La saison est propice à l’introspection, et alors qu’une nouvelle vague de COVID est annoncée, les gens se préparent déjà à se confiner de nouveau. Les pensées sont donc plus ou moins moroses, à l’image de ce ciel gris plombé qui ne nous lâche pas depuis quelques jours. Et lorsque l’humeur n’est pas au beau fixe, quoi de mieux qu’une bande-son adaptée pour se l’enfoncer un peu plus ? Pour cela, il suffit de se rendre au Danemark pour y rencontrer les locaux de PHRENELITH, qui ne sont pas réputés pour être les joyeux drilles à la mode.
PHRENELITH est un concept assez clair, né il y a déjà huit ans à Copenhague, et générateur d’un nombre impressionnant de démos. Pas moins de cinq en tout, auxquelles vous pouvez ajouter une compilation, un split en compagnie des SPECTRAL VOICE, deux EP’s, et un longue-durée, Desolate Endscape, qui non seulement plantait bien le décor, mais agitait l’underground sur ses fondations. Pour autant, le style pratiqué par les danois n’a rien de révolutionnaire en soi : un Death sourd, diffus, parfois à la limite du Black, traditionnel dans les faits, mais constellé de petits arrangements personnels le rendant plus identifiable.
Desolate Endscape n’était déjà pas très gai, et avait de faux airs de rencontre inopinée entre GNAW THEIR TONGUES et dISEMBOWELMENT lors d’un enterrement anonyme. Entre la force brute d’une rythmique infatigable et les cris sourds d’un brailleur en chef au caractère pas commode, l’ensemble fleurait bon le Crossover géant, et le Doom/Death d’esthètes avec une culture certaine derrière eux.
Quatre ans plus tard, et trois après son dernier témoignage discographique (Le moyen-format Ornamented Dead Eyes, 2018), la créature pluriforme revient, et visiblement, n’a toujours pas trouvé l’amour ou une raison de vivre valable. On note dès la sublime pochette que le propos ne sera guère différent, et les premières mesures de « Awakening Titans », l’un des deux pavés de l’album, nous entraine dans un univers contrasté, au sein duquel les mélodies maladives affrontent la brutalité la plus froide.
Archétype du groupe underground qui refuse la moindre concession, PHRENELITH n’en est pas pour autant une réunion de bourrins incapables d’affirmer leur propre opinion. Si le son ramène aux grandes heures de Sentient Ruin et Putrid Cult, c’est pourtant le label grec Nuclear Winter Records qui se charge de la distribution (pas grand-chose à se mettre sous l’oreille, à part PLAGUE BEARER), mais la production de l’album ose une sorte de panaché entre les approches suédoise et américaine, avec cette basse grondante, ces graves omniprésents, et cette guitare qui mouline en arrière-plan les sempiternels riffs circulaires. Si mes arguments semblent indiquer une déception old-school habituelle, il n’en est rien. Car malgré ces ingrédients convenus, PHRENELITH parvient à créer une atmosphère unique, glauque, ténébreuse, et à nos captiver de son talent pour agencer les idées et imbriquer les plans. Le même « Awakening Titans » est un modèle de Death brutal et progressif, avec des passages très clairs contrastant avec des embardées nocturnes peu rassurantes, et les sept minutes passent comme dans un cauchemar dont on n’est peu sûr de pouvoir s’extirper.
Même constat pour l’épilogue « Chimaerian Offspring - Part II », plus ou moins bâti sur les mêmes fondations, auquel nous pouvons ajouter sa première partie, « Chimaerian Offspring - Part I », avec qui il forme un diptyque ambitieux. La méthode est la même, une intro délicate et venteuse, aux arpèges glacés, une explosion de puissance, suivie d’une litanie plus ou moins lourde, à l’accordage gravissime. On reconnaît à la patte des pionniers du Doom/Death, INCANTATION, mais dans un esprit plus ouvert et perméable à des idées mélodiques. Certes, le propos revient vite dans le giron de la bestialité clinique, avec ces accélérations dantesques impromptues qui cassent les reins, et ces passages écrasants à la double grosse caisse insistante, mais cette façon de mélanger les inspirations, et ce flair au moment de les enrober dans une attitude distanciée font que Chimaera sonne très personnel, et beaucoup plus riche qu’un énième produit contrefait basé sur une nostalgie facile.
Outre ces trois morceaux conséquents, l’album recèle aussi des segments plus brefs et immédiats, terriblement efficaces, comme cet impitoyable « Gorgonhead », qui mixe la précision d’un DEATH avec la cruauté d’un SUFFOCATION. « Phlegethon » lui aussi prône des valeurs d’abrutissement par la lenteur, et se révèle savoureux et épais en tympans. Outre les plans principaux, chaque morceau bénéficie d’arrangements bien sentis, qui en rajoutent dans la froideur, sans verser dans le trop plein grotesque.
Ajoutez pour un bilan exhaustif une courte boucherie (« Kykytos »), un interlude harmonieux à la grecque (« Χίμαιρα »), une durée concentrée (à peine une demi-heure, parfait), et vous obtenez l’album de Death/Doom/Black de cette fin d‘année, persuasif, méchant, létal et solide. Alors, si votre humeur est encore plus maussade qu’avant de lire cette chronique, c’est normal, c’est voulu. Il ne vous reste plus qu’à vous enfoncer encore plus dans la névrose en savourant cette tranche de mort.
Titres de l’album:
01. Awakening Titans
02. Chimaerian Offspring - Part I
03. Phlegethon
04. Gorgonhead
05. Kykytos
06. Χίμαιρα
07. Chimaerian Offspring - Part II
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