L’époque n’est guère à la légèreté, aux fanfreluches, à la rigolade, ou à l’espoir. C’est un fait, il est inutile de le nier, nous fonçons vers un âge sombre qui va tous nous engloutir ou presque. Est-ce pour autant qu’il faut faire la gueule, ne pas prendre le plaisir lorsqu’il se présente, et rester dans son mètre carré de terrain avec un fusil pour ne pas que la haie du voisin n’empiète sur son gazon ? Est-ce que ça changera quelque chose ? Soyons vigilant, n’ayons l’air de rien, mais ayons aussi la chanson, puisque lorsque tout se barre en couille, autant aller siffler sur la colline avec un bouquet d’églantines pour voir si la jolie Sally vient chercher l’amour dans les pâturages.
Et quelle musique plus susceptible de nous faire oublier nos tracas que le Glam joué à la mode années 80 ?
A ce petit jeu, nos frenchies de BLACKRAIN sont parmi les meilleurs, mais évidemment, il faut aussi compter sur l’armada suédoise, aussi efficace que l’Allemagne sur un terrain de football. La Suède depuis des années incarne la quintessence du mouvement revival, le jus old-school, la mémoire facile et les mélodies tactiles. Et avec un chien dans un jeu de quilles aussi bruyant et festif que LIPZ, le pays d’Europe du Nord peut encore faire la fiesta tranquille.
Les autres pays ne sont pas encore prêts à les défier sur leur propre terrain.
Replaçons le contexte. 2018, Scaryman se répand sur la toile comme un virus rose fluo, et le monde fait la connaissance d’un quatuor de fins gourmets, très portés sur le maquillage flashy et les fringues l’étant tout autant. LIPZ formé en 2011 sort enfin son premier album, et les fans de Sleaze sont aux anges. Il y a de quoi, puisque ce premier jet est maîtrisé de bout en bout, et porteur d’une joie de vivre contagieuse susceptible de donner le sourire à un géomètre neurasthénique à la retraite. Six ans plus tard, le quatuor revient cette fois-ci par la grande porte Frontiers avec un second long dans le vanity-case. Un deuxième album qui confirme l’exubérance du premier, et qui propose lui aussi une bombe explosive de tubes en cotillons de toutes les couleurs.
Alex K Klintberg (guitare/chant), Koffe K Klintberg (batterie), Conny Svärd (guitare) et Chris Young (basse) nous offrent avec Changing The Melody un magnifique juke-box qui contient des quarante-cinq tours de TIGERTAILZ, POISON, WIG WAM, CHEAP TRICK, WRATHCHILD, ECLIPSE, PRETTY BOY FLOYD, STEEL PANTHER et plein d’autres friandises qui donnent envie de se coller du mascara, du rouge à lèvres et des fringues que la morale et le bon goût réprouvent.
En ouvrant les placards de ce nouveau chapitre écrit la plume bien raide, on découvre un dressing de luxe avec des hits, des tubes, des riffs fédérateurs, des refrains enchanteurs, en gros, tout pour mettre ses problèmes de côté pendant une petite quarantaine de minutes. LIPZ est aussi proche de la perfection Glam que Rob Halford des fabricants de casquettes en cuir, et les titres joués avec une énergie juvénile nous percutant de plein fouet, comme le regard d’une magnifique blonde galbée présente à la fête de fin d’année.
Vous l’aurez compris, la morosité doit rester au vestiaire, les mines basses sont refoulées à l’entrée, et le videur surveille les back rooms pour virer les ronchons et les grognons. Sur la piste de danse, les nostalgiques de HANOÏ ROCKS, des NEW YORK DOLLS, qui bondissent sur « I’m Going Under », hymne comme seul le Sleaze peut encore nous proposer en 2024. Entre Hard-Rock survitaminé et Glam à la qualité contrôlée, Changing The Melody dynamite le souvenir de FASTER PUSSYCAT pour mieux contrer les offensives terrestres des BLACKRAIN, et nous embringue dans une folie collective dont on ressort groggy, à condition que l’on veuille et puisse en sortir.
Je n’ai moi-même surtout pas cherché la porte, puisque cette musique agressive mais sexy m’a immédiatement conquis, sa puissance et sa romance se partageant à parts égales le butin. Et si chaque morceau ose aller encore plus loin, encore plus fort, la production impeccable permet tous les excès qui finalement n’en sont pas, et même un petit moment de sensibilité sur le tendre « I Would Die For You », qui rappelle le meilleur BON JOVI permanenté, et le TIGERTAILZ de fin de soirée.
Il y en a donc pour tous les goûts, mais surtout le bon goût. Avec une adresse incroyable pour doser les harmonies et les riffs bien tassés, les suédois se montrent sous un jour particulièrement flatteur, et envahissent nos cœurs. Des cœurs qui battent à l’unisson de ces tubes imparables, à l’image speedée de « Bang Bang », qui renvoie le KISS des années 80 dans les cordes, ou de « Stop Talk About ... » qui drague les groupies d’AEROSMITH sans aucun remord.
La formule est éprouvée depuis des années, mais LIPZ se permet de l’actualiser Heavy, tout en louchant sur les préparations de Desmond Child et Vini Poncia (« Bye Bye Beautiful »). Entre le Boys-Band de compétition et le Glam Band de saison, LIPZ colle les amplis à fond, sans prévenir le voisinage ni s’excuser pour son ramage. Les mecs sont pleins de confiance, et nous mettent en transe, en jouant avec les sonorités et les fréquences pour mieux donner la cadence. Une cadence infernale, qui ne laisse aucun répit, et qui nous tire par le bras en cas de coup de mou.
Mais comment bander mou en s’excitant sur « Monsterz » aussi jumpy qu’un kangourou sous ecstasy, ou en louchant sur le décolleté de « Secret Lover », chaloupé comme une carrosserie des années 60, et charnu comme le croupion d’une demoiselle en transe ?
2050 semble être l’échéance de toutes les catastrophes. Ce qui nous laisse encore vingt-six ans de fête éventuelle. Certes, lorsque les côtes seront inondées, on rentrera le matos, mais en attendant, le public attend sa dose. Alors, après nous le déluge, mais en attendant, la pluie fermera juste sa mouille et les catastrophes resteront en arrière-plan. Hop, dans les dents.
Titres de l’album:
01. I’m Going Under
02. Changing The Melody
03. Bang Bang
04. Stop Talk About ...
05. Bye Bye Beautiful
06. I’m Alive
07. Freak
08. Secret Lover
09. I Would Die For You
10. Monsterz
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20
J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09