Vous souvenez vous de ce film terrifiant sorti en 1962, réalisé par Herk Harvey, dans lequel une jeune femme était précipitée dans un univers surréaliste, peuplés de fantômes menaçants dans un parc d’attraction abandonné ? Carnival of Souls a traumatisé toute une génération de spectateurs, et a laissé une marque indélébile dans leur mémoire. Cette divagation nocturne en noir et blanc aux dialogues épars et à l’ambiance oppressante a marqué le départ de toute une série de films consacrés au même sujet, et sert encore à ce jour de mètre-étalon pour tout réalisateur décidé à laisser ses personnages aux mains de l’impossible.
Mais aujourd’hui, point de carnaval des âmes. Juste un carnaval de péchés.
THE BRAVE n’a guère entamé sa carrière avant-hier, mais bien dans les années 90. Soldat presque inconnu de l’armée White Metal, il a accompli quelques faits d’armes assez intéressants, notamment sur son premier longue-durée Battle Cries, suivi deux ans plus tard par l’injonction Trust. Après un hiatus et une reformation, le quatuor américain s’est stabilisé, et a publié deux autres œuvres, intéressantes, qui découlent aujourd’hui sur une troisième toujours sur leur propre structure et qui a été évidemment baptisée…Carnival of Sins.
THE BRAVE pourrait bien faire le bonheur de trois ou quatre gros indépendants spécialisés dans le Hard-Rock mélodique. Sa musique est en effet très souriante, accueillante, subtilement prosélyte, mais attachante et mémorisable. En marchant constamment sur la ligne séparant le Hard Rock du Rock mélodique, le trio de tête (Stayce Roberts - guitare/chant/claviers, Malcolm Paris - basse et John Spittle - batterie) singe les attitudes de BAD ENGLISH, de Joseph Williams en solo, de Jim Peterik, j’en passe et des plus ou moins contemporains.
C’est donc à un album d’AOR musclé auquel nous sommes confrontés, et je ne cacherai nullement le plaisir ressenti à l’écoute de ces douze nouveaux morceaux. D’ailleurs, le title-track placé en ouverture, « Carnival of Sins », met la barre très haute, et s’appuie sur une harmonie légèrement psychédélique qui n’est pas sans évoquer une version plus pure et moins fardée d’ENUFF Z’NUFF, ou un équivalent croyant des KING’S X. Sacrées références quand même, mais le travail tient admirablement bien la route, grâce à une production soignée qui fait des œillades énamourées aux services de streaming.
THE BRAVE continue donc sur sa lancée, et poursuit le travail entrepris depuis Evie's Little Garden il y a trois ans, et poursuivi sur Gravedigger il y a deux. L’atmosphère est bienveillante, le propos sacré, mais les émotions générées sincères et tendres. On s’imagine quelque part dans une retraite quelconque, à partager des souvenirs émus, mais aussi à confier des péchés non révolus. Les nuages sont d’un blanc immaculé, les sourires de circonstance, et « When You Believe » de sonner d’une foi indéfectible, en Dieu évidemment, mais aussi en un Hard Rock soft, qui rappelle aussi les dernières années de HAREM SCAREM.
Pourtant largement développées, les compositions passent comme dans un rêve. Un joli rêve de Paradis, une rencontre fugace avec Eve, et la possibilité d’admirer la création de la Terre. En fricotant non avec le proverbial serpent mais avec une Pop-Rock épurée, le trio se permet des écarts tout à fait délicieux, osant des intros sourdes pour mieux exploser lors d’un refrain anthémique (« The Witching Hour », au parfum évangélisé d’un WINGER converti).
Si cet album s’adresse aux plus romantiques et pieux d’entre vous, s’il est évidemment moins agressif que les derniers psaumes de STRYPER, il n’en reste pas moins une messe très convaincante, donnée dans un langage universel. Le langage de la beauté des harmonies vocales, des lignes de chant apaisantes, et des riffs émoussés pour ne pas couper. On ne risque donc pas l’infection, tout a été stérilisé et béni, mais on accepte quand même cette main tendue qui nous rapproche d’un AOR de très haute volée. « Calendar Man » est d’ailleurs l’une des plus belles chansons que j’ai pu entendre ces trois ou quatre dernières années, et mérite amplement une place dans votre playlist.
Je comprends tout à fait pourquoi Dieu cautionne ce genre de production en son nom. Avec des réflexes de générique de soap dans la veine de 7th Heaven, THE BRAVE prône le flirt sans relation charnelle, l’altruisme, l’empathie, la générosité, et l’espoir, alors même que la population mondiale en manque cruellement.
Parfois proche du BON JOVI mature et en pré-retraite, qui partirait en studio enregistrer avec le DEF LEPPARD le plus smooth, Carnival of Sins joue sur l’ambivalence de son propos, et n’hésite pas à se souvenir de ses jeunes années, avec un irrésistible et miraculeux « Rise Again ». Il est impossible de résister à ces chœurs angéliques qui nous ramènent dans les années 80, lorsque l’hédonisme californien avait entraîné l’explosion de la scène White Metal, bien décidée à purifier les âmes.
L’époque s’y prête peut-être plus, alors que les catastrophes et tragédies s’accumulent. « Knock Knock » frappe à votre porte pour vous prévenir des dangers à venir, en s’appuyant sur le Hard-Rock seventies, et si les coups de griffe sont toujours très mesurés, l’énergie n’en est pas pour autant délaissée. On la sent sur « Undertow », de façon très légère, sur « My Extraordinary Life » qui pourrait être une b-side de l’époque To Hell With the Devil, et plus globalement dans ces textes dévoués et ces lignes vocales assurées.
Et c’est magnifique.
Si votre sensibilité vous conduit sur les chemins de Dieu, si votre âme souhaite se purger de toutes ces mauvaises actions cumulées, alors THE BRAVE fera un confesseur très crédible. Enfer ou Paradis, c’est ton choix mon ami.
Titres de l’album:
01. Carnival of Sins
02. When You Believe
03. The Witching Hour
04. Calendar Man
05. Lifeline
06. Rise Again
07. Knock Knock
08. Undertow
09. The Better Part of Me
10. Streets of Gold
11. My Extraordinary Life
12. Find My Way
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49