Nous sommes tous des enfants de l'atome. Malgré la volonté affichée de notre ancien ministre de la Transition écologique et solidaire de faire passer l'énergie atomique sous la barre des cinquante pour cent des ressources globales d'ici quelques années, le bastion a résisté, et cette énergie représente toujours la source principale des besoins du peuple. Alors, doit-on craindre l'atome, comme Oppenheimer nous avait prévenus avant que les bombes ne s'abattent sur deux villes choisies pour représenter le massacre de la reddition japonaise ? Avait-il anticipé les cauchemars de Tchernobyl et de Fukushima, et ces retombées radioactives dont les médias des années 80 nous menaçaient au plus haut de la guerre froide ? C'est possible, le potentiel destructeur d'une telle énergie n'étant plus a prouver, mais ce que le scientifique n'avait pas pu voir venir à l'inverse, était le règne d'une poignée de groupes se réclamant de la puissance d'un réacteur central, et utilisant la fission pour propulser des compositions capables de raser une ville entière en quelques riffs bien choisis. Et ceux triés par les finlandais de BONEHUNTER font partie des plus solides du métier, eux qui en font partie depuis une poignée d'années. Fondé en 2011 du côté d'Oulu, ce trio aux pseudos charmants et à l'attirail pesant à d'abord pris son temps pour élaborer ses déflagrations, se répandant au préalable sur des démos, des splits et autres EP's, avant d'enfin nous offrir son premier long en 2015. Nous avions découvert à l'occasion d'Evil Triumphs Again un groupe sûr de son fait et de son potentiel de destruction, utilisant les codes inhérents au Blackened Thrash pour les détourner à ses fins, et capable d'insuffler une grosse dose de mélodie dans son chaos sans trahir la cause. Sexual Panic Human Machine n'avait fait que confirmer la donne, et avait même utilisé des recettes encore plus poussées, et c'est avec une certaine admiration que nous observions les finlandais mûrir, sans pour autant se ranger. Certes, la méthode était d'usage, mais cette tendance à refuser la facilité d'une norme agressive avait quelque chose d'attendrissant, suffisamment en tout cas pour que nous daignions les suivre encore une fois. Et aujourd'hui, avec leur troisième effort, les BONEHUNTER ne dérogent pas à leurs propres règles, et continuent de triompher des éléments pour imposer leurs retombées.
Et sous un sublime artwork signé Joe Petagno, se cache donc l'album dit « de la confirmation » ce Children of the Atom qui confirme en effet que les trois olibrius aux noms de guerre improbables (Syphilitic Satanarchist - vomi/basse, Witch Rider - guitares et S.S. Penetrator – batterie) n'ont pas perdu la main pour composer des hymnes à la débauche un peu plus intelligents que la moyenne. Sans briser le schéma établi depuis leur création, les trois malandrins prennent quelques libertés avec la sauvagerie, et imposent encore des harmonies dans leur tir de barrage ambiant, au point d'évoquer une forme assez sourde et primaire de BM incontrôlé, sur ce terrifiant et radioactif « Black Star Carcass », véritable modèle d'un genre qui ne refuse pas de composer avec la finesse pour marteler des blasts acharnés, au point de se situer à la croisée des chemins et passer la frontière séparant le Thrash du Black, sans en avoir l'air. C'est évidemment très cru, mais aussi futé et velu, puisque la construction de ce morceau va à l’encontre des principes brutaux du combo, et ose des accalmies parfaitement crédibles avant de nous fracasser d'une accélération dantesque. Car il ne faudrait pas prendre les finlandais pour de simples bourrins avides de désolation et d'oraisons, et à contrario de nombre de leurs confrères qui confondent linéarité et éthique, et puissance et démonstration stérile, le trio sait agencer ses idées, et dispose d'une pratique instrumentale confirmée, leur permettant même de nous faire croire à une forme très sauvage de Speed Metal dopée de Punk, sauf bien sûr lorsque le batteur s'affole et tape comme une folle (« Demonic Nuclear Armament »). Toujours aussi Punk dans l'esprit, la sainte trinité nous injurie de son urgence en orgie, et nous fait sombrer dans le marigot d'une humanité prête à tout pour partouzer avant de crever, mais avec un minimum de classe pour que la fesse ne reste pas molle, ou l'inverse. Et au final, on ne sait toujours pas vraiment ce que l'on a écouté, et on se demande si les BONEHUNTER peuvent encore s'affilier au Crust, au D-Beat, au Blackened Thrash ou à une autre forme musicale extrême, sans que cette interrogation en suspens n'empêche d'apprécier leur barouf toujours pas déprécié.
Si bien sûr, références obligent, l'ombre des VENOM, de DARKTHRONE, BULLDOZER, MOTORHEAD, DISCHARGE, BATHORY, est toujours aussi imposante, et flotte au-dessus des horizons chargés des finlandais, on sent que leur inspiration s'évanouit petit à petit pour laisser le trio imposer sa propre vision, qui trouve souvent son apogée dans les morceaux où la mélodie et la tuerie cohabitent en faisant des petits. Ainsi, difficile de ne pas voir en « Sex Messiah Android » un parangon de bestialité, domestiqué pour ne pas faire fuir les plus apeurés, et qui une fois encore place en avant-poste un refrain aux mots comptés, sorte d'hymne paillard pour dégénérés pas vraiment bavards en fin de soirée. Mais sous ses atours les plus bestiaux, le trio ne peut s'empêcher de jouer la séduction lubrique, gardant son stupre sous contrôle, histoire d'imposer son concept dans le cœur des fans les plus exigeants d'une musique virile, mais pas machiste pour autant. On se retrouve donc à faire face à de petits tronçons de romantisme en priapisme, singeant les tics des groupes de Speed les plus échevelés pour les intégrer à une gestuelle Black/Thrash factuelle (« Spider’s Grave », avec un batteur qui fait des siennes et déroule les fills comme à la parade). Et même lorsque le timing s'éloigne des trois minutes imposées, les idées continuent de dérouler, s'appuyant sur un tempo purement fast à l'attitude Punk, pour distiller des mélodies amères en cortège Thrash délétère (« Devil Signal Burst », un peu MAYHEM, un poil PROTECTOR, pour un rendu que les SODOM connaissaient bien après un enivrement de bière pas si bon marché que ça). Certes, les BONEHUNTER n'en sont pas encore au stade des pipeaux et autres volutes Folk de flûtes en réseau, mais cette ouverture d'esprit qui les caractérise leur permet de prendre leurs distances avec la grande majorité des groupes de Black/Thrash cédant à la facilité, ce que démontrent des inserts Heavy intelligemment disposés pour nous permettre de respirer et de chantonner.
Peu importe alors que la recette soit éprouvée, et que les riffs d'album en album semblent se recouper, puisque le plaisir retiré d'une telle réalisation repose essentiellement sur un défoulement permanent. Ce défoulement se concrétise parfois sous la forme de brûlots (« The Reek of The Reaper’s Scythe », archétype du hit Blackened Thrash), et parfois via l'ambivalence d'un Heavy Thrash presque progressif, mais toujours maladif (« Children of The Atom », basse en circonvolutions, arpèges en animation, soudaine accélération, mais toujours sous le joug de la modulation). Et malgré des pseudos à faire rougir de honte les SODOM, et des instincts primaires et solidaires, BONEHUNTER prouve avec Children of the Atom qu'on peut se vautrer dans la fange de l'extrême tout en gardant à portée de main un tube de crème pour en sortir presque immaculé.
Titres de l'album :
1. Initiate the Sequence
2. Demonic Nuclear Armament
3. Sex Messiah Android
4. Children of The Atom
5. The Reek of The Reaper’s Scythe
6. Black Star Carcass
7. Spider’s Grave
8. Cybernetic Vampirism
9. Man of Steel (Spiritus Mortis Cover)
10. Devil Signal Burst
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