Alors comme ça, les débuts de la scène Speed Thrash vous manquent ? Vous avez connu tout ça à l’époque et vous vous sentez un brin nostalgique ? Vous n’étiez pas né et vous le regrettez ?
Je vous comprends. J’ai moi-même été témoin de pas mal de balbutiements, et cette période glorieuse me ramène vers elle à une fréquence très régulière. Ma mémoire n’est certainement pas étrangère à ce va-et-vient temporel, mais il faut aussi prendre en compte le fait que de nombreux et jeunes groupes font ce qu’ils peuvent pour ramener les souvenirs à la surface par leur choix d’occulter toute évolution étant intervenue entre-temps. Le revival Thrash ne peut plus être ignoré par les fans d’extrême, son ampleur est désormais suffisamment vaste pour que tout le monde se sente concerné.
Et bien souvent, le travail de mimétisme est tellement flagrant qu’on se prend au jeu de dupes, acceptant de « faire comme si », et de chroniquer des albums contemporains comme s’ils étaient paru il y a trente ans. Il faut dire que parfois, les similitudes sont tellement flagrantes que l’on peut nous excuser ce subterfuge, puisque les musiciens font vraiment tout pour qu’on y croie.
Et si la musique est bonne, le plaisir se mélange au travail, et personne ne se sent floué.
Mais il arrive souvent que le cas soit un peu tangent. Il suffit d’une inspiration un peu flottante, de redites un peu trop flagrantes, et on a du mal à se laisser aller, en se disant que quelques efforts eurent permis de s’y croire avec un peu plus d’aisance.
Prenons le cas assez intéressant des chiliens de SINS OF THE DAMNED. Formé en 2013, ce quatuor de musiciens aux sobriquets ne cachant en rien leur fascination pour le Thrash boom de 1983/84 (Slayer – basse, Maot – guitare, Razor – Chant/guitare et Tyrant – batterie) a déjà sorti deux démos (Rehearsal Promo en 2014 et Declaration of War en 2015), un EP (Death's All Around You, 2016) et un split avec leurs collègues de CRIME (God Is Not Here Tonight, un peu plus tôt dans l’année…).
Ils nous proposent donc de retrouver la quasi intégralité de leur œuvre via cette compilation qui tombe à pic, distribué à deux cents exemplaires physiques par le label chinois Thanatology Productions, qui a dû sentir le bon filon vintage.
Vintage, convenons-en, mais de quel genre ? Alors, disons que si les premières démos de VENOM, DESTRUCTION, SODOM ou BULLDOZER font partie de votre playlist annuelle, Chronicles of Disgrace devrait les y rejoindre assez vite. Comprenant tous les morceaux de leur EP et ceux du split partagé avec CRIME, ce sampler vous offrira un point de vue global du jeune parcours de ces pourfendeurs de Metal édulcoré, qui ne l’abordent que sous son angle le plus cru et primitif. Est-ce pour autant que la livraison est bonne ? Sachant que le CD est vendu sur le Bandcamp du label au même prix que le téléchargement simple (soit treize dollars), je reste dubitatif quant à l’intérêt de son acquisition, même s’il faut bien que les petits groupes puissent survivre eux aussi.
Néanmoins, la musique présentée sur les dix morceaux de cette compilation est légèrement roborative, pour ne pas dire bourrative, en restant aimable. Les titres se suivent et se ressemblent pas mal, et sont de plus fréquemment blindés de samples, dont de longs dialogues de films. Ainsi, « Death's All Around You » frise les huit minutes grâce à des pans entiers de Silence of The Lambs, et cette fameuse scène opposant Clarice et Lecter dans les murs de l’institut psychiatrique. Inutile de dire que le dernier segment du morceau est donc un peu longuet, et qu’il aurait raisonnablement pu être ponctionné de quelques minutes, sans que personne n’y trouve rien à redire.
Certes, le côté bestial est assez sympathique, et renforcé par une production qui adopte la patine « démo », sans pour autant ressembler à un brouet sonore imbuvable. Les guitares sonnent plus ou moins comme des scies sauteuses en action, et la rythmique nous ramène à la magnifique époque des deux premiers méfaits de SEPULTURA, lorsque les ingés-son ignoraient encore les mots « compression », et « puissance ».
Mais loin d’être gênant, ceci serait plutôt un bonus qui colle à la peau décomposée de chansons qui vont droit à l’os, et qui vous rongent les oreilles sans pitié.
Et quand ça fonctionne, ça fonctionne. Impossible de résister à des brulots de la trempe de « Sentenced To Lies » et son crossover génial entre MOTORHEAD et SLAYER, ni à « Too Drunk », qui singe le chaloupé Punk des DEAD KENNEDYS en le molestant d’un chant digne du meilleur ATOMKRAFT.
Speed, Punk, Thrash, SINS OF THE DAMNED est tout ça à la fois, mais à salement tendance à jouer la montre et à replacer des plans similaires avec un peu trop de régularité. De fait, des interventions comme « Day After Day », malgré ses quelques idées mélodiques bien troussées tarde un peu à tirer le rideau, d’autant plus que ce dernier est encore levé via un sample tout à fait superflu.
Le même reproche peut-être formulé à l’encontre de l’ouverture « El Pecado De Los Malditos », qui sonne plus ou moins comme un très long « Black Metal » de VENOM, sans le génie de la brièveté sauvage. D’ailleurs, le son n’a même pas été retravaillé par rapport aux versions d’origine, ce qui renforce ce côté « pris sur le vif », parfois un peu gênant entre les segments.
Mais les guitares virevoltent, le chant mord grave, le batteur suit une ligne de conduite inamovible de vitesse, et la basse fait ce qu’elle peut pour s’imposer, tant bien que mal.
Si vous ajoutez à ces différents constats le fait que les deux derniers morceaux sont des versions live (au rendu très honnête cela dit, sauf pour la grosse caisse qui bourdonne) déjà présents en option studio, le bilan est mitigé et déséquilibré. Chronicles of Disgrace se drape quand même d’une pochette très réussie, et reste un intéressant témoignage de la vitalité de la scène chilienne, de plus en plus présente dans l’underground, mais qui a une fâcheuse tendance à se concentrer sur elle-même et ses propres souvenirs de jeunesse.
Titres de l'album:
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