En cette fin de lundi, nous voici donc entre gens de bonne compagnie. Les enfants dans ma région étant en congés, je me permets donc quelques libertés, en espérant que les accros à la tripaille bien découpée soient attentifs, puisque c’est surtout à eux que je vais m’adresser. N’ayant jamais été vraiment porté sur la chose Brutal Death, je m’autorise donc une exception aujourd’hui en forme de pied de nez en ris de veau, puisque mes amis mexicains du jour ne sont pas du genre tendre, sans être non plus taillés dans les nerfs les plus résistants. On sait la scène locale très portée sur la brutalité outrancière, qu’elle soit Black, Blackened Thrash ou Death, et les agressifs RAVENOUS DEATH ne font pas exception à la règle comme leur patronyme l’indique en toute franchise. Nous en venant de Guadalajara, Colima, Estado de México, ces preux chevaliers de l’ignominie sonore existent depuis trois ans, et se sont déjà permis un premier EP qui définissait parfaitement de son intitulé leur démarche sauvage. C’est donc en 2017 qu’Ominous Deathcult fit son apparition sur le marché, mettant en exergue certains concepts de Death Grind à tendance légèrement Gore parfaitement crédibles, ce que confirme ce premier long qui ne passe pas par quatre chemins pour asséner ses quatre vérités au romantisme musical. Fan de brutalité maximale, d’accélérations fatales et de riffs en coulée glaciale, soyez donc heureux, puisque vous allez prendre votre pied pendant presque quarante minutes, mais autant vous prévenir que sous des atours plus ou moins primaires, ces musiciens sont tout sauf des bourrins incapables de faire la différence entre une croche pointée et une crotte de nez. Dotés d’une technique très affutée, ces grogneurs de l’absurde parviennent sans peine à nous convaincre de la pertinence de leur démarche, sans chercher à révolutionner leur créneau. En résulte un album solide, compact, qui recèle son lit d’idées séduisantes, à défaut d’être franchement innovantes.
Chapters Of An Evil Transition est donc le fruit des réflexions d’un quatuor (Esteban Salcedo - batterie, Enrique Fray - guitare, Miguel Angel - chant/guitare et Victor Mercado - chant) très au fait de la cause Death/Grind, et qui a largement eu le temps de peaufiner son optique. Se réclamant d’influences globales qu’elle nomme en partie (VOMITORY, TORTURE DIVISION, DISMEMBER, CUT-UP, INCANTATION, MORBID ANGEL, SINISTER, DEAD CONGREGATION, IMMOLATION), l’entité bestiale RAVENOUS DEATH est du genre à ne pas faire de cadeau ni de génuflexion, et à imposer son barouf sans autre raison que de vous faire perdre la vôtre. Et ce premier long est de ceux qu’il est parfaitement inutile de décrire en détail, puisqu’il se conforme à une norme excessive connue depuis la nuit des temps de la barbarie, mais qui reste suffisamment détaillé dans les faits pour se faire une place au soleil de la mort. Et sans atteindre les sommets autrefois conquis par les SUFFOCATION, Chapters Of An Evil Transition reste une sacrée bête de compétition, grâce à une rythmique qui n’épargne pas ses efforts, et qui blaste sans remord. Mais en pouvant aussi se reposer sur des guitaristes qui connaissent leur affaire, le groupe dispose d’un excellent bagage, qui permet quelques fioritures en soli pas sortis des ordures, et en breaks éléphantesques qui permettent de renifler de plus près les égouts les plus immondes de l’underground national. C’est donc une affaire très sud-américaine qui vous attend, quoique les méandres de cette œuvre laisseraient parfois à croire que l’inspiration est allé traîner du côté de l’Amérique du Nord, avec ces riffs coupés au cordeau et cette précision de percussion que les plus grands leaders US ont quasiment inventé à eux seuls.
Et finalement, le crossover SUFFOCATION, MORBID ANGEL et DEATHBOUND semble le raccourci le plus facile pour décrire ce massacre en règle, qui unit dans un même désir nécrophile les tendances les moins avouables de la seconde vague Death US des années 90, et le stupre en snuff du Mexique des années 2000. Doté d’une production sèche qui affute les deux guitares, et qui confère au chant un grain primitif, Chapters Of An Evil Transition n’est pas qu’une stupide course effrénée contre la montre, et fait montre de qualités de temporisation, et de flair de composition, comme le laisse présager la superbe intro funeste « Prelude To Evilness ». Car pour une fois qu’une entame d’album ne sert pas uniquement de décoration, il convient de le souligner, et cette poignée de secondes nous plonge dans le bain sans ménager les effets caverneux, les arrangements souffreteux, assombrissant le ciel avant même que la pluie de décibels ne commence à tomber. Et cette pluie répand ses premières gouttes avec générosité sur « Doomed To Exist », certificat de décès tout à fait crédible, qui étale les cadavres sur la table et les intestins sur le sol. C’est évidemment très gras, très sombre, très rapide, mais aussi millimétré, sans tomber dans la perfection stérile des efforts les plus calibrés. On sent que la mort proposée par les RAVENOUS DEATH est rapide, mais artisanale, comme le démontrent ces boucles de riffs qui tournoient comme des couperets, et qui finissent par s’abattre sur une batterie en pleine crise de démence et pressée d’en découdre. Evidemment, et en toute objectivité, impossible de passer sous silence le caractère assez linéaire du dossier, malgré des tentatives plus élaborées et variées, tel « The Sinister Being », glauque comme un home movie qui tourne mal chez des psychopathes en devenir. Lourdeur, astuces mélodiques vénéneuses, brio instrumental, tels sont les points communs de ces dix morceaux plus approfondis qu’on aurait pu le soupçonner, et qui permettent au quatuor de se hisser hors de la masse grouillante des cavaleurs sans queue ni tête.
Au-delà de ce constat, difficile de rentrer dans les détails sans répéter la même formule de ligne en ligne. Préférant les morceaux courts aux longues digressions en sadisme majeur, les mexicains jouent l’horreur mais ne tombent pas dans le panneau de l’excès, même si certains passages font état d’un dosage sévèrement corsé (« Harvesting Hate »). Pas vraiment d’obédience suédoise, le Death assez brutal du quartet se laisse avaler à grandes goulées, et peut provoquer de méchantes fringales, spécialement lorsqu’il se rapproche des recettes d’origine, sur le lapidaire mais subtilement floridien « Awakening Of The Damned ». Chacun choisira son morceau de barbaque selon sa fringale du jour, mais j’avoue une inclinaison particulière pour le très copieux « Evil Dementia (The Voices Of The Nobodies) » et son cri d’intro sur nappes de blasts très goûtu. Batteur qui ne rechigne pas à lâcher quelques figures, chanteur monolithique mais efficace, guitaristes qui appliquent une méthode rodée, c’est classique mais déchaîné, et finalement, ça passe la barre sans trop prendre d’élan. Une visite guidée des quartiers les plus mal famés de Guadalajara, en compagnie de tour operators qui connaissent bien les mœurs de leur pays.
Titres de l'album :
1.Prelude To Evilness
2.Doomed To Exist
3.Harvesting Hate
4.Evil Dementia (The Voices Of The Nobodies)
5.Awakening Of The Damned
6.Cursed Origin
7.Initiation Ritual
8.The Sinister Being
9.Massacre Cult
10.Soul Consumes By The Occult
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
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26/03/2025, 16:53
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26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
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Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
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