Résumer en à peine dix minutes les vicissitudes de l’existence et tous les tourments de l’adversité qu’un homme doit traverser durant sa vie est certainement une tâche de synthèse assez difficile en soi. C’est pourtant le pari que les CAZADOR de Columbia ont tenté de relever au travers de leur premier EP/LP Can I Leave ?
Partir, déjà ? Mais vous venez à peine d’arriver les gars, alors un peu de patience que le public puisse vous découvrir…
Après une première démo, The God Liquid Demo, publiée en janvier de cette même année, Brandon, Dustin et Jason nous proposent donc leurs vues sur un concept somme toute assez classique, pour une musique qui l’est beaucoup moins.
Leur Bandcamp nous expose les arguments de ce premier EP en termes simples, que je vous reproduis ici :
« Can I Leave ? est une collection de morceaux qui traitent de l’adversité que doit affronter n’importe quel être humain pendant sa vie. Il se concentre sur les échecs, toutes les formes de jugement que l’on doit affronter, avec ce sentiment que la vie ne va aller qu’en empirant…Nous avons tous envie de partir, mais nous ne pouvons pas, alors tout ce que nous pouvons faire, c’est pleurer sur ce monde de rêve que nous ne connaitrons jamais… »
Ce monde de rêve n’est certainement pas celui décrit musicalement par le trio, qui s’est vu accompagné sur quelques morceaux par Alex Strickland d’ABACUS et BATHE (« Drawing Straws »). Mais ça n’empêche pas l’univers des CAZADOR de se montrer suffisamment riche pour intéresser tous les fans d’un Powerviolence qui ne se contente pas d’en être.
Alors on trouve un peu de tout sur ce premier effort, qui a le mérite de regarder un peu plus loin que l’écho de ses blasts. Powerviolence pour ce climat général assez véhément et déliquescent, mais aussi Hardcore, un peu Sludge par moments, mais aussi dérivé des stridences des nineties, UNSANE en tête de liste, spécialement dans sa seconde partie.
Créatif, ce premier EP l’est, indubitablement. Les moyens utilisés par le trio sont classiques, mais l’usage qu’ils en font l’est beaucoup moins. Ces neuf morceaux ne sont pas autant d’excuses pour privilégier une vitesse stérile, mais plutôt un voyage dans les méandres de l’extrême, avec des arrêts réguliers sur des cases pas si adjacentes qu’elles n’en ont l’air.
Enregistré par Roger Caughman (IVADELL) et illustré graphiquement par Seb Peña, Can I Leave ? est une sorte de carte postale du désespoir fait musique, celui éprouvé par tout un chacun, lorsqu’il réalise que ses rêves sont derrière lui et qu’il ne pourra plus les atteindre. C’est évidement assez méchant dans le rendu, mais plus malin qu’une simple cavalcade sans queue ni tête. Alors Powerviolence de fait bien sûr, mais pas dans le sens où les SEA OF SHIT, GETS WORSE ou MIND ERASER l’entendent. Non, ce premier EP est plutôt à concevoir comme un passage en revue musical de toutes les émotions d’une vie, et transcende donc les codes pour les plier à des épisodes de ressenti très tangibles.
D’ailleurs, le boulot commence sur le très lourd et déviant « We Apologize for Failing You », plus symptomatique de la scène Hardcore de NYC d’il y a vingt ans que des coups de folie des TO THE POINT. Et même si le lapidaire « Rotting Queen », fonce bille en tête, même si « Laughingstock » commence sous les mêmes auspices de violence, on sent déjà que le ton sous-jacent est un peu plus complexe qu’une simple accumulation de poussées de fièvre.
Et parfois, les saligauds se permettent de travestir les JESUS LIZARD avec des fringues piquées aux WEEKEND NACHOS, juxtaposant de fait le côté abrasif et peu reluisant du Hardcore bien vicieux aux coups de folie ultrarapides d’un Thrashcore presque ludique et 80’s.
On retrouve d’ailleurs cette ambivalence entre légèreté de ton et profondeur de malaise sur la dualité de « Tension Headache », qui en à peine quarante-cinq secondes se balade dans les couloirs de l’extrême sans vraiment ouvrir la moindre porte.
Allusions à MINOR THREAT et aux DRI sur « Imprisoned », avec toujours cette succession de plans qui s’enchaînent naturellement et frénétiquement, ménageant quand même quelques instants de lourdeur extrême, pour un hit improbable qui utilise un riff sombre et catchy pour vous attirer dans ses filets.
La seconde partie de cet EP est d’ailleurs beaucoup plus conséquente que la première, et tente même de retrouver l’essence d’un SUICIDAL fracassé par la schizophrénie d’un CRYPTIC SLAUGHTER sur « Drawing Straws » qui ménage une fois de plus des phrasés très coulés séduisants, typiques de la vague Core des années 80. Là est l’art consommé des CAZADOR de toujours surprendre en un minimum de temps, en se concentrant sur les meilleurs idées, pas forcément inhérentes à leur créneau d’ailleurs…
Mais en ont-ils vraiment un qui leur soit propre ? A l’écoute de « Victims of an Execution », je me pose légitimement la question, puisqu’une fois de plus, on passe par toutes les teintes d’un arc-en-ciel monochrome, avec des entames de guitares Thrash, un chant roublard Hardcore, et de soudaines pressions Doom/Sludge, pour un résultat assez déroutant.
Alors…
Comme j’aime beaucoup les formules à l’emporte-pièce, je ne dirai plus qu’une seule chose. Can I Leave ? est sans conteste le meilleur EP de Powerviolence qui n’en soit pas un. Quant à savoir s’il en incarne un futur ou bien un simple accident…
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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