Le 1er mai, c’est la fête du travail, mais c’est aussi le muguet. Ces jolies clochettes blanches qui sentent bon et qu’on vient vous piquer dans votre jardin pour les vendre sur les ronds-points. Un jour chômé comme les autres jours chômés, mais pas pour tout le monde. Certains en profitent pour sortir de l’ombre et nous fracasser le crane d’un élan brutal assez redoutable. Pour ne pas dire flippant.
SCOLOPENDRA, on connaît. Deux solides albums de Death/Thrash ou l’inverse, mais aussi un long silence. En presque vingt ans, le quintet parisien aurait pu encore plus faire parler de lui, mais a choisi de se terrer dans la pénombre durant de longues années, celles qui nous séparent de The Alienation Spread, brûlot bestial et chirurgical que personne n’a oublié. Et surtout pas moi.
Citadel Of Torment arrive donc à point pour qu’on se fourre les clochettes dans l’oignon, sans se plaindre, sans se montrer grognon. Après les turpitudes macabres de BENIGHTED, SCOLOPENDRA enfonce le clou, histoire que les acouphènes ne baissent pas en intensité. Et avec six morceaux pareils et une science exacte du découpage, attendez-vous à des nuits de bruit constant dans les tympans.
Mais qui n’aime pas être sourd après avoir digéré un album de cette trempe ?
Thomas "Noué" L'Hoir, chanteur et frontman, a donc repris les rênes suite au split du groupe l’année dernière, avec un tout nouveau line-up. C’est donc un SCOLOPENDRA mark II ou III qui nous accueille chaudement, avec une nouvelle histoire de futur dystopique et de souffrance psychique. Des thématiques de saison alors que se profilent des années sombres à subir la canicule, la malnutrition, les inondations, et autres attaques du pouvoir d’achat en bonne et due forme.
Et pour sonner dystopique, le groupe n’a pas lésiné sur les moyens. A la manière d’un IMMOLATION calculant ses rythmiques comme MESHUGGAH ou FEAR FACTORY, SCOLOPENDRA joue froid, clinique, absolu et typique, pour un cocktail redoutable de rythmiques brutales et de riffs beaucoup moins classiques qu’ils n’en ont l’air. On prend la mesure de la catastrophe dès « Panic Epidemic » qui rue dans les brancards comme un ambulancier sous acides, et la précision des attaques a de quoi laisser pantois.
Les frenchies n’ont donc pas laissé leur motivation au placard, et montrent un nouveau visage en ce premier semestre 2024. Les claques s’enchaînent, bien plaquées sur les oreilles, et le côté millimétré de la chose est tout simplement fantastique. Le B-A-BA du Death Metal moderne est donc passé en revue, avec ce petit surplus de finesse ou au contraire de bestialité pour rendre le tableau encore plus dramatique.
« Event Horizon », modèle de construction solide et stable, nous convainc de ses arguments bruyants, mais aussi de ses petits arrangements très finauds. On sent les mélodies de guitare en arrière-plan, soutien harmonique qui permet de densifier encore plus les atteintes physiques. Très en forme, le groupe lâche la vapeur, et nous brûle de sa méchanceté biseautée et de son agressivité calculée. Moins virulent que d’autres représentants, SCOLOPENDRA n’en reste pas moins une sacrée machine de guerre. Thomas L'Hoir s’est donc occupé de tout, de la composition à l’instrumentation en passant évidemment par l’enregistrement, et la somme de travail abattue est tout bonnement monstrueuse. Comme cette musique peu portée sur l’empathie et qui n’entrevoit le futur que sous un angle désespéré et résigné.
Intelligemment ficelé, ce troisième longue durée en négocie le virage avec brio. En différenciant nettement ses morceaux, et en leur conférant une âme particulière, Thomas se permet de nous offrir des instants de respiration, comme sur cette intro dissonante de « Foreign Soul », qui n’est pas sans évoquer une mouture encore plus radicale du SEPULTURA le plus tribal et Industriel.
Ça joue donc serré, les plans sont abrutissants (dans le bon sens du terme), et l’intensité du bouzin au moins équivalente à la consommation en électricité d’une ville de cinquante-mille habitants. Thomas ne s’est pas moqué de nous en enregistrant ce monolithe de violence, qui dose admirablement bien ses tendances Thrash et Death, même si la balance penche nettement du côté du second.
Très précis, viscéral mais pensé de A à Z, Citadel Of Torment est à l’image de sa pochette. Hypnotique, virulent, pugnace, étrange et annonciateur d’un temps catastrophique pour les libertés individuelles et les personnalités affirmées. On sent la volonté de réduire les hommes au simple rang d’exécutants via une attitude Indus dissonant très prononcée, et le chant graveleux semble égrener ses litanies avec une renonciation lucide.
Beaucoup de recul, l’expérience qui parle, SCOLOPENDRA a peut-être signé là son manifeste le plus crédible. En terminant sur l’effort « Black Fortress », Thomas s’est aménagé une voie royale vers ce futur qui craint déjà au moins autant que des élections européennes remportées par les partis d’extrême-droite. L’ingéniosité dans le mal, le compte-rendu mécanique et froid, et les conclusions peu engageantes, tout contribue à créer un climat d’oppression.
Et l’oppression a de très beaux jours devant elle.
Titres de l’album :
01. Panic Epidemic
02. Neuro Dissection
03. Event Horizon
04. Foreign Soul
05. Mental Torture, Pt. 2
06. Black Fortress
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