Même en faisant preuve de mauvaise foi, je ne vois pas comment on pourrait résister à une pochette pareille. Matez-moi ce graphisme dégoulinant qui nous rappelle les meilleures heures gluantes de SOCIETY, BASKET CASE, STREET TRASH et autres friandises goûtues que nous avons dévorées dans les années 80, au ciné ou face au magnétoscope de papa. Un groupe qui part avec de telles références marque des points avec moi, et je remercie Luc Messina aka Gastric Luke de faire preuve d’autant de dextérité fluide au moment de nous plonger dans l’univers singulier de son groupe. Car l’homme à l’alias cocasse ne se contente pas de manier le graphisme, puisqu’il se charge aussi des parties de guitare et de la composition au sein de LIQUID FLESH, l’un des groupes les plus sympathiques et accrocheurs que j’ai pu écouter cette année. Pourtant, en vendant leur truc comme du Death nostalgique, les mecs ne mettaient pas tous les atouts de leur côté. En citant AUTOPSY, CARCASS & ENTOMBED, UNDERGANG, CELTIC FROST non plus, la concurrence étant rude dans le domaine, et la saturation manifeste en ces temps de disette créative. Mais les LIQUID FLESH ne sont décidément pas comme les autres, et font les choses à leur façon, en étanchant la soif de leur passion, qui mélange dans une même inspiration le cinéma noir, d’horreur et de science-fiction et le Death groovy et catchy, dégueulant de riffs par tous les pores, et propulsé par une rythmique impeccable et élastique. Je ne voudrais pas me la jouer chauvin, mais ces grenoblois ont quelque chose de plus que les autres, ceux qui se contentent d’effleurer la richesse de la nostalgie pour se satisfaire de quelques gimmicks. Ici, la musique est traitée de façon très personnelle, et les morceaux s’avèrent tous aussi séduisants les uns que les autres, un peu à la manière d’une partie de bite-volley sur une plage contaminée par des déchets radioactifs.
LIQUID FLESH, c’est d’abord un trio monté en 2014 par Gastric Luke (basse jusqu’en 2016, puis guitare, et un peu de chant aussi) et Glaviar (batterie), ensuite rejoints par Putrid Bruce (basse/chant), une fois le projet remis sur les rails en 2018. Déjà responsable d’un premier LP, Spontaneous Liquefaction, paru en 2016, le groupe représente en quelque sorte la revanche musicale de Melvin, le Toxic Avenger armé de sa serpillière qui prend son pied à trucider ses anciens tortionnaires. Avec des textes signés par Putrid Bruce aka Paul Brousse, qui connaît son bréviaire cinématographique sur le bout des moignons, et une musique signée de Gastric Luke, qui n’est jamais avare d’un reflux groovy, le groupe se repose sur des bases solides, et adopte sans crainte le chant en français pour nous narrer ses exactions. Alors pour être honnête, Chair Liquide est effectivement un hommage au Death d’antan, mais il est à l’image des jeux Mattel, un truc très intelligent qui rend les fans de macabre plus futés sans frustrer leur plaisir sadique. Un machin qui ne se contente pas de piquer les pièces d’un puzzle déjà fait pour les mélanger à nouveau, mais qui créé son propre monde, et son propre univers morbide. Je suis reconnaissant aux grenoblois d’avoir tenté quelque chose de différent, et de nous avoir offert un album avec…une âme, une vraie, pas juste un exercice de style pour prouver que les mecs ont tout compris à Tom Warrior et ENTOMBED. Parce que tout le monde à tout compris depuis longtemps, alors pas la peine de nous l’expliquer avec d’autres mots. Et c’est exactement ce que Chair Liquide ne fait pas. Il joue son truc sans complexes, nous trousse des morceaux aux allures de BO impossibles (l’instrumental et transition « Twin Freaks » est formidable de Jazz louche qui n’annonce rien de bon pour la suite), mais propose quelque chose d’un tant soit peu neuf pour ne pas nous faire tomber encore une fois dans le piège old-school trop facile.
J’adore ce putain de disque, et je n’hésite pas à le dire haut et fort. Il représente ce que quatre-vingt pour cent de la concurrence n’incarnera jamais, un effort créatif et ludique sur un thème usé jusqu’à la corde. Au lieu de nous refourguer à la croche près des plans déjà connus depuis les premières mesures de Left Hand Path, Severed Survival ou Symphonies of Sickness, les trois grenoblois brodent sur des canevas personnels (même si certains licks rappellent méchamment CARCASS, il faut l’avouer), s’approchent du Gore pour mieux taquiner le groove, et nous hypnotisent dès « Vide-Ordures », qui en six minutes bien tassées résume à merveille leur optique syncopée. Après une longue intro qui sent le camion d’éboueurs à deux rues à la ronde, les riffs s’entrechoquent, la dualité vocale se met en place, et vogue la non-galère qui nous entraîne dans un monde d’immondices, de puanteur, de découvertes macabres et de chair qui fond comme les petites marionnettes. Equivalent des efforts de Jim Muro, de Peter Jackson et de la Troma, ce second long de LIQUID FLESH est un monstre surhumain de groove et de saccades finement placées, qui ne joue pas la nostalgie bête et méchante en piquant à untel ou minitel ses idées les plus brillantes et classiques. Truffé de breaks qui tombent pile, méchant mais amusant, ce second LP fait preuve d’une maîtrise incroyable et se pose en private joke la plus finaude de la mouvance vintage. Des morceaux qui s’accordent donc au merveilleux de cette pochette qu’on regarde pendant des heures, et qui nous ramène à la découverte de perles d’horreur durant notre adolescence, qu’on partageait entre initiés.
Si tous les titres répondent au même besoin de faire danser l’auditeur avec ses propres tripes (on imagine bien la scène finale d’Anthropophagous avec un George Eastman twister avec son intestin d’un air goguenard en écoutant « Chair Liquide »), si les accélérations sont toutes judicieusement collées, si la production globale est énorme, c’est surtout la frivolité dans l’abomination qui retient l’attention, cette faculté qu’à le trio de synthétiser le meilleur de CARCASS et de PUNGENT STENCH pour nous trousser comme des catins mortes au son désarticulé de « Necroville », hit impossible de l’extrême qu’on écoute dix, vingt, trente fois sans jamais s’en lasser. Et des exemples comme ça, Chair Liquide en est rempli, et en déborde de tous les côtés. Un peu Gore, un peu médical amateur sur les bords, ce second album est une perle de bile cachée dans un marigot de glaviots, et mérite toute l’attention perverse que vous pourrez lui consacrer. LE truc à mettre sur sa liste de fournitures pour la rentrée. Ah, et évidemment, j’exige un t-shirt. Soyons logique.
Titres de l’album:
01. Vide-Ordures
02. Chair Liquide
03. Necroville
04. Toxic Blues
05. Angoisse
06. Twin Freaks
07. Pluie Acide
08. Morbide Divination
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