Si vous vous souvenez bien, nous avions déjà parlé du cas de RüYYn lors d’une précédente chronique. Le projet en était alors encore à ses prémices, et un premier EP se proposait de résumer la philosophie de ce one-man-band en quelques titres bien choisis. Eponyme, ce format court plantait les bases d’une optique clairement rétrograde, fascinée par le Black Metal mélodique des années 90, revu et corrigé 2021 pour rester en phase avec son époque.
Bien que bref, ce premier EP était d’une richesse incroyable. On y trouvait les fondements d’un dogme exigeant, les bases d’une approche passéiste, mais aussi des éléments plus personnels, formalisés dans une combinaison d’influences qui resurgissent aujourd’hui via les six segments sans titres de ce premier long. Sans titres, mais non sans but, et non sans consistance, loin de là. Et Chapter II: The Flames, the Fallen, the Fury, en fausse suite mais réelle préquelle s’impose dans le panorama des sorties actuelles comme l’album de Black incontournable, fascinant, ténébreux, mais duquel irradie quand même une lumière aveuglante. Le paradoxe ne manque donc pas de saveur, et les compositions, fortes et développées nous ramènent aux premiers pas d’une scène nordique nihiliste, mais généreuse en termes de crédibilité artistique.
RüYYn, aka Rx XN aka Romain Paulet, trois noms pour la même créature. Une créature imposante, aux muscles impressionnant, et au mode d’expression ferme. Une fois encore soutenu par l’armée des Acteurs de l’Ombre, le concept prend de l’ampleur, et se permet des choses plus développées qu’il y a deux ans. Mais la base est toujours la même, et les influences aussi. Seule l’ambition a changé de braquet pour escalader les cols les plus ardus, et rejoindre le peloton de tête de la NWOFBM.
On reconnaît immédiatement la patte de Romain, qui se fait les griffes de concert au sein de NATREMIA. Deux groupes pour un seul homme, mais évidemment, RüYYn reste son vecteur principal d’expression, une expression sauvage, brutale et pourtant fluide, comme exposée sans ambages sur ce Chapter II.
Je le disais plus en amont, ce premier long n’est pas une séquelle, mais bien un avant. Sa thématique ? « la déchéance, la folie, la chute de ce monde », soit la quintessence des obsessions artistiques contemporaines, qui se focalisent sur une fin des temps inévitable, mais encore mystérieuse quant à sa formalisation concrète. Et comme le dit très justement le laïus promotionnel, Chapter II est un album beaucoup plus riche et dense que ce premier EP qui avait pourtant marqué les esprits. Avec deux pistes qui une fois unies dépassent le quart d’heure de jeu, Romain a souhaité placer la barre très haute pour avoir un défi digne de ce nom à relever.
Avec panache.
GORGOROTH, EMPEROR, DEATHSPELL OMEGA, MGŁA et BLUT AUS NORD, les références sont nombreuses, plus ou moins pertinentes, auxquelles il convient d’ajouter celles de DISSECTION, MARDUK, ALCEST et MONOLITH. Un melting-pot aux proportions aussi épiques que cette musique qui nous emmène loin des clichés les moins excusables, pour nous plonger dans les affres d’un purgatoire terrifiant, quelque part entre la gloutonnerie artistique et l’avidité mélodique.
Quelques péchés mortels sont donc assumés, pour produire la bande-son la plus adaptée à une fin du monde qui s’annonce plus tôt que prévue. L’acidité des guitares qui paie son tribut aux cordes de l’orée des années 90, les nombreux breaks atmosphériques qui saluent la scène Post Black française, la clarté d’un son qui parfois ose l’exploration des seventies pour sonner plus personnel, le dosage est parfait, et parfaitement traduit sur « Part IV », qui écouté au casque révèle toute sa profondeur ainsi que la rondeur d’une basse incroyable de précision. Le son est donc à la hauteur des ambitions, et l’écoute intégrale de ce disque se fait dans un confort inhabituel, sans pour autant sacrifier cette bestialité indispensable à toute emphase BM.
Habilement construit, se reposant sur une progression macabre de destin qui s’avance dans l’ombre, Chapter II: The Flames, the Fallen, the Fury est une histoire racontée avec foi, récitée d’un ton sentencieux, et crachée d’une voix grave et graveleuse. La grandiloquence est telle qu’on ne peut s’empêcher de penser au BATHORY de la période Viking, qui trouve ici un écho certain dans l’élégance de « Part V », qui use d’astuces à la Euronymous pour mieux rendre hommage au pionnier Quorthon.
Quarante-deux minutes, et pas une de plus. Mais cela suffit amplement pour constater les progrès accomplis par un musicien qui maîtrise de mieux en mieux son sujet, et qui s’annonce des jours de gloire dans un futur très proche. Refusant de choisir entre les deux différents camps (brutalité et harmonie), RüYYn n’en a pas pour autant le cul entre deux chaises, mais bien vissé sur un trône. Un trône qui surplombe son propre royaume, fait de mélodies passées, d’agression constante, et de déviances contemplatives, comme pour tout règne qui se respecte et respecte ses sujets.
Des sujets qui vont rapidement voir leurs rangs grossis par de nouveaux-venus, convertis par cet album d’une perfection rare, d’une majesté aveuglante, et qui pourtant garde son indépendance grâce à un habile jeu d’arrangements sobres, mais terriblement intelligents.
« Part VI », porte de sortie résume d’ailleurs merveilleusement bien ces arguments, et offre un épilogue clair qui s’ouvre sur un avenir incertain. Car on sent que RüYYn a largement les moyens de sortir son magnum opus très rapidement, damant ainsi le pion à d’autres groupes plus établis.
Titres de l’album:
01. Part I
02. Part II
03. Part III
04. Part IV
05. Part V
06. Part VI
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30