Joost van der Graaf.
Lu d’ici ça sent le nom de personnage de film français, genre producteur belge ou investisseur néerlandais un peu véreux et peu scrupuleux qui va faire entrer la mafia dans une entreprise familiale honnête. Le chien dans un jeu de quilles, le grain de sable dans la machine, mais des capitaux conséquents et un bagout convaincant et rassurant. Sympa, ça rappelle l’époque des trois chaînes sauf que le pauvre Joost qui n’a rien demandé, n’est ni véreux ni mafieux, mais bassiste de talent très recherché sur la scène extrême, qui a inscrit à son CV des références fameuses. Pensez-donc, surtout connu pour avoir intégré PESTILENCE il y a peu, mais aussi pour ses prises de position actuelles et passées au sein de CYPHER, I CHAOS ou DEW-SCENTED, et surtout, SINISTER (bon ok, pendant un an seulement), Joost est le type même de jeune mercenaire qu’on appelle quand on a besoin d’un soutien rythmique solide, et qui s’exécute avec brio.
Sauf que les bassistes, souvent relégués au fond de la scène dans la pénombre des amplis ont aussi quelque chose de personnel à dire, et depuis longtemps. Les années 70 avaient révélé les plus gros morceaux, Pastorius, Clarke, et depuis, et quelques Claypool et Trujillo sur le chemin, le rôle ingrat a été revu et corrigé en mode pilier soliste qui a des notes à lâcher et des harmonies à plaquer.
Mais qu’est ce qui peut donner envie d’écouter un album solo de bassiste finalement ? L’envie de se taper des gammes montées et descendues comme à la parade ? De se prendre des grosses baffes de slap pendant une heure ? L’amour des graves ? Un peu tout ça, mais surtout, autre chose qu’un album de guitariste qui n’a que quatre ou cinq cordes mais qui souhaite être reconnu comme un héros comme les autres. Alors bien sûr, il vaut mieux éviter la facilité, et tenter quelque chose de plus enrichissant, pour soi-même et pour son public éventuel. Après, un bassiste purement Death qui propose un cocktail de Funk, de Fusion, d’expérimental et de bric-broc, c’est assez incongru, et…bizarre. La méfiance est donc de mise, et si le grand Les a depuis longtemps converti les amateurs de basse au monde du cirque et du burlesque, tout le monde n’a pas son talent. Mais Joost van der Graaf en a. La preuve.
CHOREOMANIC, bien que portant la marque de son maître qui a tout composé, joué de la basse et des percus, manipulé les samples et laissé sa gorge s’exprimer, est un groupe, avec des cuivres (Jeroen Verberne - trombone, Tommie Freke - sax, Gidon Nunes Vaz - trompette), un batteur inventif et équilibriste (Koen Herfst) et un claviériste pro qui ne s’impose pas, mais un peu quand même (Thijs Ronteltap). Soit un ensemble soudé, autour d’un projet viable et d’une idée porteuse : jouer du Funk comme du Jazz, le tout avec la puissance d’un Metal à décorner Miles Davis.
Pour autant, aussi expérimental soit-il, le projet n’est pas avant-gardiste. Pas question de sombrer dans les affres d’un Free-Jazz-Metal, mais bien de combiner des influences iconoclastes, celles citées par la bio, PRIMUS/MR BUNGLE/ ZAPPA/INFECTIOUS GROOVES, et de les adapter à un public qui aime les condensés juste un peu moins fous. Mais en écoutant un « Off With The Figurehead », on ne peut s’empêcher de penser à la vague Zeuhl des années 70, réimplantée dans le cerveau d’un thrasheur un peu étrange, réconciliant tous ses genres de prédilection. Mais qu’est ce qui a bien pu passer par la tête de Joost pour pondre un truc pareil ???
That’s probably the greatest joy when creating music: having no idea what you’re doing! Being pleasantly surprised by the total sound, I decided to stay on this path. It resulted in something I never thought I would ever do, but apparently, I just did…. Why not go all the way then? Honestly? I’m not even sure there ARE any fans for this, but I do know that listeners of PESTILENCE for instance, or of one of the other death metal bands I was part of, will probably be a bit surprised at least. I like to think that crazy people (like myself) will appreciate this.
En gros et en VF, pourquoi pas, et donc acte. Et Joost n’a aucune raison de s’inquiéter, il trouvera des fans pour apprécier ce travail à sa juste valeur. Parce que ça swingue, parce que ça valse, parce que ça tangue, parce qu’évidemment, ça groove de malade et ça gigue dans tous les sens (« Time To Let It Out »), parce que c’est rythmiquement imparable, parce que ça fait penser à du MORPHINE tapant le bœuf avec DIABLO SWING ORCHESTRA dans un bar d’Amsterdam, parce que parfois, la sensibilité mélodique perce à jouer les intentions plus intimes (« Calling God »), et plus simplement, parce que c’est court, délirant mais pas trop fou, et parce que ça tient debout sans faire d’effort et sans béquille.
Joost van der Graaf ou CHOREOMANIC, c’est la même chose, mais l’investissement est bon. Et le retour sur capital aussi.
Titres de l’album:
01. This Is Not A Drill
02. Spun Sugar
03. What You Get
04. Red Flags
05. Choreomanic
06. Walk With Urgency
07. Off With The Figurehead
08. Time To Let It Out
09. Calling God
10. Take The Money Give It To Me Now
11. Story About The Moon
12. Away From The Sun
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