Petite mise au point culturelle. R'lyeh, dans l’imaginaire de notre cher Lovecraft, était une cité imaginaire dont on trouvait la première allusion dans la nouvelle « The Call Of Cthulhu », dont le titre doit certainement vous dire quelque chose…
Lovecraft la décrivait comme une cité engloutie dans le pacifique sud, sorte de prison dans laquelle était enfermé le fameux Cthulhu. Il faut donc voir une analogie entre son concept et celui de ce one man band Américain, qui aujourd’hui sort son premier album, étroitement lié à l’univers de l’auteur, mais porteur d’un concept personnel que je me propose de vous décrire en ces lignes.
Celestial Malefactor traite en fait d’un enlèvement extra-terrestre. Un ancien pilote de la seconde guerre mondiale et sa femme rentrent chez eux en voiture un soir d’orage. Tout à coup, un gigantesque vaisseau alien d’où émane un bruit de sirène assourdissant troue le ciel, Ils sont soudain aspirés par un faisceau jaillissant de cette énorme soucoupe, et l’homme voit sa femme emmenée, avant que lui-même ne puisse s’échapper grâce à des turbulences pour pouvoir rejoindre la terre. Il nous raconte donc son expérience en douze chapitres, qui forment donc la trame narrative de ce premier effort, aussi original qu’il n’est bruyant, aussi avant-gardiste qu’il n’est dissonant.
En l’état, R’LYEH est donc un projet de longue haleine élaboré en solo par Robert Aguilar, qui s’est chargé de la composition, de l’écriture, mais aussi de l’interprétation. Chose assez courante dans le Black, cet album n’en reste pas moins une intrigante entrée en matière qui combine plusieurs influences pour finalement restituer une œuvre personnelle, assez abrasive dans le fond, et résolument anticonformiste.
Si la musique développée sur ce premier LP est plutôt absconse et difficile à assimiler, elle n’en est pas moins riche et troublante. Et comme Aguilar n’a pas choisi la facilité en laissant sa créativité s’exprimer sur plus d’une heure et dix minutes, vous comprendrez de vous-même que l’écoute de ce Celestial Malefactor va vous demander une somme d’efforts assez conséquente, ne serait-ce que par les accointances que le musicien partage avec d’autres artistes comme Mories de GNAW THEIR TONGUES ou même à un degré moindre STALAGGH, sans toutefois atteindre les sommets bruitistes de non-sens de ce dernier projet.
Néanmoins, les pics d’intensité atteints tout au long des douze morceaux de cet album permettent une telle comparaison, et seront à même de repousser les plus aventureux d’entre vous, et d’horrifier les plus sensibles, qui fuiront à toutes jambes cet amalgame de sons discordants, de concentrations de fréquences graves proches du Drone, et de hurlements concentriques censés évoquer l’aventure de ce vétéran errant dans ce vaisseau à la recherche de réponse.
Je ne suis pas certain que l’issue de son aventure hors du commun lui en procure, tout comme Celestial Malefactor ne nous en donne aucune. Ceci étant dit, le cheminement de cet œuvre n’est pas sans logique et cohérence, même dans ses exactions les moins supportables.
Il est possible de la concevoir comme un bloc, qui unirait dans un même ciment les atrocités d’ABRUPTUM avec une version extrême de DEATHSPELL OMEGA, expurgée de tout désir mélodique abordable.
Certes, pour les néophytes et autres adorateurs de bienséance harmonique, R’LYEH ne sera qu’un énième projet bruitiste à ranger sur l’étagère du mépris, mais je ne peux m’empêcher de trouver sa démarche assez envoutante, et son entreprise de déconstruction rythmique relativement fascinante.
Utilisant des changements d’accords étranges et des mélodies atonales, Robert Aguilar trace sa route à travers sa propre imagination doté d’un libre arbitre sans entrave, et nous livre donc un essai conceptuel, parfois proche de l’abstraction du Jazz d’avant-garde, un peu comme si le Zeuhl de MAGMA se confrontait au spectre déchargé d’un BM Ambient et bruitiste à la REVENGE.
Mais loin de se mordre la queue, l’artiste parvient toujours à trouver une piste pour relancer l’attention, comme sur cet étrange et cryptique « Purgatory », qui abuse d’arpèges acides bientôt fondus dans une chape de plomb de riffs dissonants, les moulant à nouveau dans une forme différente.
Le chant en lui-même est assez symptomatique de la démarche globale, et se veut sourd, mixé en arrière-plan, et utilisé comme une troisième ou quatrième piste rythmique plus que comme une expression orale à proprement parler. La boîte à rythme, bloquée sur un beat délibérément excessif n’empêche nullement d’apprécier la brutalité des morceaux, et ajoute même une petite touche synthétique surréaliste à l’ensemble. Mais il est indéniable que nous atteignons parfois des sommets d’abstraction musicale, comme à l’occasion de cet indescriptible « The Ring Of Forfeit », qui abandonne toute structure un tant soit peu agencée pour se livrer à une orgie de cris et une débauche de stridences, rendant l’écoute assez difficile pour toute oreille non rompue à l’exercice du Raw Black avant-gardiste.
Mais faites l’expérience, et si l’intégralité de l’album vous effraie encore un peu trop, tentez l’approche de synthèse par le versant « Dreaming Of Black Holes, » qui en onze minutes et dix-neuf secondes résume parfaitement l’entreprise d’un point de vue non-musical.
Parties rythmiques d’une intensité farouche, riffs concentriques qui soudain se brisent sur les dissonances les plus irritantes, et densification abusant même de percussions sorties de nulle part, pour de temps à autres laisser percer quelques mélodies décharnées, tel est le menu de ce morceau à tiroirs qui ose même quelques arrangements de samples et autres bruitages censés illustrer l’expérience vécue par cet homme à bord de ce vaisseau…
Difficile de décrire avec suffisamment de fidélité ce premier album beaucoup trop personnel et abstrait pour être décortiqué avec un langage clair et concret. Si beaucoup le verront comme une nouvelle abomination bruitiste émanant d’un cerveau dérangé et mis en pratique par un instrumentiste limité, d’autres le percevront au contraire comme une expression de « musique concrète », adaptée à un contexte de Black Metal réservé à une petite catégorie de fans ouverts à toute possibilité.
A vous de faire votre choix, mais si l’on peut reprocher à R’LYEH de régulièrement replacer certains plans cacophoniques sans chercher à les varier, l’étrangeté et la complexité de son travail sont quand même à souligner, et son Celestial Malefactor se pose en premier jet suffisamment intéressant pour générer une suite qui gagnera à être moins abrasive et plus aérée.
A moins qu’il ne souhaite lui aussi finir dans une prison subaquatique comme Cthulhu…Mais pas sûr que Lovecraft de son au-delà ne lui soit d’une grande aide.
Titres de l'album:
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