Je prends note avec plaisir que certains groupes voués aux gémonies bruitistes prennent le temps d’évoluer afin de ne pas toujours proposer le même chaos. Et en termes de chaos, le duo hollandais CRYPTAE s’y connaît, puisqu’il défend une certaine idéologie Noise depuis sa création, le tout sous couvert d’une philosophie Death discutable sur le fond et la forme. Je pense être à même de juger de l’évolution du concept, le suivant depuis la parution de sa première démo éponyme en 2017. J’avais à l’époque été impressionné par cette étrange photo promo plongeant nos deux larrons dans le noir complet, afin de mieux faire ressortir leur regard. Je trouvais l’approche différente et moins grotesque, et en phase avec la musique. Aujourd’hui, cinq ans plus tard, mon opinion n’a pas changé, mais la musique, si.
Deux ans après Nightmare Traversal, Kees Peerdeman (guitare/chant) et René Aquarius (chant/batterie) s’en reviennent donc offrir une bande-son à nos cauchemars les plus traumatiques, et Capsule ressemble quelque peu à ces petites pilules qu’on prend pour s’endormir, ou au contraire, qui exacerbent nos sens pour nous faire entrevoir une réalité parallèle.
A l’écoute de cet album, toujours aussi court, on est immédiatement frappé par sa musicalité travestie en avant-garde pour ne pas sacrifier la singularité. Mais ne soyons pas dupe, CRYPTAE s’est penché sur le berceau de la séduction, pour apprendre quelques mimiques du bébé sauvage. C’est ainsi que sous ces couches de voix abominables se dessine un instrumental beaucoup plus structuré, produisant ainsi un effet bœuf recherché. Le décalage est non seulement savoureux, mais aussi diablement créatif. J’en tiens pour preuve honnête ce malfaisant « Billow », qui outre une rythmique bondissante offre quelques riffs syncopés plus classiques, ce qui n’est pas pour déplaire.
Mais attention, ne vous faites pas d’illusions. La créature ne se domestique pas facilement et tient toujours farouchement à son indépendance. On remarque seulement que son attitude est plus logique, ses mouvements fluides, mais son envie de ruiner le canapé à coups de griffes n’a rien perdu de son potentiel de destruction. Entre rage expérimentale et souffrance underground, CRYPTAE grandit, structure sa colère et sa haine de la normalité, et nous assomme de coups bien frappés, allant même jusqu’à inclure dans ses morceaux des arrangements complétement incongrus.
« Pearl », le premier morceau, définit bien les grandes lignes de la nouvelle optique. Entre Death Indus impitoyable et exercice rythmique chaloupé, cette ouverture exerce un pouvoir de fascination totale, en mixant des riffs d’outre-tombe à des plans mid finement joués. On comprend alors que le duo n’a pas l’intention de s’enfoncer dans ses traumas, mais qu’il cherche bien une lumière nouvelle pour éclairer sa vision.
Pas d’inquiétude. Pour le commun des mortels mainstream et même extrême, CRYPTAE est toujours aussi repoussant, et hors du vocable courant. Mais pour qui a connu DISHARMONIC ORCHESTRA, PUNGENT STENCH, DODECAHEDRON ou encore une bonne moitié de l’écurie Sentient Ruin, l’exercice est réussi, et ne piétine pas la limite entre brouhaha et musique audacieuse. Et cette façon de mettre en valeur des licks de guitare malins en bombant la batterie d’un binaire stable donne à l’album une patine personnelle, comme le souligne avec intelligence « Trench ».
Du chaos contrôlé, de l’avant-gardisme raisonnable, voilà comment définir ce deuxième album qui laisse augurer de jours plus cléments pour la musicalité. Toujours prompt à plaquer une transition complétement incongrue, le duo poursuit sa route entre Death cryptique et inquiétant, et expérimentation ludique. Des syncopes Rap, une tendance redondante à utiliser des ficelles largement vendues par le rayonnage Indus, pour un voyage aux confins de l’imagination, entre cauchemar urbain et réalité augmentée horrifique, Capsule reproduit le schéma de Matrix et vous tend les deux pilules : la rouge, ou la bleue ?
Peu importe puisqu’elles mènent toutes les deux au même chemin. Celui de la prise de conscience d’une époque gangrénée par ses vices et travers, entre beauté et laideur (« Salt »), fuite en avant à la limite du Death/Mathcore (« Dregs »), ou crachat Punk à la face de la normalité (« Ebb », final infect qui nous tire vers le passé). De là, d’ailleurs, de partout, CRYPTAE tente des choses moins hermétiques, et se laisse séduire par une troisième voie non diplomatique qui unit hier à après-demain.
Une dystopie en musique, et une vision de l’avenir blême, glauque, entre déshumanisation et automatisation des espoirs déchus.
Titres de l’album :
01. Pearl
02. Trench
03. Deluge
04. Billow
05. Salt
06. Silt
07. Dregs
08. Sessile
09. Ebb
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