Décider de jouer du Hard Rock, c’est accepter toute l’exubérance qui en découle. C’est choisir de faire partie d’une catégorie d’artistes ne renonçant à rien pour distraire leur public, musicalement et théâtralement, avec tous les débordements et clichés que cela peut impliquer. Et jouer du Hard à tendance Glam répond aux mêmes critères de description, multipliés par mille. Car ce qu’un fan lambda recherche dans un disque du genre, c’est de la légèreté, des mélodies sucrées comme des bonbons qui fondent, de la confiance en soi, et ce petit plus d’inconscience qui fait préférer un instant purement gratuit de délire plutôt que les réalités de la vie telles qu’on les endure tous les jours. On cherche du fun non en barres, mais en bulles de savon, multicolores et qui éclatent à la chaleur du soleil, nous éclaboussant de liquide poisseux, mais nous inondant de joie de vivre. Evidemment, toute cette agitation n’est pas exempte de moments d’émotion, mais ceux-ci doivent être à l’image d’Epinal du plaisir sensoriel, immédiats, sincères, et spontanés. De fait, parvenir à enregistrer un bon album de Hard Glam est très compliqué, et en enregistrer un très bon relève de la gageure. Alors, enregistrer un classique du genre devient un exploit que peu de groupes au monde sont capables de relever. Les américains en furent les champions en leur temps, mais force est de reconnaître qu’ils ont cédé leur leadership au profit des pays nordiques depuis longtemps…Et s’il est un groupe qui mérite les honneurs et les médailles desquels les plastrons de nos amis d’Outre-Atlantique furent ornés pendant des décennies, c’est bien celui des finlandais de SHIRAZ LANE. Parce qu’ils ont tout compris au principe, parce qu’ils l’appliquent avec une ferveur rare, et parce qu’ils transcendent le tout de leur personnalité, et de leur facilité à pondre des hymnes beaucoup plus profonds que de simples pop-songs habillées de cotillons pour faire illusion. Et par extension, leur second LP Carnival Days mérite en tous points son nom et nous transporte dans un mardi-gras finlandais, avec jolies filles au balcon et du monde dans les rues, ou l’inverse…
Je ne m’étais donc pas trompé en 2016 en accordant la note de 9/10 à leur premier méfait longue-durée For Crying Out Loud. J’y avais vu une relève, mais aussi bien plus que ça, et terriblement plus simple à la fois. J’y avais décelé des héritiers directs des POISON, de FASTER PUSSYCAT, d’ENUFF Z’NUFF, des enfants illégitimes des THE DARKNESS, de SLAUGHTER, mais surtout, des héros des années 80 nés un peu trop tard pour ne pas en apprécier l’hédonisme à grandes goulées. Et puis j’avais osé la comparaison fatale avec les bancals héroïques CHEAP TRICK, qui toute leur carrière nous avaient joué des tours pendables à base de transposition du génie mélodique des BEATLES dans un contexte purement Fun Glam. Oui, le parallèle était culotté, mais Carnival Days le confirme, et entérine la validité de tous les compliments que j’avais pu formuler à l’époque, et beaucoup plus encore. Peaufiné pendant un an après les tournées triomphales et les participations remarquées à des festivals (et des louanges chantés conjointement par des références comme HALESTORM, THE 69 EYES, AMORPHIS, CHILDREN OF BODOM ou LORDI), et annoncé par un single dévastateur en fin d’année dernière (« Harder To Breathe », toujours aussi trépidant et efficace), ce nouvel effort ne vous en demandera aucun pour être apprécié, tant il s’ingénie à combiner la folie festive des THE DARKNESS et la provocation harmonique si chère aux CHEAP TRICK, dans une attitude aussi professionnellement Punk que n’importe quelle assertion des BACKYARD BABIES. Le quintette n’a donc pas changé sa party de quartier (Hannes Kett - chant, Jani Laine - guitare solo, Miki Kalske - guitare rythmique, Joel Alex - basse et Ana Willman - batterie), et continue d’y célébrer la légèreté d’un Hard Rock trivial et richement décoré, en associant la puissance inhérente à la culture nordique, et la culture séculaire du style directement empruntée à la vague US. On se retrouve donc une fois de plus face à un disque de onze tubes potentiels, qui restitue immédiatement tous les espoirs placés en lui, mais qui exige plusieurs lectures avant de se dévoiler complètement. Et plus qu’un disque d’ailleurs, il ressemble à une beauté aperçue fugacement lors d’une soirée, belle comme une déesse grecque, mais redoutablement intelligente une fois l’euphorie de la nuit finie. Le genre de femme idéale après laquelle tous les musiciens courent, comme la muse improbable qui leur apportera gloire, fortune et inspiration. Et cette muse, les SHIRAZ LANE l’ont trouvée, et ne se lassent pas de lui faire confiance pour faire durer la romance.
Doté d’un son énorme, et semblant émaner d’une gigantesque sono posée près d’une piscine d’été, Carnival Days à la qualité de ses défauts, et n’en a aucun. De son entame à son terme, il revisite toutes les figures imposées du Hard Rock à tendance Sleaze, avec un brio incontestable, et une fraîcheur incroyable. Et tout devient permis, dès lors que les règles sont acceptées, du moment d’introspection en douceur mineure comme « Gotta Be Real » et son atmosphère à la lisière d’un AOR très intelligent (et à mi-chemin entre ENUFF ‘Z’NUFF et SLAUGHTER), au pilonnage groovy à la MÖTLEY CRÜE, via un « The Crown » que Nikki aurait pu composer en compagnie de ses héros de CHEAP TRICK, sur les collines d’un Los Angeles en feu devant tant d’ardeur. La science infuse des finlandais pour trousser des refrains parfaitement parfaits (la redondance s’impose dans leur cas) n’a pas été perdue sur les routes arpentées, et bénéficie même d’un surplus de professionnalisme qui n’a pas laissé la spontanéité mourir de sa belle mort en studio. D’ailleurs, la production évoque plus volontiers l’énergie développée par le combo en live plutôt que l’application portée intra-muros pour empiler les couches avec soin, et dès l’intro éponyme, on se retrouve en plein milieu d’une foule bigarrée et chamarrée prête à en découdre avec la fête, pour une célébration en cuivres brillants et en jazz louvoyant. C’est sensuel comme une courbure de hanches en clair-obscur, dégoulinant de stupre comme les commissures des lèvres du proverbial loup, et ça nous met dans le bain sans attendre, d’un chaloupé qui pourrait rendre la paire Tyler/Perry folle de jalousie. Et tout s’enchaîne si rapidement qu’on n’a ni le temps de reprendre son souffle ni ses esprits, et nous déambulons de pièce en pièce la bière à la main, pour taper du pied sur le bondissant « Tidal Wave », ou headbanguer comme des damnés sur l’électrifié et poppisé « People Like Us » et sa rythmique en mousse maousse.
Faussement scindé en deux parties, ce second LP propose en fin de parcours des morceaux moins épidermiques, mais tout aussi attachants, durant un poil plus longtemps sans se montrer moins passionnants. Ainsi, si « Shangri-La », au-delà de son hommage au groupe du même nom ose la transposition des mélodies glacées des 60’s dans un contexte Radio Rock purement 80’s, il le fait avec une classe folle qui nous entraîne dans un tourbillon qui décolle. Le groupe s’autorise même une subtile incartade dans son époque, plus tourmentée et Heavy metallisée, via le très SIXX A.M « War Of Mine », qui sort les crocs et riffe costaud. Et si « Shot Of Life » se permet une intro tribale à base de percussions fatales, il retrouve très vite l’allant d’il y a trente ans pour imposer une harmonie de battants. Mais la grosse surprise de l’album, c’est ce feux d’artifices de clôture, « Reincarnation », qui en plus de huit minutes boogise comme un AEROSMITH sous amphétamines, et permet à Hannes Kett de partir en vrille sur des vocalises hystériques et magnifiquement éraillées…Agrémenté de soli de guitares délicieux, cet épilogue se pose en conclusion contrastée mais rêvée, qui confère à l’album une aura différente, et le rend encore plus indispensable…Un peu crade Reggae, un peu Jazz groove détourné, c’est une pirouette remarquée, et une flèche à ajouter au carquois déjà bien rempli des finlandais, qui sont donc décidément très imprévisibles en Guillaume Tell de l’exubérance impossible…
Je le disais, enregistrer un classique du Hard Glam relève de l’exploit. Il faut disposer d’un bagage technique certain, d’une folie de tous les instants, mais surtout d’un talent que rien ne dément. Alors admettons qu’avec Carnival Days, les SHIRAZ LANE ont relevé le défi haut la main. Et la seule chose qui m’empêche de leur accorder la note maximale, c’est que je pressens que la prochaine fois, ils seront capables de faire encore mieux. Il y a les meilleurs, et il y a les autres. Et puis il y a les SHIRAZ LANE. Une exception qui bouscule les règles.
Titres de l'album:
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33