Il est toujours amusant de s’intéresser à la genèse d’un groupe. Si la plupart du temps, ils sont formés par des copains d’école, des amis d’enfance, ou par des musiciens regroupés par le hasard, ils sont plus rarement montés de toutes pièces par un…acteur shakespearien et mécanicien auto…C’est pourtant le cas des canadiens de THIRTEEN GOATS, qui depuis 2018 proposent leur mélange détonant d’influences, prônant une ouverture d’esprit qui fait vraiment du bien à entendre.
Originaires de Vancouver, Graham K. Miles (chant/guitare), Robert Volkert Roland Taplin Fitzgerald (guitare/chœurs), Cody Lewichew (basse/chœurs) et Leonid Verman (batterie) sont très clairs dès le départ. Si les chemins bien balisés et les cocktails bien mesurés sont votre mètre-étalon, vous allez avoir du mal à apprécier Capricorn Rising. D’ailleurs, ils résument très bien leur attitude en une courte bio bien sentie :
Est-ce du Thrash, du Death, du Groove ? THIRTEEN GOATS s’en tape et tu ferais mieux d’en faire autant. Ce quatuor de Vancouver piétine tous les sous-genres pour accoucher d’un style proche de l’alchimie entre des riffs diaboliques, des accroches monstrueuses, et une écriture théâtrale.
C’est évidemment le genre de chose qui m’intrigue, et si le postulat sans ambages n’est pas totalement respecté, il n’en reste pas moins que les canadiens s’affranchissent de pas mal de règles pour tracer leur propre voie. S’ils n’aiment pas les étiquettes, ils n’en reconnaissent pas moins des styles de prédilection. Un tiers de Thrash, un tiers de Death technique et un tiers de Groove Metal, pour un breuvage sonore relevé, corsé, mais qu’on boit sans craindre une ivresse précoce. La bande s’apparente parfois à une version moins rigide de MESHUGGAH qui aurait sans le vouloir composé avec PANTERA, ce qui vous donne un petit aperçu du résultat.
Je parle évidemment du MESHUGGAH des deux premiers albums, le plus souple, et non celui de Chaosphere ou de ce qui a suivi. Mais le PESTILENCE moderne, MORBID ANGEL, GOJIRA sont aussi des pistes à suivre, que le quatuor respecte avec déférence. An extreme Metal Rock Opera. C’est peut-être une façon un peu pompeuse de présenter les choses, et pourtant, ce deuxième album en a les arguments. Comme un VOÏVOD passé par la case Berklee College of Music, THIRTEEN GOATS ne compte ni les moutons, ni les boucs, et joue simplement sa musique brutale mais abordable, et surtout, fouillée et très présentable.
Comme beaucoup d’artistes du cru, la performance est d’abord rythmique. Avec un batteur en constante représentation, et des guitaristes qui mesurent leurs riffs au millimètre, la course est rude, et ressemble à un trek du diable avec un sac à dos bourré de patterns acrobatiques et de mesures impaires. Mais on peut prôner l’intelligence et savoir se montrer efficace. C’est ce qu’on retient de morceaux comme « Beheading Zoo » ou « Murder Lives In The Heart », alors que « Sign Of The Goat » nous démontre par groove + puissance que sonner populaire ne veut pas dire être grossier.
Non, décidément, ce groupe est au contraire très poli. Ses manières sont étudiées, son discours argumenté, mais son énoncé rassemble les foules comme un hymne scandé du fond du conservatoire. Avec un nombre moyen de plans par titre assez hallucinant, le quatuor se montre sous un jour flatteur, mais ne nous perd jamais en route. La technique d’accord, mais au service de la composition, et non l’inverse. « Permission To Die » est même le parangon de cette philosophie, avec sa brutalité extrême assouplie par des cassures mélodiques et des breaks diaboliques.
Et le résultat obtenu est exactement celui recherché. On se moque complètement des styles, on tourne le dos aux étiquettes, et on fait fi des querelles d’appartenance. Même si globalement, Capricorn Rising gravite dans la galaxie d’un Death touffu et aux limites du progressif, il s’approprie suffisamment le vocable pour le traduire dans différentes langues.
« Goats Of War » propose même une jolie accalmie, avec ses licks dissonants, ses gammes descendues sans freins, et son tempo plus lourd et insistant. Les canadiens peuvent donc tout se permettre, puisqu’ils restent humbles et s’effacent derrière leur création. Le collectif est donc plus important que les individualités, ce qui permet à cet album d’accéder à un degré de maturité conséquent, et d’augurer d’œuvres d’une ambition encore plus ample.
Sans tomber dans les travers démonstratifs du Death technique ou du Djent agressif, THIRTEEN GOATS reste toujours à la limite, ni trop élitiste, ni trop populiste. Et en tombant sur l’épilogue monstrueux « Animal Kingdom », on ne peut s’empêcher de penser à STRAPING YOUNG LAD, dans un costume plus classe et avec une utilisation très pertinente des chœurs.
Capricorn Rising est une nouveauté très appréciable, en plein cœur d’un été capricieux aux nuages nombreux. Solide, créatif et explosif, cet album peut se tracer une voie enviable vers les sommets de l’underground canadien, et même, pourquoi pas, envahir l’Europe à une échelle modeste. Et comme le look et la musique sont en adéquation, le package est plus qu’honnête.
Titres de l’album :
01. Sign Of The Goat
02. Murder Lives In The Heart
03. A Wolf In Shepherd’s Clothing
04. Global Fuckup
05. Beheading Zoo
06. Permission To Die
07. Beating The Disease
08. Goats Of War
09. Animal Kingdom
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