Le lendemain de Noël, les mines sont basses, le portefeuille crie famine, le foie hurle sa douleur, et si on a eu la chance de ne pas travailler la veille, on reprend souvent le chemin du boulot, la mort dans l’âme. Pas vraiment le genre de situation idyllique qui permet d’oublier l’indigence d’une société repliée sur elle-même, mais une situation plutôt adaptée à ce réalisme qui nous fait parfois défaut. Les questions fusent : la nouvelle année se profilant va-t-elle être plus clémente, le gouvernement va-t-il tenir plus de deux mois, SABATON va-t-il sortir un album de reprises de Marcel Amont ?
Autant de questions auxquelles je n’ai aucune réponse. Les canadiens de SKAGOS non plus d’ailleurs.
Formé à Courtenay il y a de cela dix-huit ans, ce duo ouvert et pétri d’influences diverses (Ray Hawes - basse/chant et Isaac Symonds - guitare/batterie/chant) s’est exprimé avec parcimonie, signant trois longue-durée en deux décennies, mais aussi de nombreux splits et même un format moyen. Ne pas parler quand on n’a rien à dire, telle est leur devise, et je ne peux que l’approuver. Car elle rend les discours beaucoup plus pertinents et fascinant, à l’image d’Ást, sorti en 2009, ou un peu plus proche de nous, Anarchic en 2013.
Vous l’aurez compris, le silence qui a suivi ce deuxième album pesait depuis bien trop longtemps. Une décennie à rester les instruments posés au coin de la pièce était un laps de temps beaucoup trop long, et nos deux amis ont donc décidé de les enfourcher de nouveau pour accoucher de ce qui pourrait être leur grand œuvre :
Chariot Sun Blazing
Le soleil brille, les oiseaux chantent, mais pour combien de temps ? Dans un registre de Post Black Metal agrémenté de fantaisies Folk et atmosphériques, SKAGOS brouille les pistes, et suit la sienne. Un chemin de campagne, qui traverse les montagnes, escarpé, un peu dangereux parfois, mais qui permet d‘admirer la plaine dans son ensemble. Sur une trame BM classique à la canadienne, le duo brode des thèmes beaucoup plus complexes et hermétiques, par le truchement d’une instrumentation tout sauf classique. Les instruments à vent, les constructions en équilibre instable, et cette volonté d’aller voir au-delà ce qui s’y passe de plus étrange confèrent à cet album un parfum d’aventure, un peu froide, un peu étrange, mais galvanisante pour qui sait nager sans bouée ni gilet.
Confrontation entre ce que le Black peut proposer de plus abrupt, et les images pastel d’un Post-Rock aéré et ventilé, Chariot Sun Blazing est bluffant de variété. Ses teintes offrent un nuancier vaste, et l’acoustique s’autorise même quelques écarts plus ou moins Folk. On en prend note sur l’apaisé « Whose Wings Call Forth the Tides », qui avance à couvert alors que la voix gronde comme un magma bouillonnant, mais aussi sur tous les autres morceaux, par touches fugaces et détails ornementés.
La mer, la lune, les branches, la marée, l’océan, les fleurs sauvages, la nature est donc à l’honneur pour ce mélange de contemplation et d’horreur, qui se cache dans les lignes de chant mixées en arrière-plan pour créer une sous-couche narrative abrasive. Le travail est donc très précis, mais l’inspiration l’est tout autant. En se montrant allusif à la New-Wave, à la rigidité du Post Punk, SKAGOS déterre le cadavre de BAUHAUS, cite le Pornography de CURE, et nous offre l’un des titres les plus démentiels de cette année 2024. « And Endless Ocean of Wildflowers » est un épiphénomène à lui-seul, et l’apogée d’une optique ouverte et en constante évolution. On se noie dans les chœurs de sirènes, on se laisse balayer par la houle d‘un beat élastique, et on se baigne dans les eaux de mélodies en demi-teinte qui peignent le paysage en brossant la toile.
SKAGOS signe la formidable B.O d’un film qu’il vous laisse imaginer. Entre cruauté et empathie, entre générosité et égocentrisme, ce troisième album est d’une beauté formelle très concrète, un ilot perdu au milieu de l’océan, une oasis dans un désert de créativité, et l’espoir que malgré la noirceur, la lumière parviendra à se glisser.
Un peu d’espoir n’ayant jamais nui à qui que ce soit, il est toujours possible, entre les huîtres et la débauche de rêver d’un monde meilleur qui n’existera jamais.
Titres de l’album:
01. Risen
02. In the Burned Out Shell
03. Which in Turn Meet the Sea
04. Broken Branches of the Moon
05. Ecstasy Draws Its Wings
06. Whose Wings Call Forth the Tides
07. And Endless Ocean of Wildflowers
Je n'avais pas été vraiment convaincu par l'album précédent, trop gonflé aux hormones inutilement, là ça respire, ça pue le old-school à plein nez, ça sent l'achat !
29/03/2025, 07:54
On va peut-être vous ouvrir un sujet "La Géopolitique vue de ma fenêtre" dans le forum, ça pourrait vous être utile parce que je ne suis pas certain que ça passionne tout le monde tout cela....En tout cas, étant donné qu'il y(...)
28/03/2025, 17:07
28/03/2025, 09:03
"Oui, comme nous en France en 1914 quand nous voulions récupérer l'Alsace et la Lorraine. Rien de choquant pour moi."Ouais, rien de choquant. Cet idiot utile de Zelensky avait juste faite sa campagne en faveur de la paix.
27/03/2025, 20:46
"Poutine ne s'est pas levé un matin en se demandant ce qu'il pouvait faire ce jour-là, puis a décidé que d'envahir l'Ukraine, ce serait marrant"Ça c'est une certitude, pour Poutine l'Ukraine c'est la Russie. Po(...)
27/03/2025, 20:18
Et l'Ukraine n'a pas respecté les accords de Minsk, Zelensky déclarant même vouloir récupérer le Dombass par n'importe quel moyen.C'est un peu plus compliqué que les Russes ont envahi l'Ukraine (Poutine ne s'est pas lev(...)
27/03/2025, 19:36
Génocide ou pas, il y a un pays qui en a envahit un autre (du moins il essai hu hu). Point barre. C'est pas plus compliqué que ça. Si on cherche à justifier ou excuser ça, le monde va devenir un enfer total (plus qu'il ne l&apos(...)
27/03/2025, 16:49
Je ne vois pas pourquoi les fans Russes du groupe devraient pâtir de la politique de POUTINE et être privés de les voir en live. La prochaine étape c'est quoi ? obliger tous les groupes à arborer un drapeau ukrainien ?
27/03/2025, 15:53
Ce que tu fais MorbidOM, c'est une généralité pour tout un peuple. Marrant, quand on fait ça avec un pays d'Afrique ou du Moyen-Orient, on est aussitôt taxé de "fachos"...
27/03/2025, 10:22
27/03/2025, 06:02
Il me semble que lorsqu'on parle de “désukrainiser” l'Ukraine on est pas loin d'une logique génocidaire.Après mon jugement est peut-être influencé par les massacres de Boutcha ou la déportation de dizaines de milliers d&ap(...)
26/03/2025, 20:47
J'aime beaucoup Céleste mais il était en effet d'une bêtise incommensurable que de faire telle tournée. Après, il ne faut pas se plaindre des conséquences, assez cohérentes avec les vives tensions géopolitiques actuelles.Apr&egr(...)
26/03/2025, 16:53
MorbidOM qui critique ( à juste titre ) les donneurs de leçons... mais tout en endossant lui aussi le rôle de donneur de leçons !!
26/03/2025, 14:33
La Russie organise un génocide ? Il faut faire attention aux mots qu'on écrit parfois.
26/03/2025, 13:42
Merci oui c'était bien eux. J'avais beaucoup aimé leur prestation sans donner suite, c'est l'occasion de se rattraper.@Buck Dancer : sur Reign of infinite je trouve également.
26/03/2025, 13:37
Pour une fois je soutiens complètement les festivals qui ont autre chose à faire que de se farcir ce genre de polémique. Ça n'a rien à voir avec exhumer des paroles volontairement provocantes écrites il y a 20 ans. Et puis on parle quand (...)
26/03/2025, 11:24
Z'ont qu'à également organiser une tournée en Ukraine et y'aura un-partout-balle-au-centre...CQFD.
26/03/2025, 08:33