé, mais lorsque les grosses gouttes perlent aux fenêtres, humidifiant une atmosphère déjà bien chargée, on a tendance à fouiller les arcanes du net pour y dénicher l’album/BO de la journée.
Dont acte.
Le Danemark donc, et un quatuor qui ne verse pas au dossier de la joie ses pièces à conviction. Fondé en 2015, le quatuor KONVENT s’épanouit dans une sorte de Doom fortement imprégné de Death, à la manière des défricheurs des nineties, les dISEMBOWELMENT, INCANTATION, en poussant le vice encore plus loin, tout en acceptant d’être le prolongement des racines poussant dans les années 70. Une sorte de PRIMITIVE MAN envoyé dans le temps pour confronter BLACK SABBATH, un vice caché dans la foret, une inconnue dans une équation qu’on pensait résolue.
Le fait que KONVENT soit un groupe entièrement féminin n’est qu’un gimmick qui ne mérite pas qu’on s’y intéresse, puisque le genre n’a rien à voir là-dedans. Néanmoins, il est toujours étonnant de constater qu’une femme peut grogner encore plus macabre qu’un homme, et surtout, très plaisant pour les oreilles. Car ne le cachons pas, les hurlements cryptiques poussés par Rikke Emilie List ne sont rien moins qu’impressionnants, à la limite du 78 tours passé en 33, et cette vocaliste d’outre-tombe est au diapason de la bande-son proposée par ses collègues, lancinante, insistante, incantatoire et quelque part, hypnotique.
Après un premier album remarqué dans l’underground, ce Puritan Masochism qui semait déjà les graines de la discorde macabre, les KONVENT reviennent donc sur la référence Napalm Records avec ce Call Down The Sun, qui invite en effet le soleil à aller se coucher et faire de laids rêves. Le line-up du groupe, inchangé depuis 2017 (Heidi Withington Brink - basse, Sara Helena Nørregaard - guitare, Rikke Emilie List - chant et Julie Simonsen - batterie) possède donc cette cohésion indispensable à toute suite qui se veut à la hauteur, et les neuf morceaux de ce deuxième longue-durée, assez similaires dans les faits, agissent comme une litanie processionnelle, une sorte de réunion de congrégation étrange entre les ruines d’un ancien couvent dans lequel se seraient passées des choses assez effrayantes.
Du noir et blanc en musique, de la pluie persistante un matin d’hiver du côté de Copenhague, beaucoup de résignation quant au concept d’une « vie meilleure », et un Death/Doom de première bourre, épais comme du NEUROSIS ralenti et défraichi, moche comme du ENCOFFINATION légèrement grisé par un poison mortel, et en tout cas, lourd, sourd, et enrobé dans une production magique qui fait vibrer la basse et grésiller la guitare.
« In the Soot » est en quelque sorte le résumé d’une recette magique faite de lourdeur, de moiteur, de gravité constante et de rêves perdus. Cette distorsion venue du fond des temps, ce chant en dualité presque Black, ce rythme inamovible, font de ce titre le parangon de l’approche danoise en matière de brutalité aveugle et muette. « Pipe Dreams », le chapitre proposé en amuse-bouche n’a rien perdu de sa saveur, et ses percussions d’intro tribales nous entraînent sur un chemin dangereux, en mid tempo pataud, alourdi par des exhortations vocales à faire trembler Lee Dorian sur ses bases.
Reines de la misanthropie musicale, les KONVENT n’utilisent que de maigres variations pour ne pas perdre le fil conducteur de l’album, tout en proposant des digressions palpables. On en prend note sur le monstrueusement rétrograde « Fatamorgana », à faire cauchemarder SAINT VITUS un soir de Samain, mais aussi durant l’interlude noisy « Interlude », avec ses faux-airs de répète lo-fi captée sur le vif.
C’est évidemment la conclusion éléphantesque qui attire tous les tympans, mais « Harena » est plus qu’une simple clôture. C’est une déclaration d‘amour et de haine envers un genre qui ne supporte pas la demi-mesure, les gimmicks et autres poses faciles. En choisissant de parsemer quelques samples, en optant pour un faux-rythme roublard, les KONVENT s’offrent une sortie de route traumatique, de celles qui transforment la vie en passerelle vers la mort, quel que soit le chemin emprunté au départ.
Belle performance pour un jour de pluie, original soundtrack triste à mourir, de ceux qui vous font plonger sous la couette pour ne plus regarder la réalité blafarde en face.
Titres de l’album :
01. Into the Distance
02. Sand is King
03. In the Soot
04. Grains
05. Fatamorgana
06. Interlude
07. Never Rest
08. Pipe Dreams
09. Harena
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49