Chapters Of An Evil Transition

Ravenous Death

05/02/2019

Memento Mori

En cette fin de lundi, nous voici donc entre gens de bonne compagnie. Les enfants dans ma région étant en congés, je me permets donc quelques libertés, en espérant que les accros à la tripaille bien découpée soient attentifs, puisque c’est surtout à eux que je vais m’adresser. N’ayant jamais été vraiment porté sur la chose Brutal Death, je m’autorise donc une exception aujourd’hui en forme de pied de nez en ris de veau, puisque mes amis mexicains du jour ne sont pas du genre tendre, sans être non plus taillés dans les nerfs les plus résistants. On sait la scène locale très portée sur la brutalité outrancière, qu’elle soit Black, Blackened Thrash ou Death, et les agressifs RAVENOUS DEATH ne font pas exception à la règle comme leur patronyme l’indique en toute franchise. Nous en venant de Guadalajara, Colima, Estado de México, ces preux chevaliers de l’ignominie sonore existent depuis trois ans, et se sont déjà permis un premier EP qui définissait parfaitement de son intitulé leur démarche sauvage. C’est donc en 2017 qu’Ominous Deathcult fit son apparition sur le marché, mettant en exergue certains concepts de Death Grind à tendance légèrement Gore parfaitement crédibles, ce que confirme ce premier long qui ne passe pas par quatre chemins pour asséner ses quatre vérités au romantisme musical. Fan de brutalité maximale, d’accélérations fatales et de riffs en coulée glaciale, soyez donc heureux, puisque vous allez prendre votre pied pendant presque quarante minutes, mais autant vous prévenir que sous des atours plus ou moins primaires, ces musiciens sont tout sauf des bourrins incapables de faire la différence entre une croche pointée et une crotte de nez. Dotés d’une technique très affutée, ces grogneurs de l’absurde parviennent sans peine à nous convaincre de la pertinence de leur démarche, sans chercher à révolutionner leur créneau. En résulte un album solide, compact, qui recèle son lit d’idées séduisantes, à défaut d’être franchement innovantes.

Chapters Of An Evil Transition est donc le fruit des réflexions d’un quatuor (Esteban Salcedo - batterie, Enrique Fray - guitare, Miguel Angel - chant/guitare et Victor Mercado - chant) très au fait de la cause Death/Grind, et qui a largement eu le temps de peaufiner son optique. Se réclamant d’influences globales qu’elle nomme en partie (VOMITORY, TORTURE DIVISION, DISMEMBER, CUT-UP, INCANTATION, MORBID ANGEL, SINISTER, DEAD CONGREGATION, IMMOLATION), l’entité bestiale RAVENOUS DEATH est du genre à ne pas faire de cadeau ni de génuflexion, et à imposer son barouf sans autre raison que de vous faire perdre la vôtre. Et ce premier long est de ceux qu’il est parfaitement inutile de décrire en détail, puisqu’il se conforme à une norme excessive connue depuis la nuit des temps de la barbarie, mais qui reste suffisamment détaillé dans les faits pour se faire une place au soleil de la mort. Et sans atteindre les sommets autrefois conquis par les SUFFOCATION, Chapters Of An Evil Transition reste une sacrée bête de compétition, grâce à une rythmique qui n’épargne pas ses efforts, et qui blaste sans remord. Mais en pouvant aussi se reposer sur des guitaristes qui connaissent leur affaire, le groupe dispose d’un excellent bagage, qui permet quelques fioritures en soli pas sortis des ordures, et en breaks éléphantesques qui permettent de renifler de plus près les égouts les plus immondes de l’underground national. C’est donc une affaire très sud-américaine qui vous attend, quoique les méandres de cette œuvre laisseraient parfois à croire que l’inspiration est allé traîner du côté de l’Amérique du Nord, avec ces riffs coupés au cordeau et cette précision de percussion que les plus grands leaders US ont quasiment inventé à eux seuls.

Et finalement, le crossover SUFFOCATION, MORBID ANGEL et DEATHBOUND semble le raccourci le plus facile pour décrire ce massacre en règle, qui unit dans un même désir nécrophile les tendances les moins avouables de la seconde vague Death US des années 90, et le stupre en snuff du Mexique des années 2000. Doté d’une production sèche qui affute les deux guitares, et qui confère au chant un grain primitif, Chapters Of An Evil Transition n’est pas qu’une stupide course effrénée contre la montre, et fait montre de qualités de temporisation, et de flair de composition, comme le laisse présager la superbe intro funeste « Prelude To Evilness ». Car pour une fois qu’une entame d’album ne sert pas uniquement de décoration, il convient de le souligner, et cette poignée de secondes nous plonge dans le bain sans ménager les effets caverneux, les arrangements souffreteux, assombrissant le ciel avant même que la pluie de décibels ne commence à tomber. Et cette pluie répand ses premières gouttes avec générosité sur « Doomed To Exist », certificat de décès tout à fait crédible, qui étale les cadavres sur la table et les intestins sur le sol. C’est évidemment très gras, très sombre, très rapide, mais aussi millimétré, sans tomber dans la perfection stérile des efforts les plus calibrés. On sent que la mort proposée par les RAVENOUS DEATH est rapide, mais artisanale, comme le démontrent ces boucles de riffs qui tournoient comme des couperets, et qui finissent par s’abattre sur une batterie en pleine crise de démence et pressée d’en découdre. Evidemment, et en toute objectivité, impossible de passer sous silence le caractère assez linéaire du dossier, malgré des tentatives plus élaborées et variées, tel « The Sinister Being », glauque comme un home movie qui tourne mal chez des psychopathes en devenir. Lourdeur, astuces mélodiques vénéneuses, brio instrumental, tels sont les points communs de ces dix morceaux plus approfondis qu’on aurait pu le soupçonner, et qui permettent au quatuor de se hisser hors de la masse grouillante des cavaleurs sans queue ni tête.

Au-delà de ce constat, difficile de rentrer dans les détails sans répéter la même formule de ligne en ligne. Préférant les morceaux courts aux longues digressions en sadisme majeur, les mexicains jouent l’horreur mais ne tombent pas dans le panneau de l’excès, même si certains passages font état d’un dosage sévèrement corsé (« Harvesting Hate »). Pas vraiment d’obédience suédoise, le Death assez brutal du quartet se laisse avaler à grandes goulées, et peut provoquer de méchantes fringales, spécialement lorsqu’il se rapproche des recettes d’origine, sur le lapidaire mais subtilement floridien « Awakening Of The Damned ». Chacun choisira son morceau de barbaque selon sa fringale du jour, mais j’avoue une inclinaison particulière pour le très copieux « Evil Dementia (The Voices Of The Nobodies) » et son cri d’intro sur nappes de blasts très goûtu. Batteur qui ne rechigne pas à lâcher quelques figures, chanteur monolithique mais efficace, guitaristes qui appliquent une méthode rodée, c’est classique mais déchaîné, et finalement, ça passe la barre sans trop prendre d’élan. Une visite guidée des quartiers les plus mal famés de Guadalajara, en compagnie de tour operators qui connaissent bien les mœurs de leur pays.     

  

 Titres de l'album :

                            1.Prelude To Evilness

                            2.Doomed To Exist

                            3.Harvesting Hate

                            4.Evil Dementia (The Voices Of The Nobodies)

                            5.Awakening Of The Damned

                            6.Cursed Origin

                            7.Initiation Ritual

                            8.The Sinister Being

                            9.Massacre Cult

                           10.Soul Consumes By The Occult

Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 11/08/2019 à 14:19
78 %    976

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Obscura + Gorod + Skeletal Remains

RBD 17/02/2025

Live Report

Doom, Rock'n'Roll & Vin rouge

Simony 10/02/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : le tape-trading

Jus de cadavre 09/02/2025

Vidéos

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

Mold_Putrefaction 28/01/2025

Live Report

Carcass + Brujeria + Rotten Sound

RBD 23/01/2025

Live Report

Antropofago + Dismo + Markarth

RBD 16/01/2025

Live Report

Sélection Metalnews 2024 !

Jus de cadavre 01/01/2025

Interview

Voyage au centre de la scène : MONOLITHE

Jus de cadavre 15/12/2024

Vidéos
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Styx

De rien, avec plaisir amie métalleuse.   

20/02/2025, 19:34

Moshimosher

Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...

20/02/2025, 19:08

Humungus

J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...

20/02/2025, 18:52

l\'anonyme

Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé. 

20/02/2025, 09:27

Simony

Hello Styx, problème remonté à notre webmaster, merci.

20/02/2025, 08:00

Tourista

Ça devient de la chaptalisation ce rajout permanent de groupes.

20/02/2025, 06:42

LeMoustre

Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci. 

19/02/2025, 17:51

Styx

Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.

19/02/2025, 16:32

Ivan Grozny

Merci pour le report, ça me tente bien d'y aller jeudi à Paris.

18/02/2025, 22:44

Jus de cadavre

Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !

17/02/2025, 21:39

Saul D

Moi je regrette quand même le line up des années 80...mais bon....

17/02/2025, 14:08

RBD

Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)

17/02/2025, 13:18

Humungus

Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)

17/02/2025, 06:50

RBD

C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)

15/02/2025, 18:14

Humungus

Super titre !Cela donne envie putain...

14/02/2025, 09:45

NecroKosmos

Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)

14/02/2025, 05:50

Warzull

AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)

13/02/2025, 18:38

Jus de cadavre

Toujours le même riff depuis 35 ans    Mais toujours efficace !

13/02/2025, 17:13

Simony

Excellente initiative, dommage que je sois si loin !

12/02/2025, 07:08

RBD

Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)

12/02/2025, 01:30