Force est de constater, avec un peu de recul et d’objectivité, que SAXON en 2022 est le dernier groupe a réellement incarner cet esprit NWOBHM si cher aux nostalgiques et aux témoins du Metal boom de 1979/1980. Je concède quelques errances radiophoniques destinées à séduire le marché américain dans les années 80 (mais que le temps a très justement réhabilitées), et quelques brouillons lâchés sur le cahier de l’histoire pour reprendre le bon cap, mais depuis la sortie étonnante de la bombe Unleash the Beast en 1997, le groupe de Barnsley n’a jamais dévié de sa trajectoire, renouant avec l’allant du passé pour mieux regarder l’avenir serein et protéger les coffres de sa propre crédibilité.
Mon dernier contact avec le quintet sous la forme de chronique date aujourd’hui de 2013 et la sortie de Call to Arms qui ne m’avait évidemment pas déçu. J’y avais retrouvé tout ce qui faisait le charme de ce Heavy Metal passéiste mais passionné, ces riffs qui selon Biff sont l’essence même d’un morceau, et cette attitude inamovible des héros du passé à qui on ne la fait plus. Pourtant, Biff, depuis son accident cardiaque aurait pu décider de mettre la pédale douce et de ralentir le rythme. Ce qu’il a fait d’une certaine façon en s’accordant une pause, mais en trouvant le moyen de sortir un album solo. Le second souffle a été accordé par Inspirations, cet album de reprises paru l’année dernière qui présentait SAXON sous son jour le plus « fan », mais personne n’espérait vraiment un nouvel album de matériel original aussi tôt. Tout ceci sentait-il le réchauffé ou la mauvaise surprise élaborée à la va-vite pour occuper le terrain ? Penser ceci serait mal connaître Nigel et Biff…
Produit par Andy Sneap, Carpe Diem est à l’image de son titre, et assez révélateur de l’état d’esprit du sieur Byford après ses mésaventures cardiaques. Apprécier chaque jour, se rendre compte de la chance d’être toujours vivant et de pouvoir jouer la musique qu’on aime. Et une fois encore, la musique qu’aiment les anglais reste ce Heavy Metal qu’ils ont largement contribué à populariser il y a quelques décennies, constellé de riffs francs et massifs, et d’incarnations vocales pleines de feeling.
Biff, d’ailleurs, est plus en voix que jamais. Sa stabilité vocale a d’ailleurs de quoi impressionner, et donner quelques leçons à certains vétérans qui ne sont plus capables depuis longtemps de tenir la distance sur scène ou sur album. L’anglais nous donne une véritable leçon de longévité vocale, avec toujours ce vibrato inimitable, et cette assise de puissance dans les passages les plus relevés. On pourra arguer une fois de plus que la production de Sneap nivelle les fréquences pour gommer les aspérités, et n’autorise pas Carpe Diem à gratter sous la peau de ses ongles pointus, mais en écoutant le survitaminé « Age of Steam », on ne peut s’empêcher de penser que le guitariste/producteur a voulu inconsciemment placer SAXON et JUDAS PRIEST sur la même marche du piédestal.
Prévisible, avec des refrains qu’on se surprend à siffloter sans les connaître à l’avance, ce nouvel album de la horde anglaise déboule donc comme un chevalier venant reconquérir des terres qu’il n’a jamais vraiment perdues. Solide comme le Rock, mais fluide et souple quand il le faut, il se veut le plus parfait résumé du SAXON de ces dernières années, avec son mélange de titres up tempo et de morceaux plus épiques et mystiques, à l’image superbe de « The Pilgrimage », qui comme l’a déjà affirmé un fan hardcore sur un forum, « justifie à lui seul l’achat de l’album ». Ceci est sans doute un peu exagéré puisque chaque chanson de ce nouveau chapitre est une raison valable de renouveler sa confiance en SAXON, un groupe qui ne déçoit jamais tout en gardant le même cap.
Mais dites-moi en toute conscience, comment résister au groove incroyable de « Remember the Fallen », qui se rappelle des hits d’antan, les « Dallas 1PM » qui faisaient trembler les foules et qui le font encore, ou au boogie contagieux de « Dambusters », l’autre marotte de Biff et les siens depuis leurs débuts ? Impossible je vous le concède, et la paire Paul Quinn/Doug Scarratt lâche encore la vapeur avec une énergie incroyable, maltraitant leurs cordes sur l’explosif et très Painkiller « Super Nova », pour mieux les pincer avec fermeté sur le Heavy sombre mais mélodique de « Lady In Gray », qui permet une fois de plus à Biff de faire montre d’une palette vocale faite de puissance et de nuance.
Evidemment, les détracteurs pourront souligner le caractère convenu de toutes ces compositions qui recyclent avec flair, mais qui se contentent de donner aux fans leur pain quotidien, qui a toujours le même goût depuis des années. Mais comment nier l’importance d’un groupe qui prend toujours son rôle au sérieux, et qui assume son statut culte depuis l’orée des années 80 ? Qui sort toujours en 2022 des albums de qualité, certes tellement formels qu’ils ont des allures de classique le jour même de leur sortie, mais qui font méchamment la nique à toute cette nouvelle génération d’imitateurs certes doués, mais incapables de trouver l’essence même de la NWOBHM pour ne pas l’avoir connue en temps et en heure ?
En poussant même le bouchon plus loin, SAXON adresse via Carpe Diem un message subliminal à ses collègues de l’époque, toujours aussi ambitieux sur le papier, mais souvent décevants dans les faits. En restant simple et honnête, mais en sublimant les clichés pour en faire des gemmes (« Black is the Night » et son solo magnifique), SAXON nous remplit de joie et se permet même des burners que ses homologues ont abandonnés depuis longtemps (« Living On the Limit »).
Profiter du jour présent. Tout ça sonne un peu convenu et bon-enfant, mais à notre époque, cette devise se doit d’être la nôtre. Et un album de SAXON est un plaisir qui transforme n’importe quelle journée banale en randonnée Metal des plus réjouissantes.
Titres de l’album:
01. Carpe Diem (Seize the Day)
02. Age of Steam
03. The Pilgrimage
04. Dambusters
05. Remember the Fallen
06. Super Nova
07. Lady In Gray
08. All for One
09. Black is the Night
10. Living On the Limit
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