GAME OVER ? En effet, pour certains, la fin de partie n’est pas loin, celle d’une humanité qui a laissé de grands et dangereux enfants s’amuser avec des jouets beaucoup trop meurtriers. Notez que ce genre de constat s’effectue à intervalles réguliers, mais qu’il est aujourd’hui encore plus d’actualité, avec les gros tarés qui nous gouvernent, et qui en pleine crise humanitaire et environnementale continuent de se focaliser sur leurs crises d’ego et leur capitalisme outrancier. L’Italie est d’ailleurs très bien placée pour en parler, secouée il y a quelques années par une crise qui avait bien failli l’avaler, gangrénée par la corruption, la Mafia et ses solutions drastiques, et ce chômage galopant qui n’en finit plus d’avaler les derniers rêves de croissance. Et quelle autre musique que le Thrash pour servir de bande-son à cette apocalypse programmée, qui nous entraîne jour après jour dans les sillons d’une désolation que nous ne pourrons éviter, même en mettant un ultime coup de rein pour éviter le grand fossé. Les coups de reins, les italiens de GAME OVER connaissent bien, eux qui en mettent régulièrement pour nous faire headbanguer et pogoter de leur son typique hérité des meilleures productions US de trois décennies passées. Les amateurs les connaissent déjà par cœur, puisque nos amis transalpins alignent les cartouches au petit matin depuis 2008, et se sont permis de sortir par moins de trois longue-durée, For Humanity en 2012, Burst Into The Quiet en 2014 et Crimes Against Reality en 2016, de qualité égale et prononcée. J’avais d’ailleurs abordé leur cas dans nos colonnes cette année, en traitant du cas d’un mini LP assez mal équilibré, Blessed Are The Heretics, qui piochait dans le vieux pour tenter de tailler le neuf, et qui se contentait de relectures dans la langue natale et de live pour occuper le marché, mais je savais que j’allais croiser leur chemin à nouveau sans avoir à me lever tôt.
C’est chose faite, puisque aujourd’hui je me penche sur leur dernière exaction, Claiming Supremacy, qui peut en effet se targuer de réclamer une suprématie méritée sur le Thrash italien, de ses accents certains, de ses rythmiques en parpaings, et de ses soli plein d ‘entrain. Inutile de chercher Mille à Milan, et même pas à quatorze heures d’ailleurs, et certains de mes confrères ont expédié leur notule en quelques lignes de lune, puisque ce nouvel effort des GAME OVER ressemble en tous points à leurs attaques précédentes, marquant légèrement le pas en termes de violence, mais restant stable en termes de qualité. On retrouve toujours ces accroches qui décrochent, cette multiplicité de tempi qui nous empêche de nous endormir, cette hargne vocale, et cette basse à la D.D Verni/Dan Lilker, qui rapproche les originaires de Ferrara d’un Crossover efficace et avec heurts. De là, les morceaux sont en effet nouveaux, mais ressemblent beaucoup aux hymnes passés de nos héros, qui n’ont pas cherché la complication, mais ont su garder le ton. Celui-ci est plutôt véhément, mais parfois complexe au demeurant, sans tomber dans le piège tendu du techno-Thrash un peu trop velu, ce que des compos comme « Blessed Are The Heretics » (encore…) prouvent sans faux accord. Guitares qui savent se montrer loquaces sans être trop bavardes, duo basse/batterie en pleine osmose, chant et chœurs qui s’entendent à merveille de leurs slogans, pour une grosse demi-heure de Thrash pas forcément hésitant ni balbutiant, mais ne cherchant pas l’originalité à tout bout de champ.
Décoré d’une pochette sublime aux pastels radioactifs, Claiming Supremacy prend un malin plaisir à passer en revue tout ce que le Thrash old-school a pu léguer à son pendant moderne, sans pour autant vraiment choisir son camp. Et c’est cette ambivalence que j’aime chez les italiens, qui ne gardent pas les pieds cimentés dans le passé, et bougent vers un avenir qu’ils ont largement à leur portée. On retrouve donc tout ce qui a constitué les fondements du style, mais adapté à des exigences plus contemporaines, notamment au niveau de la production qui ne cherche pas du côté des consoles de 88/89 de quoi régler le son. Celui-ci est ample, dense, et pourtant suffisamment aéré pour permettre aux compositions de respirer, ce qui nous donne plusieurs morceaux à cheval entre les époques, comme ce léger et primesautier « Eleven », qui bouffe un peu à tous les râteliers, se montrant aussi Heavy que Power, et aussi Speed que Thrash, sans négliger une outro en son clair qui se détache. Mais vous n’avez aucun souci à vous faire, puisque le quatuor (Alessandro « Sanso » Sansone- guitare, Luca « Ziro » Zironi – guitare, chœurs, Renato « Reno » Chiccoli – chant/basse et Anthony « Vender » Dantone – batterie) en a gardé suffisamment sous le coude pour vous coller de bonnes suées, ce que « Two Steps In The Shadow » démontre en un peu moins de quatre minutes de ses thèmes malins. Furie sonore maîtrisée, accélérations posées, mais folie assumée, ce quatrième LP des italiens tient toutes ses promesses, et nous rassasie d’un Thrash intelligent mais suffisamment méchant pour ne pas nous laisser balbutiant. Les musiciens ne bégaient d’ailleurs pas leur récitation, qui prend des airs de leçon, tant les « Last Before The End », « My Private Nightmare » et autres « Broken Trails » rebondissent de couplets en breaks, sans jamais baisser d’un cran en intensité, mais sans non plus le sacrifier à la musicalité.
On retrouve ces sonorités de la Bay Area adaptées à une volonté d’européaniser un Thrash pas forcément calqué, mais méchamment influencé par les NUCLEAR ASSAULT, les SACRED REICH, TESTAMENT, VIO-LENCE et autres cadors à l’appellation contrôlée, sans pour autant se départir de cette euphorie Core qui permet aux titres de dégager une bonne humeur palpable. Intermèdes acoustiques pour transition épique (« Shattered Souls »), basse qui joue les éclaireurs pour tuerie nuancée à toute heure (« Lysander »), et final hystérique, digne d’un TANKARD de l’écurie germanique des beaux jours épileptiques (« Show Me What You Got »), le tableau est complet, formel mais éclairé, et on pourrait presque croire que Claiming Supremacy se pose en résumé prématuré d’une carrière bien remplie et entièrement à la cause dévouée. N’y voyez pas une critique, mais plutôt une analyse symptomatique d’un combo qui n’a jamais vraiment déçu, puisqu’il ne s’est jamais écarté d’une ligne bien tracée. Pas de grosse surprise donc, mais une constante dans la qualité, et surtout, le plaisir de retrouver un groupe qui se pose un minimum de questions pour avancer doucement pour ne pas trop stagner.
Un album honnête qui a les armes de ses arguments, et qui continue le travail de sape entrepris dès For Humanity il y a déjà cinq ans. Les GAME OVER sont donc loin d ‘avoir fini leur partie, et reconnaissons que leurs efforts studio sont transcendés dès que ces furieux mettent les pieds sur une scène surchauffée. Celles qui vont accueillir leur tournée risquent d’ailleurs de brûler. Pas forcément d’un feu ardent, mais de braises largement assez rougies pour vous mettre le feu au tapis.
Titres de l'album:
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