Sans nouvelles des hollandais/allemands de TWENTYDARKSEVEN depuis 2017, l’inquiétude grandissait. Le groupe existait-il toujours ? Allait-il produire de la nouvelle musique ? Un tournant était-il amorcé pour changer de style ? Les questions et interrogations s’accumulaient sur le bureau des doutes, et c’est sobrement, tout simplement, que le groupe international a classé ce dossier, en glissant dans les négociations Catch A Fire, troisième longue-durée tant attendu par les fans. Et c’est toujours sur le label allemand qu’on retrouve le quatuor, Metalapolis Records ayant renouvelé sa confiance après Roar en 2017 et Momentum en 2017.
Formé par des ex-PUMP, TWENTYDARKSEVEN n’a toujours eu qu’une seule ambition artistique. Accommoder les restes du Hard n’Heavy des années 80 (références Ozzy OSBOURNE, BLACK LABEL SOCIETY, DIO, ACCEPT ou DOKKEN) avec une sauce beaucoup plus contemporaine, pour ne pas se coincer dans la case si étroite du vintage à peine relifté. En deux disques, et quelques ajustements de line-up, le groupe a développé ses théories, qui culminent aujourd’hui sur ce Catch a Fire, classique, digne, et logique dans la discographie du groupe.
Marcus Jürgens (chant), Marcel « Selly » Bernhardt (guitare), Christoph Renner (basse) et Markus Herzog (batterie) s’en reviennent donc avec onze nouveaux titres, toujours aussi symptomatiques de leur démarche de relooking. Et encore une fois, la variété de ton s’invite au banquet du formalisme, pour transformer une volonté old-school en vérité contemporaine. Entre Hard vraiment dur et Heavy presque Thrash par moments, le quatuor pousse les meubles, force les watts, mais sait aussi faire preuve de sensibilité au moment d’honorer les mélodies de leur talent, pour nous proposer un panaché rafraichissant.
De là, tout y passe, de l’allusion au passé personnel avec ces clins d‘œil permanents à leur propre discographie, jusqu’aux citations mélodiques prises dans le texte et caractéristiques des hits les plus féroces du Billboard des années 80 (« Broken », non choisi comme single, ce qui est surprenant). De tout pour tout le monde, ce qui semble être leur crédo depuis leurs débuts, et si Catch a Fire ne surprendra personne, il rassurera tout le monde de sa stabilité, de sa puissance et de sa logique dans la continuité.
Excellemment produit pour ne pas émousser la puissance, ce troisième album négocie le virage délicat d’une carrière encore jeune, mais basée sur une longue expérience. Et le quatuor tient à ce que les choses soient claires et imposées, entamant son retour via le tonitruant et explosif « Walking High Wire ». Solo énervé, beat martelé à bonne cadence, chant hargneux et rauque, harmonie en filigrane, ce morceau était sans doute la reprise de contact la plus franche que l’on pouvait espérer, et remet les TWENTYDARKSEVEN sur les rails de la mémoire de façon assez péremptoire, mais honnête.
Les racines allemandes sont toujours aussi présentes, via ces riffs purs et typiquement nationaux, et on sent les musiciens animés d‘un esprit de revanche et d’envie d’occuper le terrain en bandant les muscles. C’est ainsi que le down-tempo de « Hypocrites and Parasites », souligné par une basse aux rondes imposantes ne laisse planer aucun doute sur la forme du quatuor, toujours prompt à fermer son visage pour offrir le regard d’un ensemble décidé et ferme.
Si la carrure du Heavy est évidemment toujours aussi discernable et imposante dans l’ombre, si la guitare de Marcel « Selly » Bernhardt reste dans des graves virils, si parfois l’atmosphère rappelle l’ère amère du Seattle des nineties (« One Light Burning »), les variations plus légères, les chœurs radiophoniques, les mélodies assénées sur des refrains solides font de ce nouveau chapitre un tome important de l’histoire de TWENTYDARKSEVEN qui sans dévier de sa trajectoire, se permet parfois quelques raccourcis notables.
Ainsi, on prend acte du boogie démoniaque de « Wing and a Prayer », très influencé AEROSMITH mais aussi connoté Hair Metal de la fin des années 80, mais on note aussi l’énergie incroyable du burner « Dead in the Water », survolté, léger, mais épaissi aux entournures par un riff classique et cyclique. Et alors que les pieds trépignent sur le très ACCEPT « Blame It on the Moon » et son « fuck you » préfigurant un lick poisseux à faire pâlir un Zakk Wylde revenu de la chasse, la tête dodeline et les lèvres sifflent sur le tubesque « Hideaway », rapatriant du passé un DOKKEN amadoué par les Etats-Unis.
Sans chercher la perfection, en gardant ce caractère brut et ces prises de position sans ambages, TWENTYDARKSEVEN reste fidèle à lui-même, renouvèle le catalogue d’idées sans oser l’innovation, mais lâche un nouveau répertoire qui s’annonce cru et sauvage sur scène. Et entre quelques allusions thrashy (« Undertow ») et ce final marteau-pilon/rouleau-compresseur (« Night Finds You »), aucune baisse de régime ni d’inspiration.
Puissant, confiant, le TWENTYDARKSEVEN cuvée 2021 est impressionnant, et sort de la salle de sport Metal sans aucune goutte de sueur sur le front.
Titres de l’album:
01. Walking High Wire
02. Broken
03. Hypocrites and Parasites
04. One Light Burning
05. Wing and a Prayer
06. Dead in the Water
07. Blame It on the Moon
08. Hideaway
09. Undertow
10. Losing Myself
11. Night Finds You
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