Lorsqu’on parle de musique extrême espagnole, on pense irrémédiablement en premier lieu à un Hardcore très chantant et sec, ou au contraire, à un Heavy Metal mélodique qui finalement, n’a plus rien d’extrême en soi.
Mais certains groupes locaux aiment à se démarquer de la production nationale pour proposer une « musique » bien plus excentrée et originale, et plus typique d’une optique anglaise dans son approche de la violence sourde et sombre.
Fut un temps où le label spécialisé Discos Humeantes se chargeait de regrouper dans son écurie tout ce que la scène hispanique pouvait proposer de décalé, et aujourd’hui, le label tout aussi indépendant Humo a pris son héritage en main pour continuer de diffuser des œuvres atypiques.
Nouveautés au catalogue, mais aussi capitalisation sur le passé, puisqu’on retrouve dans leurs rangs serrés, les BALCANES, qui sont certainement un des ensembles les plus fascinants et originaux du cru, avec leur mélange de Rock Noisy, de Doom, et d’Industriel local qui ne fait ni dans la dentelle, ni dans le flamenco pour touristes.
BALCANES, c’est un groupe formé en février 2014, et qui a déjà proposé un premier single qui avait salement secoué l’underground ibère en temps et en heure. Depuis, les musiciens n’ont eu de cesse de peaufiner leur formule, qui trouve aujourd’hui son point d’orgue avec la sortie d’un premier EP aussi traumatique que cathartique.
Difficile de situer ces maniaques de l’agression sonore lancinante sur une carte quelconque, puisqu’ils prennent un malin plaisir à multiplier les influences, et à les fondre au creux d’un même moule bruitiste. On trouve dans leur optique d’un bruit domestiqué (ou presque), des traces de SONIC YOUTH pour cette liberté de ton, beaucoup de JESUS LIZARD pour cette manière d’apprivoiser la dissonance et le feedback de façon détachée, et aussi pas mal d’Induscore anglais, GODFLESH en tête de liste, et leur référence majeure, les SWANS des débuts, qui ne cherchaient pas encore l’état de transe via les dérives sonore interminables, mais qui préféraient concrétiser une vision déshumanisée du Hardcore via des percussions lourdes et des itérations irritantes.
La Nouvelle Chair (ou viande, selon votre traducteur ou votre connaissance de la langue), c’est d’abord une sublime pochette monochrome qui illustre une vision du concept, via la naissance et la transmission de la vie. Est-ce celle que les espagnols ont choisi de mettre en musique ? Si tel est le cas, la procréation chez eux prend des airs de séance de torture, tant les sons qu’ils emploient évoquent plus le cri primal d’un homme confronté à sa propre nature que le hurlement d’un nouveau-né qui s’éveille à la vie.
Car si la naissance d’un enfant est la plus belle chose qui soit, elle ne trouve que peu d’écho dans les pistes de ce Carne Nueva, qui ne s’intéresse qu’à la malséance, à la peur, la claustrophobie, le malaise…Le parti-pris de BALCANES est similaire ici à ses premiers balbutiements en simple, et se permet même parfois de nous rappeler au mauvais souvenir des VIRGIN PRUNES d’Heresy (« Rojo Maquina »), remémoré via l’esprit dérangé des SWANS du Filth LP, et traité comme un Anarcho-core anglais maladif, refusant toute évolution et préférant se concentrer sur des répétitions amples et robotiques, comme un KRAFTWERK déréglé bavant irrémédiablement la même bile en boucle.
C’est évidemment très dissonant, très lancinant, mais aussi très fascinant, pour peu que l’Industriel mâtiné de Doom soit encore inclus dans les limites du supportable de votre compréhension.
De son côté, tout aussi ténébreux, « Desorden » se traîne le long d’un tempo presque mort-né pour singer les tics les plus évidents des JESUS LIZARD qui au détour d’un cauchemar auraient invoqué sans le savoir l’esprit malade de la scène No Wave New-yorkaise des années 80, avant de se faire réveiller par un Justin Broadrick, peu enclin à leur servir le petit déjeuner.
Dissonances, hurlements en idiome local en arrière-plan, et énorme basse à la SWANS qui régule le tout d’une métronomie si régulière qu’elle en met mal à l’aise.
Mais c’est bien le sentiment général qui se dégage de cet EP, qui décidemment, a renoncé à tout confort et toute illusion…
Et si la longue et discordante intro « Panico » ne relève même pas de la musicalité la plus primaire et préfère se rappeler des traumas Indus de la fin des 80’s, « Combustible » revient sur un terrain plus pragmatique et impose une sorte de Punk Hardcore Noisy, désabusé et renoncé, mais strié de riffs monocordes qui appuient avec peine un chant typique de l’école arty US des mid 80’s, ou de la scène Punk Anglaise de la même époque. Toujours ces cassures rythmiques impromptues et lentes, qui se font trancher la peau par des stridences de guitares qui décidemment, ne nous épargnent pas les tympans.
On retrouve plus ou moins cette structure sur l’écrasant « Masada », qui choisit de ne pas choisir et de se passer de rythme, réduisant le tempo à quelques coups d’une grosse caisse à l’agonie, dont le désespoir semble raillé par des guitares en roue libre qui ne cherchent même plus aucune cohésion harmonique.
Le chant atteint les limites de l’apoplexie, et l’outrance atteint des sommets de non-sens, pour un mode d’expression qui a renoncé à toute logique évolutive pour tomber dans les travers d’un genre de Post Doom Indus qui ne cherche qu’à provoquer.
Très difficile d’accès, ce premier EP des espagnols de BALCANES va profondément diviser, va choquer évidemment, et s’aliéner une bonne partie des fans de la scène Hardcore locale par son entêtement à en briser les codes les plus fondamentaux.
Du bruit, du malaise, et un refus de suivre des pistes trop claires pour proposer un amalgame personnel entre Doom Indus froid, Hardcore de très mauvais aloi, et de Punk/No Wave d’effroi.
Mais après tout, la vie, c’est aussi ça. Alors écoutez ou n’écoutez pas, mais parfois, il est bon de faire face aux aspects les plus sombres de la vie pour en apprécier les épisodes fugaces les plus heureux.
Titres de l'album:
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