Le confinement ne me fait pas que du bien loin de là. Au moment de choisir mes chroniques, et au jugé de leur volume, je suis bien obligé d’effectuer un tri moins drastique sous peine de condamner mon clavier au chômage partiel. Ne voyez dans cette phrase aucune condescendance relative à l’album que je m’apprête à vous présenter, mais il est certain qu’en temps normal, je n’aurais accordé aucun espace à cette œuvre. En effet, elle gravite dans la sphère du Metal Symphonique, genre me déclenchant de sévères allergies auditives, et qui selon moi à toujours privilégié la forme au détriment du fond. A l’image de ces blockbusters sans âme que l’on oublie à peine vus, les albums se succèdent, se ressemble tous, usent tous des mêmes ficelles grossières à base d’arrangements wagnériens et d’envolées vocales à briser du cristal pour rien. Mais en imaginant mettre quelques principes de côté, et accepter le clinquant de la chose comme un décorum amusant et plastiquement baroque, il reste possible d’apprécier certaines chansons pour ce qu’elles sont, et certains groupes meilleurs que la moyenne, sinon plus aventureux. Pour être honnête, je suis sur Facebook depuis quelques années l’actualité de Melissa Bonny, non pour ses indéniables qualités de chanteuse, mais pour son visage merveilleux. Je l’avoue sans honte, et je n’avais aucunement l’intention de m’intéresser à la musique qu’elle pratiquait au sein de son groupe RAGE OF LIGHT. Une fois cette franchise admise, et après avoir regardé les clips d’AD INFINITUM, je me suis dit « pourquoi pas » après tout, avant de me dire, « tiens, ça peut en valoir la peine », jusqu’à lâcher un surprenant, « mais elle est bien cette chanson ». Comme quoi, tout arrive, et d’un léger vice de base découle un intérêt réel pour une musique qui sait parfois s’éloigner des poncifs les plus douloureux.
Comme vous l’avez déjà compris, AD INFINITUM est donc le nouveau projet de Melissa, qui en cette occasion à fait la paire avec le bassiste de FOLLOW THE CIPHER Jonas Asplind, les deux épaulés par le guitariste Adrian Thessenvitz et le batteur Niklas Müller. Comme vous l’avez déjà compris aussi, le quatuor s’épanche donc dans un créneau de romantisme symphonique, avec de méchantes poussées de violence et de puissance qui constituent toute ossature classique contemporaine. Conçu au départ comme un nouveau…départ pour Melissa, qui désirait s’aventurer en solo, AD INFINITUM est aujourd’hui un véritable groupe, cohérent, aux morceaux peaufinés et brillants, qui ose donc mélanger dans un même contexte Power Metal moderne et arrangements symphoniques précieux, pour parvenir à un équilibre correspondant à l’univers que Melissa souhaitait se dessiner. En l’état, la vocaliste ne trahit pas ses convictions. On retrouve donc le charme de sa voix versatile, le plus souvent veloutée et médium, qui ne nous fracasse pas les tympans avec des hululements intempestifs. Musicalement, aucune surprise de taille à attendre de la part de Chapter I - Monarchy, qui comme son nom l’indique est la première partie d’une nouvelle aventure, rien d’autre que des chansons qui tiennent debout, mixant la violence du Metal le moins édulcoré et la séduction en mode majeur d’un Heavy symphonique nuancé. Les influences sont bien évidemment à chercher dans les tiroirs souvent ouverts de NIGHTWISH, WITHIN TEMPTATION, DELAIN et consorts, bien que la puissance de feu et les ouvertures prônées par les suisses nous indiquent qu’ils sont tout à fait à leur place au sein de l’écurie Massacre.
Tout commence en mode bombastic avec l’ouverture « Infected Monarchy », qui bien sûr bombe le torse de sa production éminemment moderne, avec des graves gonflés à fond, une dynamique larger than life, et une atmosphère de fin du monde en soie et strass pour un dernier bal avant l’apocalypse. Et après une intro de claviers tout à fait typique, le Heavy d’AD INFINITUM déboule comme des officiers en costume venant troubler l’assemblée de leur pas martial. A ce moment-là, les choses sont claires, les réfractaires au genre refermeront la parenthèse, tandis que les afficionados se régaleront de ce mélange pas si passe-partout sur lequel la voix de Melissa, très ferme, fait merveille. Je conçois que les haters puisse hater, comme je l’aurais fait moi-même en temps normal, mais il leur sera impossible de nier la somme de travail abattue par le groupe qui se présente sous son meilleur jour, ou sa plus belle nuit. Le mixage, pour une fois n’est pas si fatiguant, nous épargnant le clinquant à outrance pour laisser quelques espaces vides (le Symphonique a horreur du vide…), les mélodies un peu moins insipides que d’ordinaire, et même lorsque le quatuor s’aventure en terrain connu, il s’arrange pour marcher à son rythme et appuyer ses pas (« Marching on Versailles », cinématique, versatile, opératique, mais humble dans son rendu). La voix de Melissa évidemment se veut centre d’attention, mais la musicienne a la franchise de ne pas tirer toute la couverture à elle, laissant ses complices jouer la virilité pour mieux poser ses lignes de chant évanescentes (« Maleficient »).
Je l’avoue, les moments m’ayant le plus convaincu sont les plus modérés, à l’image de la dualité « See you in Hell », opposant des couplets très délicats au chant soyeux, et un refrain explosant d’un Heavy Metal rageur trop longtemps contenu. De la même façon, le très joli « I Am the Storm » est assurément l’un des points forts de cet album, avec sa mélodie envoutante et ses nappes vocales superposées. Dommage que le groupes se sente systématiquement obligé d’envoyer la sauce via des colères rythmiques un peu trop systématiques, et dommage aussi que les claviers aient ce son si synthétique. Mais lorsque les sonorités de piano se superposent à des cordes en effet, et que la voix de Melissa vient survoler le tout, la magie opère indubitablement. Il est toutefois normal que le groupe préfère mettre en avant sa personnalité la plus musclée, et en mid tempo, il parvient à nous convaincre de sa pertinence sur la scène grâce à des inserts diablement efficaces (« Demons »). Autre atout de la formation, sa propension à ne pas balbutier des choses déjà dites. Les morceaux ont la décence de rester sous la barre des cinq minutes, et le chant masculin en growls, présent mais pas omniprésent, ne fait pas sombrer l’aventure dans la routine pénible.
En variant suffisamment les ambiances, tout en offrant à son public ce qu’il réclame, AD INFINITUM évite donc tout autant la redondance que la trahison, et on se prend à apprécier des titres aussi bien faits que « Revenge » ou « Tell Me Why » qui sans faire preuve d’audace, se montrent persuasifs. Je reste un peu frustré de ne pas avoir droit à un seul moment de grâce pure, ce que la voix de Melissa aurait amplement permis, la distorsion et la puissance ne cédant pas un pouce de terrain, mais avec sa pochette superbe, son énergie palpable, et ses quelques pas chassés en dehors de la piste, Chapter I - Monarchy reste une belle démonstration de savoir-faire par des pros, et un nouveau départ promis au succès pour Melissa et ses complices. A noter que la version deluxe du CD propose quelques morceaux en plus (quatre pour être précis), avec une version acoustique, deux versions instrumentales, et un inédit, « This is Halloween », lourd et ludique, mais assez sympathique.
Titres de l’album :
01. Infected Monarchy
02. Marching on Versailles
03. Maleficient
04. See you in Hell
05. I Am the Storm
06. Fire and Ice
07. Live Before You Die
08. Revenge
09. Demons
10. Tell Me Why
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