L’histoire d’UNRULY CHILD ne date pas vraiment d’hier…Ce « supergroupe » constitué d’anciens membres de KING COBRA, de STONE FURY, des DOOBIE BROTHERS ou HURRICANE troue son origine à l’orée des années 90, lorsqu’en 1992 il sort son premier album éponyme en pleine vague Grunge.
Evidemment, le grand public ne porta pas beaucoup d’attention à cette sortie, puisque l’intérêt des masses s’était déjà concentré sur la scène de Seattle, mais les vrais amateurs d’un Hard Rock mélodique ont tout de suite su qu’ils avaient trouvé un nouveau modèle à suivre….
Depuis plus de vingt ans, une carrière en dents de scie, plusieurs disques de grande qualité, des efforts en solo de la part de certains musiciens, un chanteur qui quitte le business pour se consacrer à sa vie de famille, et puis une réunion en 2010 pour un superbe Worlds Collide sous l’immanquable bannière Frontiers.
Depuis ce comeback, un second LP post réunion, Down The Rabbit Hole, et encore trois ans de silence pour pouvoir apprécier ce Can’t Go Home, disponible depuis la fin février, toujours au sein de l’écurie Italienne.
Nous retrouvons donc aujourd’hui ces chantres d’un Hard Rock mélodique de grande classe, réassemblés pour la première fois avec le line-up de leur premier album (Marcie Free – chant, Bruce Gowdy – guitare, Guy Allison – claviers, Jat Schellen – batterie et Larry Antonio – basse), avec une petite douzaine de nouveaux morceaux, qui une fois de plus, prouvent qu’ils n’ont rien perdu de leur talent, ni de leur amour pour une musique finement ciselée, qui n’a pas vraiment changé depuis les années 80. D’ailleurs, les têtes pensantes du projet ne cachent pas leur enthousiasme quant à ce nouveau chapitre de leur aventure, puisque Guy Allison déclare lui-même que « Can’t Go Home est devenu mon disque d’UNRULY CHILD préféré, tant au niveau des compositions que de l’instrumentation. Et je vous assure que je dis la vérité ! »
Certes, on imagine mal un concepteur renier son bébé, mais à l’écoute de ce sixième album officiel (plus le The Basement de 2002, constitué de démos), on ne peut que partager l’opinion dithyrambique du claviériste tant ce Can’t Go Home transpire l’optimisme typiquement 80’s d’un Hard Rock tirant sur l’AOR, qui fut rappelons le leur spécialité dans leurs anciens combos respectifs.
Alors évidemment, seuls les véritables amoureux d’un genre qui semble tombé en désuétude depuis le début des nineties sauront se satisfaire de ces onze compositions coulées dans le même moule, et qui privilégient des mélodies subtiles et des refrains collégiaux, mais je ne crois pas me tromper en affirmant que les UNRULY CHILD n’ont jamais cherché autre support extérieur. Il faut appréhender ce disque pour ce qu’il est, une réunion de musiciens au talent indiscutable qui se retrouvent autour des mêmes thèmes musicaux, et la suite assez logique de leurs deux précédents efforts estampillés Frontiers, mais rien de plus, ni de moins. Du Hard-Rock donc, mais plutôt versé dans un AOR de grande qualité, et donc assez soft dans le fond et la forme. Pas de gros riff qui déchire les enceintes, pas d’envolée vocale opératique, mais plutôt un mi-chemin assez feutré qui privilégie l’émotion à la puissance, quoique certains morceaux n’en soient pas dénués, loin de là.
Il faut dire que la production très policée à tendance à niveler l’agressivité vers le bas, ce qui pourra rebuter les rockeurs les plus exigeants, avec cette guitare mixée au même niveau qu’un clavier quasiment omniprésent, et des vocaux qui stagnent dans des modulations assez soft, mais là est justement le charme d’un groupe comme UNRULY CHILD, qui sait très bien ce qu’il veut, et ce, depuis le début de sa carrière.
Niveau qualité, Can’t Go Home sait se hisser au niveau des meilleures réalisations du groupe, sans retrouver la fougue des débuts, mais en restant honnête.
Les musiciens ont vieilli, ils n’ont plus rien à prouver, mis à part qu’ils sont toujours capables de trousser de petits joyaux d’AOR dans la plus droite lignée du son West-Coast des 80’s, lorgnant du côté des TOTO, du JOURNEY de Raised On Radio, de Richard Marx, et bien évidemment, de leur propre parcours.
Alors, le passage en revue de toutes les facettes du genre est exhaustif, de la ballade lacrymale qui nous replonge dans les affres des amours cinématographiques d’il y a trente ans (« She Can’t Go Home», ne manque plus que le solo de saxo s’époumonant dans la nuit), en passant par l’hymne Hard-Rock mélodique sur tempo médium qui laisse les guitares mordre un peu plus fort sans occulter la tendresse d’un refrain qui caresse dans le sens du poil (« The Only One », estampillé DARE/TOTO/WINGER), sans oublier l’archétype du Pop-Rock chaloupé et délicieusement synthétique velouté (« Driving Into The Future » et son solo d’époque).
Pas de grosse surprise donc, mais une confirmation, et surtout, la validation au panthéon des grands du MOR Rock Américain d’UNRULY CHILD qui continue son bonhomme de chemin sans se créer d’autres problèmes que ceux qu’il n’a déjà dû affronter.
Il semblerait donc que le fait de se retrouver dans la configuration initiale de leur premier album ait donné un nouvel élan à ce quintette décidément très attachant. Les compositions sont simples, certes un peu aseptisées de temps à autres par une production un peu trop soft qui atténue l’attaque des guitares et adoucit la rugosité des soli, mais l’essentiel est là, et les superbes harmonies vous laisseront le cœur ému, et la sensibilité ténue.
En témoignent de petits bijoux comme le très finement dessiné « Ice Cold Winter » et sa basse synthétique qui nous replonge dans les affres radiophoniques de l’Amérique de 84/86, le relativement énervé « Sunlit Sky » qui permet une fois de plus à Marcie Free de donner toute l’étendue de son talent vocal multiple, profitant de chœurs discrètement disséminés, ou le soft et sensible « Get On Top » qui ose enfin un riff un peu plus appuyé sur les couplets pour aiguiser une lame de chœurs à la DEF LEP nous menant sur un refrain typiquement Californien.
En parlant de cette guitare qui tente tant bien que mal de se faire une place, elle en trouve une de choix sur le burner de clôture « Someday Somehow », qui nous abandonne sur une note énergique et bondissante. Magnifique démonstration de Hard Rock mélodique bien dans son époque, mais qui n’oublie pas son passé pour autant, c’est une façon très probante et intelligente de terminer un album sans failles qui préfère lâcher une dernière poussée de fièvre pour nous laisser sur une impression moins édulcorée. Bien joué…
UNRULY CHILD prouve donc que vingt-cinq ans après ses débuts, son énergie et son envie de jouer sont toujours intactes, et la foi est à ce point retrouvée que le quintette a décidé de nous préparer avec l’aide de son label une splendide Box rétrospective contenant pas mal de matériel.
C’est le porte-monnaie qui va encore hurler de douleur, mais que voulez-vous. Quand on aime, on ne compte pas, ni les deniers, ni les heures !
Titres de l'album:
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