Il va falloir faire preuve d’ouverture d’esprit, puisque cette chronique n’a qu’un lien très ténu avec le Metal dont nous sommes si friands. Mais si vous êtes fan de Psychedelic Doom/Death, le nom de SLASHER DAVE ne vous est évidemment pas inconnu. On retrouve le musicien aux claviers et au chant dans un des groupes les plus emblématiques de sa génération, ACID WITCH, dont le somptueusement macabre Rot Among Us résonne encore dans nos mémoires apeurées.
Loin de se contenter de sa place dans ce groupe devenu logiquement culte, SLASHER DAVE aka
David Monastiere s’épanouit aussi dans un monde radicalement différent musicalement, mais assez proche thématiquement. En effet, sous cet alias, Dave s’amuse beaucoup avec ses synthés et sa passion pour les B-movies italiens des années 70 et 80. Et si les morceaux proposés ici n’ont rien d’inédit, ils méritent quand même une attention particulière.
En effet, les deux volumes de Cannibal Death Gods ont déjà été publiés séparément par le musicien américain, et se retrouvent aujourd’hui compilés en un splendide double vinyle pour une réédition de choix. C’est donc Hells Headbangers qui s’y colle, et qui nous offre un cadeau de Noël en retard, avec gatefold, artwork, et tout ce qui peut faire acheter de nouveau un produit déjà périmé sur le marché.
Périmé en date, mais certainement pas en qualité. Si les plus mordus de la distorsion passeront leur chemin, les fans de Synth-Pop, d’Horror-Synth et autres dérivés eighties savoureux ne bouderont pas leur plaisir, à condition évidemment de ne pas déjà connaître par cœur ces deux volumes qui surnagent dans la production pléthorique du résident de Detroit.
Pas moins de vingt-et-un morceaux répartis sur quatre faces, pour une exploration du bis italien le plus craspec, celui de Fulci, de Deodato, Lenzi, Mattei, j’en passe et des plus roublards. Le voyage proposé par Cannibal Death Gods nous fait passer sans transition d’une épidémie zombie à une capture par des cannibales affamés de tripes américaines, en passant par la résurrection vaudou et autres délicatesses morbides. Et en fermant les yeux, il n’est pas difficile de s’imaginer immergé dans la réalité de ces pelloches fameuses et crasseuses, à la manière d’un Cineman de Yann Moix au pays des horreurs.
SLASHER DAVE est un projet de passionné, auquel je ne peux qu’adhérer, ayant grandi avec les morts-vivants de Fulci, les rats-dioactifs de Mattei et les cannibales de Deodato. L’ambiance série B des intonations de claviers, le soin apporté aux arrangements, les mélodies de biais nous ramènent au temps bénis des vidéoclubs, avec ces VHS poussiéreuses sur leur présentoir qu’on louait pour trois francs six sous, et qui nous enchantaient le samedi après-midi avec les copains. Et le fait de donner une seconde jeunesse à ces vingt-et-un morceaux est une idée lumineuse de la part du label américain, qui joue sur le côté fanboy et l’amour du bel objet.
Et l’objet est beau, sans conteste, mais aussi truffé de pistes atmosphériques sui s’échinent à recréer les ambiances de ces films un peu moisis sur les bords, mais devenus cultes avec les années. On peut presque sentir la poussière d’un cimetière étrusque sous nos pas virtuels, et humer l’odeur des linceuls décrépis accrochés aux chairs rongées par les années. S’il est évidemment inutile de recenser les origines de chaque morceau, il convient de préciser qu’ils couvrent une période charnière dans l’histoire du cinéma italien, le plus hâbleur et opportuniste de la charnière 78/82.
En fermant les yeux, on se replonge dans l’ambiance étrange de Contamination, Zombi 2, Cannibal Ferox, Cannibal Holocaust, Frayeurs, Virus Cannibale et autres La Montagne du Dieu Cannibale, avec en point de mire, des tribus anciennes et des morts franchement datés se présentant sur notre chemin pour nous dévorer tout cru. Le synthé de SLASHER DAVE est toujours aussi pertinent, et sa fascination pour ce cinéma a quelque chose de touchant, comme un sentiment d’appartenir à une famille d’adoption dont les membres partagent les mêmes gouts douteux.
Car l’homme ne s’est pas contenté de reprendre à son compte des thèmes musicaux connus en plagiant Fabio Frizzi ou les GOBLIN, il a inventé son propre langage musical, ses propres codes, et nous encercle d’une brume inquiétante dont les volutes sont troublées par la présence de corps inconnus n’ayant pas que des intentions nobles. En plus d’une heure et dix minutes de métrage, Cannibal Death Gods vol I et II nous propose donc un film pour les oreilles, rempli d’atmosphères déliquescentes, de clins d’œil, de copiés/collés ludiques, et de gimmicks qui parleront aux amateurs les plus éclairés.
Striés de sons aigus, balancés sur une rythmique qui donne envie de danser, ces vingt-et-un titres instrumentaux retrouvent une seconde vie, quelques années après leur naissance, et donnent envie de se replonger dans la filmographie des tâcherons les plus appliqués de la scène italienne.
Un beau double vinyle, des chansons étranges, des samples que les érudits apprécieront, pour un résultat compilé qui vaut méchamment le détour. La sensation d’avoir pénétré les rayonnages obscurs d’un vidéoclub occulte, à la manière d’un Terror Tape, où chaque chanson sert de bande-annonce à un film traumatisant, mais fabuleusement jubilatoire. Et puis après tout, quand il n’y a plus de place en enfer…enfin vous connaissez la suite.
Titres de l’album :
01. The Lost Tribe (Part I)
02. Deep Jungle Ritual (Part I)
03. Eaten Alive (Part I)
04. Blood River Massacre (Part I)
05. Tales of Voodoo (Part I)
06. Zombie 2020 (Part I)
07. Captured (Part I)
08. Cannibal Death Gods (Feat. Maniac Neil) (Part I)
09. Action Sequence (Bullets and Fire) (Part I)
10. Sunset In Hell (Part I)
11. After Death (Part I)
12. Operation Sweet Death (Part II)
13. Hope Center (Part II)
14. Radiation Leak (Part II)
15. Nights of Terror (Part II)
16. Cannibal Death Gods 2 (Feat. Maniac Neil) (Part II)
17. Graves Shall Open (Part II)
18. Flesh Eater (Part II)
19. Commando Run (Chopper Escape) (Part II)
20. Sunrise In Paradise (Part II)
21. Chemical Dawn (Part II)
@mortne2001, merci pour la chro qui donnait envie d'écouter, rien qu'à la lire.
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