Avec une pochette pareille, aucun doute sur les intentions : les américains de BEAR MACE nous veulent tout le Death old-school du monde. Et qui y’a-t-il de plus jouissif qu’un putain de Death qui deathe à mort et qui Metal comme une croix rouillée posée sur une fuckin’ tomb ??? Rien je vous l’accorde, et celui des originaires de Chicago, Illinois fait partie des meilleurs du monde, entendez par là qu’il propose le Metal de la mort des années 80/90 remis au goût d’un jour 2K. Formé en 2012 par Mark Sugar, sorte d’hyperactif qui couine dans deux ou trois groupes à la fois, BEAR MACE est une machine de guerre implacable qui n’a pas oublié le détail le plus important de l’univers : le Death doit certes empester le chafouin d’un linceul pas lavé depuis la mort de l’arrière-grand-mère, mais il doit aussi groover comme un malade et proposer des riffs catchy et des rythmiques explosives. Et ça, beaucoup de combos ont tendance à l’oublier, se contentant de refourguer des plans des frères Tardy ou de Schuldiner, sans se demander si les CARCASS n’y ont pas déjà pensé avant eux. Avec ce second LP, les cinq marsouins nous proposent donc un classique de chez les classiques, mais un classique pensé à la moindre note, élaboré du moindre arrangement, truffé de plans qui donnent envie de tuer tout ce qui bouge et de massacrer ceux qui ne portent pas de masque au supermarché. J’avoue, je m’emballe et je deviens vilain gratuitement, mais pardonnez-moi cet enthousiasme. Après avoir encaissé un énorme « Rogue Weapon », je ne suis que joie sadique et délire meurtrier, cette chanson me rappelant pourquoi un jour j’ai embrassé la cause Death jusqu’à m’en pourrir le foie déjà bien atteint.
Les BEAR MACE, en totale autoproduction, dament le pion à des concurrents mieux lotis et se permettent de sortir l’album nostalgique du mois, de ceux qui concassent tout aux alentours mais qui laissent les ruines nettes et bien rangées. Doté d’un son à réveiller un macchabé enterré depuis deux siècles, Charred Field of Slaughter honore les grands anciens floridiens, mais aussi les géants anglais, et célèbre la gloire d’OBITUARY, d’AUTOPSY, de BENEDICTION, BOLT THROWER et évidemment, DEATH. Pas de place au modernisme, mais au recyclage futé, au réaménagement intelligent, et chaque piste de ce second LP est un hit morbide en soi, animé des plus mauvaises intentions. A la limite du War Death que les anglais de BOLT THROWER ont popularisé (« Xenomorphic Conquest »), Charred Field of Slaughter est une mine d’idées à exploiter sur toute une discographie, sauf qu’ici, elles sont concentrées en à peine plus de trente minutes. Après un initial Butchering the Colossus qui donnait un aperçu des possibilités, mais qui restait encore un peu générique et gauche, BEAR MACE a passé le turbo et manipulé la pelle avec plus de dextérité pour mettre en terre le plus de monde possible, et nous exhume des sonorités que l’on regrette depuis l’orée des années 90, tout en apportant à son bloc monolithique cette touche de souplesse mélodique et rythmique qui font les grands albums. Et tout y passe, du mid tempo qui donne des crampes aux cheveux jusqu’au Heavy/Death pilonné comme à l’embaumement, avec en cadeau bonus les clins d’œil à la suédoise qui nous rapprochent de Stockholm.
Et malgré des pseudos très rigolos, ne prenez pas ces mecs pour des clowns. Ils sont très intelligents, et surtout, de redoutables songwriters. En passant le Death de tonton au prisme de la nouvelle vague ricaine des années 90/2000 (LAMB OF GOD, CHIMAIRA et consorts) sans perdre de vue l’objectif de départ, le quintet nous offre le meilleur des deux autres-mondes, et nous propulsent dans un univers peuplé de zombis assoiffés de cerveaux, de goules redoutables, de poussière et de toiles d’araignée qui restent dans les yeux et les cheveux. Pas un morceau qui n’accuse la moindre faiblesse, et si le chant se montre un peu monolithique et atteint d’une crise d’aphtes sévère, les guitares turbinent comme des tractopelles dans un cimetière king size, lâchant des licks qui colleraient une crise de priapisme à un cadavre plus très frais (le très CARCASS « Charred Field Of Slaughter »). Du grand art donc, et pas juste un gros tard de lard faisandé, pour une boucherie de premier choix, qui produit de la barbaque pour tout le monde. On aime quand ça charcle à plein rendement de machette (« Let Crack The Whip »), on aime quand ça empoigne les roubignoles d’une main ferme et sale (« Plague Storm »), et en fait, on aime tout le temps, parce qu’en trente-quatre minutes, BEAR MACE ne perd pas de temps en salamalecs et autres politesses déplacées de remplissage amassé. D’ailleurs, leur Death roule mais n’amasse pas rousse, et si les guitares chauffent au point de sentir le roussi, le tout est cuit à point, mais reste étrangement saignant. J’en prends pour témoin le terrifiant « From The Sky Rains Hell » qui empeste la horde de pitbulls de rue qui n’ont plus de lampadaire sur lequel pisser ni rien à bouffer, et qui commencent à regarder votre cul avec appétit.
Je crois que j’ai employé assez d’images pour vous faire comprendre que Charred Field of Slaughter est un must de Death old-school, et qu’en sus, il est emballé dans la plus belle pochette qui soit, soignée et signée par Matt Altieri. En plus, comme si mes arguments n’étaient pas assez convaincants, les zingues nous laissent sur « Brain Rot », un truc au refrain calqué sur le séminal « Zombi Ritual » de vous-savez-qui. Allez les cadavres ambulants, arrêtez de ronger votre os ou votre frein, et jetez-vous sur cette pâture qui remplit la gamelle d’abats encore frais. Les BEAR MACE n’envoient peut-être pas de spray à la gueule, mais ils giclent des hymnes à la grande faucheuse comme Rocco dégainait les faciales.
Titres de l’album:
01. Hibernation – Destroyed By Bears
02. Rogue Weapon
03. Xenomorphic Conquest
04. Let Crack The Whip
05. Charred Field Of Slaughter
06. Plague Storm
07. From The Sky Rains Hell
08. Brain Rot
Putain c est bon j adore.
Ouh bordel ! "Rogue Weapon" c'est du pur Bolt Thrower. Pas original pour un sous mais assez terrible ! Ca a l'air de bien tenir la route ce groupe. A suivre !
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11