Chaos Lord

Drakkar

26/03/2021

Punishment 18 Records

Plusieurs facteurs peuvent me faire comprendre qu’il ne faut pas que je m’approche de trop près d’un album. Par exemple, le terme Symphonic Metal. Le Metalcore. True Metal, encore pire s’il est italien. Des obsessions à la Tolkien. Des arrangements de synthés qui sonnent comme la démo d’un jeu moisi sur Playstation One. Enfin bref, tout ce qui est tape-à-l’œil et qui sonne comme du Wagner enregistré par des cuistres qui n’y connaissent rien en musique classique. Alors, a priori, un groupe milanais jouant du Power Metal et consacrant ses textes à l’Heroic-Fantasy, les vikings et autres délires de barbu Facebook, c’est plus qu’il n’en faut pour que je laisse mon clavier se reposer entre deux autres sorties plus pertinentes. Mais les DRAKKAR - à ne pas confondre avec leurs homologues Speed belges - ne sont pas les premiers venus sur le marché, puisque leur carrière a commencé dans les années 90, et que leur premier album est sorti en 1998, récoltant de très bons scores chez les amateurs de Metal franc, épique et mélodique.

Depuis Quest for Glory en 1998, le groupe milanais a produit pas moins de quatre longue-durée, de qualité égale, mais nous avait laissés sur notre faim en privilégiant depuis 2015 le format court avec deux EP’s. Chaos Lord est donc le premier LP en six ans, faisant suite à Run with the Wolf, qui s’il n’a pas croisé Francis Lalanne dans la forêt n’en a pas moins laissé un bon souvenir aux loups de sa meute/fanclub.

Le prince du chaos est donc celui que l’on peut admirer sur la pochette de l’album, tenant fermement son arme en main, et trônant au sommet d’un combat qui s’annonce meurtrier. Le combat mené par le groupe est évidemment celui qui les oppose au False Metal si honni par les membres de MANOWAR, et gageons qu’avec ces dix nouvelles compositions, la bataille va être rude, mais l’issue indétectable. Evoluant dans un registre médian entre le Heavy épique et le Power mesuré, le quintet italien (Dario Beretta - guitare, Davide Dell’Orto - chant, Marco Rusconi - guitare, Simone Pesenti Gritti - basse et Daniele Ferru - batterie) a donc rechargé ses batteries pour entrer en conquérant sur le champ de bataille, et c’est au son de l’intro un peu cheap « The Dreaming City » que l’on redécouvre les troupes. Ce synthé un peu bricolé n’est pas de meilleure augure pour argumenter d’un comeback très attendu, mais heureusement pour nous, « Lord of a Dying Race » fait immédiatement monter la température pour la rapprocher d’une fournaise.  

Bien évidemment, tous les poncifs du Power Metal sont utilisés à bon escient. Les riffs conquérants et simples, la basse qui roule sur les cadavres ennemis, le chant lyrique et puissant, mais tous ces clichés sont détournés pour nous offrir une quête tout à fait crédible. Les soldats connaissent bien la guerre, les musiciens leur métier, et on sent immédiatement que la longévité du groupe joue en sa faveur. Sans transcender les codes, mais sans les trahir, les milanais jouent donc la carte de la sécurité, et ne s’engagent pas dans les tranchées sans savoir où poser leurs pieds. Leurs armes sont rutilantes, affutées, et le combat s’annonce rude, mais noble. Difficile toutefois d’étayer cette chronique d’éléments pertinents, tant la musique de DRAKKAR se veut traditionaliste et formaliste. Bien sûr, certains riffs plus tranchants, certaines mélodies plus pointues viennent attirer notre attention, et la double grosse caisse écrasante de « Horns Up! », soutenue par des riffs en saccade vient excuser les clichés de textes qui jouent la fédération Metal à plein régime. Avec des inserts de cinq minutes, le groupe en donne pour leur argent à ses fans, et appuie sur le côté homérique de son travail, juxtaposant des harmonies Folk sur des rythmiques purement Heavy (« Through the Horsehead Nebula »). Ne rechignant pas de temps à autres à moduler sa puissance, le quintet sait céder à la séduction d’un Hard-Rock plus tempéré, mais reste fidèle à son crédo, et livre une prestation haute en couleurs.

On apprécie le mid tempo très accrocheur de « The Battle (Death from the Depths – pt2) », proche d’ICED EARTH et ACCEPT, mais on savoure aussi la grandiloquence de « And He Will Rise Again » qui traite le Power Metal comme un phœnix renaissant perpétuellement de ses cendres. Le côté folklorique de certaines harmonies, évitant la niaiserie du Folk-Metal le plus lénifiant permet d’aérer l’ensemble, et offre comme d’habitude à l’album des respirations bienvenues.

Chaos Lord est donc le type même d’album imperfectible dans la forme, qui évolue au gré des humeurs et des tensions, et qui devient très digeste lorsqu’il s’autorise quelques embardées. Ainsi, « Firebird » s’impose comme l’hymne qu’il est, et en tant que burner purement Speed/Power, nous replonge dans les années les plus glorieuses de la mélodie agressive allemande, mais aussi scandinave.

A chacun donc de trouver son compte ou pas sur le DRAKKAR et d’accepter la traversée. Et si cette traversée connaît quelques remous désagréables (le conventionnel et éculé « The Pages Of My Life »), elle se termine de la plus belle des façons, en épilogue héroïque qui voit nos héros terrasser leurs opposants dans un déluge de guitares et de nappes de chant lyriques. Retour validé pour les italiens, et même si Chaos Lord ne trônera jamais au sommet de leur production, il est une reprise de contact tout à fait honnête, et une bataille rondement menée. Et c’est déjà pas mal.         

  

                                                                                                                                                                                                        

Titres de l’album:

01. The Dreaming City

02. Lord of a Dying Race

03. Horns Up!

04. Chaos Lord

05. Through the Horsehead Nebula

06. The Battle (Death from the Depths – pt2)

07. And He Will Rise Again

08. Firebird

09. The Pages Of My Life

10. True To The End


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 19/12/2021 à 15:46
78 %    724

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30