Nous avons un mauvais souvenir avec l’Argentine non ? Une sorte de contentieux, voire une défaite en finale de la dernière coupe du monde, et un gardien un tantinet provocateur ? Qu’à cela ne tienne, n’en voulons pas à ce pays qui régulièrement nous arrose de son Thrash savoureux et heureux. Le foot est une chose, une religion pour certains, mais la musique en est une autre. Une religion aussi, assez violente, mais qui prône le partage, l’empathie et surtout, une union dans la débauche que le Thrash illustre avec une acuité parfaite.
Alors, bon, hein…entre le foot et le Thrash, le choix est vite fait non ? Surtout lorsqu’il est joué par les féroces FINISH HIM, qui en cette ignoble année 2024 sortent leur premier album en autoproduction. On a tous joué à des jeux de combat sur console, baston entre deux monstres animés qui se déchiraient les entrailles et se décapitaient en braille, et nous avons donc tous vu à un moment donné sur l’écran la fameuse injonction « finish him !!!», avec deux, trois ou quatre points d’exclamation.
Voilà, donc pour la faire simple et à l’endroit, FINISH HIM est l’équivalent musical de ce dernier coup qui achève l’adversaire, qu’il soit de boule, d’épée, de laser, de flammes ou de fumée. Quatuor travailleur et honnête, ce groupe de Córdoba met en avant de belles qualités de pugnacité, et un panache indéniable dans l’agencement des idées les plus simples et donc les plus efficaces.
Fer (basse), Mauro (guitare), Cuca (chant) et Santi (batterie) représentent leur pays avec la hargne des tordus, ceux qui ont grandi sous l’influence des années 80, cette période formatrice puis déformatrice qui nous a donné les plus grands chefs d’œuvre du genre. Très influencé par la scène Crossover de l’époque, Choose Your Destiny nous ramène au vert fluo que les orchestres les plus braillards utilisent toujours, pour bien souligner qu’ils font partie de la famille. Une famille qui joue vite, qui joue soudé, qui joue fluide, les poings serrés. Il est donc assez logique de retrouver un peu de tout dans ces huit morceaux servis chauds, qui mixent avec bonheur SLAYER, EXCEL, GAMA BOMB, LEEWAY, HOLY MOSES et autres références majeures.
Efficace jusqu’au bout du médiator, le quatuor rentre dans le lard mais pas dans le rang. On soulignera avec insistance le rôle prépondérant d’une énorme basse qui claque comme un fouet sur les fesses de Jus de Cadavre, et qui occupe un bon quart du spectre sonore sans ambages. La guitare dès lors peut se laisser aller à des motifs traditionnels, évidemment très saccadés, tandis que Santi cogne comme on secoue des spaghettis.
FINISH HIM pourrait éventuellement passer pour un cousin éloigné de nos chers RIGOR MORTIS, en plus posé, et en moins débridé. Mais à vrai dire, les argentins la jouent si classique qu’on peut reconnaître ce qu’on veut dans leur musique, pour peu que l’on ait une culture Thrash d’un bon niveau.
D’aucuns me diraient d’ailleurs que la musique est à ce point générique qu’il pourrait s’agir de n’importe qui. C’est en partie vrai, mais la bonne humeur générale excuse bien des facilités, d’autant que nos amis du jour pondent parfois des hymnes dignes de NUCLEAR ASSAULT (« Mass Disaster »).
Pas de quoi s’affoler donc, mais de quoi se sustenter. Un bon équilibre sonore, la rugosité indispensable, un investissement indéniable, malgré des plans qui sont parfois reproduits à l’identique. Mais comme les à-coups rythmiques sont précis et réguliers, que le chant est juste assez vicieux, que les passages plus Heavy nous mettent en joie (« Celestial Slavery ») et que la pochette est très significative en soi, on se laisse happer sans grande résistance dans ce vortex de violence, qui sait rester raisonnable.
« Anti NWO » et « Violent Fun », doublette d’ouverture tonitruante, « Righteous Kill », résistant et viril, « The Old School Comes Back » en aveu d’allégeance que tout le monde avait admis depuis longtemps, FINISH HIM est un genre de parangon nostalgique qui recoupe toutes les anciennes tendances et qui finalement, s’en balance. Et nous aussi, puisque Choose Your Destiny est bien joué, bien emballé, et qu’il nous file un bon coup de pied. Où vous voulez d’ailleurs.
On ne peut donc décemment pas en vouloir à l’Argentine de nous avoir privés de sacre. Sans s’excuser, le pays exporte avec générosité, ce qui a le don de provoquer le pardon. Pour peu que son Thrash reste béton.
Titres de l’album :
01. Anti NWO
02. Violent Fun
03. Living Lie
04. Reptile Conspiracy
05. Mass Disaster
06. Celestial Slavery
07. Righteous Kill
08. The Old School Comes Back
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