Alors comme ça, chers amis Hollandais, vous voulez picorer ? Mais picorer quoi au juste ? Pas du grain comme les poules, car au jugé de votre soif de liberté, je vous vois plus planer avec les aigles au-dessus d’un désert urbain, guitare sous les ailes et slogans blues plein les serres. Et ça, j’aime bien. Le ciel, la liberté, mais aussi l’acceptation que la vie tourne autour de ces villes de béton, qu’on fuit comme la peste avec raison, mais vers lesquelles on converge de nouveau pour retrouver le son.
Ce son justement, le vôtre, est spécial. Il est Blues Rock évidemment, par essence, mais vous ne siphonnez pas les mêmes réservoirs que cette horde de revivalists qui eux se contentent des pick-up des années 50 ou 60, histoire de se la jouer roots.
Non, vos racines à vous sont plus contemporaines, plus smooth dira-on. Pas question de singer l’attitude ascétique d’un Robert Johnson ou d’essayer pour la énième fois de jouer plus profond qu’Eric Clapton ou Johnny Winter. Non, vous, vos cibles sont plus ancrées dans la fin des glorieuses 70’s et des 80’s chamarrées, et vous évoquez les noms d’AC/DC bien sûr, mais aussi celui du ZZ TOP d’Eliminator, avec ces putains de synthés et arrangements électroniques chatouillés par Frank Beard.
Gimmick ? Démarcation pour s’oxygéner ? Peut-être, mais surement pas en fait, et votre dernier album, Cherry Picking le démontre sans détour. Du Rock, un peu sexy, du Blues, salement groovy, et l’union des deux, dans une fête Européenne sans fin qui aurait pu se célébrer au Texas, en Virginie, ou même à L.A avec un peu d’imagination….
Et dire que votre musique la fait fonctionner est un doux euphémisme…
Pour ceux qui ne vous connaitraient pas, mettons le capo sur le manche. Visiblement, votre association n’est pas née d’hier, puisque les origines de votre aventure remontent à 2008, et la sortie de votre premier album, Rough ’n Gritty. Après ? Des concerts bien sûr, qui couplent des originaux et quelques standards repris avec la sueur qui perle au front, et puis un deuxième effort qui n’en était pas un, Sour Milk, qui n’avait d’acide que le lait qui ne s’écoulait pas de ses accords, plutôt portés sur le whiskey.
Depuis, des dizaines de concerts, de la route taillée pour le plaisir, et une articulation en trio (Anne-Maarten van Heuvelen – chant /basse, Elmer Meijers – guitare et Roger Berben – batterie) qui fonctionne à plein régime, ce que démontre sans détour ce troisième longue durée, Cherry Picking qui ne fait pas dans le détail, mais dans le feeling qui remonte jusqu’au nez. Et il faut dire que vous l’avez bien rempli, puisqu’il déborde de dix-sept morceaux, dont quatorze inédits complétés par trois morceaux du EP précédent, Pay My Dues, et avec ça, croyez-moi, il y a de quoi taper un sale bœuf jusqu’à ce que les clubs ferment. Sauf que là, vous n’écouterez pas le groupe en live, mais chez vous, tranquille, alors autant vous passer ses chansons jusqu’au bout de la nuit…
Il y a toujours plusieurs manières de jouer le Blues, surtout lorsqu’il est Rock. On peut se coller sur douze mesures, laisser le soliste bavarder et coucher sur papier quelques mots qui ne veulent rien dire, en tablant sur l’amour inconditionnel des fans. Ou alors, le jouer de façon agressive, en le frottant à la Pop et en laissant le Hard le taquiner du bout de sa distorsion grasse.
Et c’est un peu ce mélange que les Bataves proposent avec ce troisième LP, en vous offrant de véritables chansons bien agencées, pensées mais libres, qui célèbrent l’union virtuelle des TOP, d’AC/DC, de KIX, mais aussi de John Spencer, des DONNAS, et tous ceux qui ont toujours considéré que cette musique pouvait rester viscérale tout en se montrant séduisante et courbée sur les bords.
Alors ça joue certes, mais ça ne « démontre » pas. Non, ça plaque des refrains hautement accrocheurs sur des couplets nerveux, et ça garde les soli sous contrôle, même si une wah-wah démoniaque vient parfois les libérer de leurs chaînes (« Keep On Trucking »).
Et puis cette basse, beaucoup trop lourde et grasse pour se vouloir Bluegrass, ce chant détaché et légèrement goguenard sur les bords (« She Really Got Me Going »), cette approche chaloupée et déhanchée à la Bolan/Bowie (« In Flames »), cette manière de se glisser dans les interstices pour mater le voisin en train de bouger, comme le faisaient ces damnées pestes des RUNAWAYS (« Curls »), c’est trop éloigné des racines pour qu’on ressorte la douze cordes histoire de faire le malin.
Non ici, ce sont les chansons qui priment. Des chansons simples, courtes mais percutantes, mélodiques mais bandantes, qui donnent envie de tout lâcher et de se tailler, pour aller voir si l’ailleurs est ce fameux Barjoland tant promis.
Tout ça sent plus le Rock Austral que le Blues de la Nouvelle Orléans, mais reste plus crédible que pas mal de baudruches dégonflées des nineties.
Alors, on ose des allusions pas toujours très fines (« Travel Pussy », sur fond de riff qu’Angus aurait pu trouver un matin d’été, joué par des STONES en état de priapisme avancé), on pique quelques idées aux JET pour savoir laisser parler les percus avant de gueuler un bon coup (« Rock Out », plus gluant que ce riff, ça devient de la poix trempée dans du suif), on trouve toujours un lick accrocheur qui porte le sac de sa sœur (« Kingpin », ça en concert, je ne réponds plus de rien), et puis finalement, sans en avoir l’air, on signe une quinzaine de compos qui varient les plaisirs, tout en gardant cette osmose de trio…
Les trois acolytes tentent même le feeling plus ombragé et développé sur le suintant « Waiting Aroud », mais finalement, je crois que leur philosophie est bien résumée par ce « Hot Love and Hard Liquor », qui fait danser sur la piste Joan Jett et Joel O’Keeffe, sous le regard complice de Billy Gibbons et Jon Spencer, en chaperons attendris.
En bonus, les fameux morceaux du EP Pay My Dues, qui lui aussi vaut son pesant de Blues, et le compte est bon, enfin surtout pour vous, chers lecteurs…
Puisque finalement, le Rock, le Blues, tout est parti de là non ? Et ça, les BLACK TOP l’ont très bien compris…Ils ne friment pas, ne se la jouent pas, mais jouent beaucoup, avec le cœur, les tripes, et un peu du reste aussi…Et un troisième album en forme d’épiphanie, qui va réconcilier les oubliés avec les vibrations d’une musique pas si simple que ça, qui accumule les watts pour les restituer avec la patate, mais aussi la subtilité des vrais amoureux d’un crossover heureux…
Notez ça sur vos tablettes, si le froid de l’hiver chatouille vos chaussettes. Cherry Picking, c’est du picorage de première classe, même pas en douce, mais à la vue de tout le monde. Et après vous direz que le Père Noël vous a oublié ?
Non, il se souvient de vous. Sauf qu’il ne vient pas du Pôle Nord mais bien de Hollande, et que le reste, il s’en fout.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20