Un soir de 2017, alors que je glandais sur TikThrash à la recherche d’une compagnie violente d’un soir, je fus contacté par un alias serbe, qui dès le départ, joua la carte de l’honnêteté. KOBOLD, comme il se pseudonymisait, habitait Belgrade, et me confiait une farouche intention de mettre sa ville à riffs et à décibels. Séduit par la franchise juvénile de mon interlocuteur, je le confortais dans ses opinions anarchistes, et le cajolais dans le sens des syncopes. Quelques mois plus tard, je ne fus ainsi pas le moins du monde étonné de retrouver son sobriquet dans la liste des activistes serbes pour la libération de la violence et des attaques soniques.
Ce premier attentat, baptisé Death Parade faisait tout pour mériter son nom, en soufflant toute habitation à des kilomètres à la ronde, avant de laisser place à un silence de mort.
Depuis, KOBOLD et moi avons entretenu une relation virtuelle stable, à base de confessions, de promesses tenues, et autres assertions d’une passion dévorante pour un Thrash original, mâtiné de Progressif et d’évolutionnisme, au gré des étapes cruciales de la carrière de ce dernier. Et aujourd’hui encore, je retrouve avec tendresse cet ami cher sur l’application bien connue, bien que nous ayons tous deux trouvé basket puante à notre pointure.
L’année dernière, le trio infernal m’avait donné de ses nouvelles via Technofascism, démonstration solide et carrée, qui une fois de plus, prônait des valeurs de brutalité maîtrisée et de chaos agencé. Après avoir encaissé le choc des retrouvailles, je ne m’attendais pas à entendre ressurgir la bête du fond de ses enfers personnels aussi rapidement, et pourtant, 2023 est le cadre de retrouvailles inopinées, avec un quatrième longue-durée en guise de bouquet de fleurs. Mais des fleurs sauvages, avec de grosses épines, excusées par un parfum enivrant et des couleurs chatoyantes.
Ainsi, Chaos Head me percutait de plein fouet, et faisait battre la chamade à mon pauvre petit cœur fatigué de tant d’année de lutte.
On pouvait craindre que cette prolixité ne nuise à la créativité du trio toujours emmené par le leader/compositeur/auteur/guitariste/chanteur Elio Rigonat. Flanqué depuis quelques mois d’un nouveau bassiste grave et solide (Mateja Tanjević), et toujours secondé par la frappe épileptique du batteur Pavle "Yopa" Simić, Elio a donc continué ses recherches, tenant toujours à satisfaire son public de morceaux à la limite du psychédélisme, mais les deux pieds ancrés dans la tradition Thrash américaine et canadienne. Et cette nouvelle liste de morceaux avait de quoi faire frémir les aficionados, qui savaient très bien de quoi ces trois-là étaient capables.
Du meilleur, comme du meilleur.
Le pire n’existe pas chez KOBOLD, pour la simple et bonne raison que ce groupe ne choisit que les meilleurs morceaux dans le tas de viande Thrash d’un Rungis délocalisé à Belgrade. Bien qu’agressif au possible, ce Metal biaisé et strié de mélodies bizarres fait partie des plus fins du marché, et surtout, des plus nourrissants. Loin de la nostalgie faisandée qui inonde les bacs à longueur d’année, la musique du trio serbe se veut créative, bien installée dans le fauteuil de son époque, et surtout, d’une puissance à décorner Glen Benton. Il suffit pour s’en persuader définitivement d’écouter le monstrueux « Liminal Space », qui ridiculise les rangs de la concurrence d’un riff à aplatir les crânes des MORTAL SIN, et qui prouve que le genre peut encore étonner et satisfaire.
Et c’est justement ce que j’adore chez ces mecs-là. Ils ne se contentent pas de refourguer le même album sous couvert d’une nostalgie facile, et se creusent les méninges année après année pour offrir des originaux qui n’ont guère à rougir d’une comparaison avec les bestioles des années 80.
Aussi complexe qu’efficace, ce quatrième album fait honneur à une réputation chèrement acquise. Blindé d’arrangements intelligents, mais brutal comme une accolade de Tom Angelripper, Chaos Head est sans conteste le meilleur opus des serbes depuis leur émergence en 2015. Il contient tout ce qu’on peut attendre d’un album de Thrash fier, aussi féroce qu’un jet de bile Death en pleine face, et pourtant, en restant harmonieux et cajoleur.
Des câlins un peu brutaux certes, mais des câlins quand même.
Comme d’habitude, après une intro vraiment travaillée (« Behold The Acid Lords »), Elio Rigonat envoie la sauce à la louche via « Chaos Head », morceau éponyme qui défrise les JACKSON 5 et qui renouvèle la confiance accordée à son projet. Mais loin de se contenter de lapidations express pour épater la galerie, le frontman ose des constructions évolutives toujours aussi passionnantes, et qui se cristallisent sur la doublette « Celestial Gates » / « Merciful Angel », douzaine de minutes épique qui confirme que KOBOLD se détache avec classe de la masse sans être à la ramasse.
Et comme pour se faire pardonner d’ambitions démesurées, ce quatrième album se termine sur une note plus chaotique, via une reprise des gros punks de KARAKONDZULA, et leur « 666 Litara Rakije » qu’on trouvait sur la cassette Beer Metal.
Depuis que je connais les KOBOLD, je ne traine plus trop sur TikThrash. Les gens y sont trop prévisibles et pensent me faire plaisir en récitant du SLAYER ou en balbutiant du SODOM.
Aucun intérêt.
Titres de l’album:
01. Behold The Acid Lords
02. Chaos Head
03. Medieval Cam-Whore Punk
04. Dead Flower Children
05. Fractal Minds
06. Liminal Space
07. Kali Yuga
08. Celestial Gates
09. Merciful Angel
10. 666 Litara Rakije (KARAKONDZULA cover)
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