Assez étrangement, ce troisième album de MALEMORT, pochette comprise, m’a fait penser au sublime Musiciens - Magiciens de nos chers ATOLL, non pour quelconques similitudes musicales, mais bien pour cette façon d’appréhender la musique avec un esprit libre, et affranchi de toute contrainte. Les esprits libres sont les plus dangereux pour la société, mais sont aussi ceux qui brisent les tabous, font tomber les barrières, parce qu’ils ignorent le sens du mot « impossible ». Les esprits libres qui ne se posent pas de questions quant à la validité de leur démarche ont toujours été maudits de leur vivant, mais sont immanquablement devenu des références par la suite, incarnant une avant-garde complexe, mais réellement riche. Des artistes maudits, à l’image du VELVET, de SUICIDE, Tom WAITS, Scott WALKER - et la liste est trop longue pour être reproduite ici - qui en leur temps ignoraient les convenances et les querelles de style pour se focaliser sur un point très important : l’expression. Une expression personnelle, comme MAGMA par exemple, et en tout cas, quelque chose très éloigné de la standardisation des époques.
En six ans, MALEMORT est passé du stade d’inconnu sympathique à trublion génial, dont chaque album est attendu comme une nouvelle table de loi de la folie créative. Ball Trap en 2016, avait révélé au monde le visage d’un groupe protéiforme, pas vraiment Metal, pas vraiment Rock, intimiste, exubérant, monsieur loyal d’un cirque de merveilles dont chaque numéro éblouissait les enfants que nous sommes restés. Ball Trap exigeait donc une suite à la hauteur des évènements, et même plus haute encore, au vu des attentes et des espérances. Le jeu live a permis aux musiciens d’affuter encore plus leur pratique, et d’être capables de pondre l’album d’une année, de ceux qu’on loue avec force compliments et lauriers mérités. Et devinez quoi ? Château-Chimères et son nom de grand cru du bordelais est exactement ce que nous espérions dans le secret des alcôves.
Xavier Malemort et sa (petite) bande (Sébastien Lafaye & Sébastien Berne - guitares, les deux musiciens avec lesquels Xavier a créé l'album) nous entraînent donc à la suite des rêves les plus fous en terme de métissage musical, et nous déroulent le tapis noir et blanc pour monter dans les plus hautes tours de son château. Un château certes bien gardé, mais qui laisse entrer les amoureux d’une musique sans attache, sans ancrage, entre Rock, Hard, Pop, Electro, Folk, et pourquoi pas Happiness Metal, entre la MANO NEGRA et KORTATU, entre fougue et passion, entre révélation et confirmation.
Nous avons tous été surpris de découvrir la collaboration entre MALEMORT et DAN AR BRAZ sur « Je m'en Irai », qui sent bon les embruns et la peau tannée par les vents et le sel, mais après tout, rien ne devrait plus nous étonner à propos de ce groupe inclassable, qui pourtant s’adresse au plus grand dénominateur commun. Un groupe capable de défier les suédois sur leur propre terrain (« Quelle Sorte d'Homme ? », binaire jumpy et bouncy qui rebondit comme une superballe dans un salon avant d’atterrir juste à côté du chat), de titiller la tradition Black Metal avec un rageur « Pyromane Blues », entre Power costaud et charge en brûlot, mais surtout d’asseoir son propre style, varié, approprié, décalé, sur l’intégralité d’un album. Un album qui surprendra moins que son prédécesseur, mais qui avec le temps, s’incruste dans les mémoires, avec ce goût de reviens-y qu’ont les œuvres les plus travaillées et fouillées.
La NWOBHM, la scène française des années 80, la fougue d’un Heavy Metal joué dur et précis, comme si les BLASPHEME se trempaient les pieds dans les eaux internationales en nous racontant des histoires régionales, toujours contées avec grâce et talent par Xavier, dont le phrasé se veut de plus en plus précis. Entre chanson française de tradition et Heavy mélodique, MALEMORT s’amuse beaucoup à casser les codes, et nous offre encore de petites merveilles, comme cet irrésistible « Maldoror », qui loin de Lautréamont s’amuse des rengaines anciennes et du Metal contemporain.
L’essentiel en découvrant ce Château-Chimères était de retrouver cette variété de ton à laquelle le quintet nous avait habitués. Et cette variété de ton est justement là, une fois encore, poussant les musiciens à provoquer le spectre d’une chanson française classique dont les chaînes s’entrechoquent sur le Metal espagnol (« L'eau des Fossés »), ou de jouer avec la force et la grandiloquence d’un Metal flamboyant et royal (« Sémaphores »).
Si certains se diront que certains morceaux sonnent un peu simples de prime abord, d’autres constateront immédiatement la richesse de cet enregistrement, qui selon ses auteurs, ramène aux grandes heures du studio du Château d'Hérouville, dans les années 70. La comparaison est osée, le studio étant mythique de chez mythique, et si MALEMORT n’est pas passé par Meetic pour nous séduire, il n’en garde pas moins sa culture précise et son phrasé unique, comme le démontre cette trompette de féria sur « Sémaphores », encore.
Difficile de recenser toutes les raisons poussant à désigner ce troisième né comme le plus grand d’une fratrie unique. On ne sent pas immédiatement tout son potentiel, puisqu’il convient de s’y attarder de longues heures, mais on comprend rapidement qu’il a ce petit plus qui font les grands défricheurs, avec aux commandes des parents/parrains qui osent tout pour stimuler sa curiosité et son imagination.
« Comme une Balle » loin de TAXI GIRL, mais addictif, « Tu m'as Laissé Là », explosif et mélodique, avec une basse concentrique très insistante dans ses boucles, « La Garçonne », lourd et aux percussions chamaniques, « Les Grands-Ducs » et ses syncopes à la RATM dégénérant Rock assez rapidement, le répertoire se déguste comme un grand cru, avec ses saveurs boisées, délicatement amères, et cette pourriture noble flottant à la surface et garantissant un traitement amoureux.
Grande cuvée donc pour les MALEMORT, qui couvrent peut-être moins de terrain, qui cassent moins de chaines, mais qui restent des artistes uniques à la musique inclassable et incassable. On prendra évidemment le temps de disséquer cet album, qui malgré ses quarante minutes, donne le sentiment d’être plein comme un œuf d’idées géniales.
MALEMORT groupe vivant maîtrisant tous les vocables pour produire son propre langage, entre balloche fantôme et concert homérique. Château-Chimères, suite logique, est un endroit bien caché de la foule, mais connu des initiés. Un château merveilleux dans lequel se croisent Byron, Piaf, PIGALLE, MAGMA, Yves SIMON et Dominique Blanc-Francard à la nuit tombée.
Titres de l'album :
1. Quelle Sorte d'Homme ?
2. Pyromane Blues
3. Je m'en Irai
4. Magnitude Pop
5. Maldoror
6. L'eau des Fossés
7. Sémaphores
8. Comme une Balle
9. Tu m'as Laissé Là
10. La Garçonne
11. Les Grands-Ducs
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