Vous prenez d’un côté un label exigeant, qui multiplie les sorties, et de l’autre, un musicien boulimique qui les empile encore plus. Une fois les deux réunis, laissez les mariner jusqu’à ce que le jus coulant abreuve une rivière de sons.
Cette rivière va couler à grands flots, parfois inonder les berges inutilement, parfois confluer avec d’autres affluents pour former un cours au débit encore plus impressionnant. Cours de géographie ou d’hydrométrie ? Non, juste un moyen détourné pour démontrer que les Debemur Morti et Matron Thorn étaient faits pour s’entendre et proposer des œuvres en commun…
Prolifique, c’est indéniable, mais la pertinence est-elle encore à l’ordre du jour ? C’est la question simple que l’on est en droit de se poser concernant la productivité parfois excessive du leader d’AEVANGELIST, qui non content de mener sa barque principale à grand train, se répand dans des projets annexes sans craindre la crue fatale. DEATH FETISHIST, son dernier projet en date est connu de tous les amateurs, puisque deux EP ont déjà vu le jour cette année, Whorifice et Lucifer Descending, il était donc logique que l’homme passe le cap de la durée minimale et propose ses vues sur une longueur plus en adéquation avec le nombre de ses idées.
C’est donc chose faite, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas hésité et s’est entouré d’une pléiade de guests pour l’accompagner dans sa funeste entreprise de démolition globale.
Outre G. Nefarious (PANZERGOD) au kit, on retrouve au casting de ce premier LP les lignes vocales de D.G (Misþyrming) et Julia Black, les claviers de Jürgen Bartsch (BETHLEHEM), les hurlements de Doug Moore (PYRRHON), mais aussi, et non des moindres, quelques parties de synthé de notre cher Mories (GNAW THEIR TONGUES) sur le morceau « Upturneth The Chalice ».
Tout ça peut éventuellement sentir l’alignement un peu facile de noms reconnaissables histoire d’attirer le chaland bruitiste dans ses filets, et chacun reconnaîtra ou non l’importance de leur participation au projet Clandestine Sacrament.
Mais en dehors de ce jeu de piste de célébrités en goguette, la question la plus importante reste la même. Ce cher Matron Thorn à-il su s’éloigner de ses obsessions d’origine pour proposer quelque chose de neuf, ou bien s’est-il contenté d’appliquer les mêmes recettes avec une approche collective un tant soit peu différente ?
Les deux réponses semblent valides après avoir digéré les cinquante minutes de cet album, qui s’il sonne frais par moments, rappelle grandement le travail déjà accompli par le tempétueux leader…
Si vous aviez déjà jeté vos deux oreilles sur les deux EP précédents, le choc ne sera pas violent. On y retrouve les mêmes ficelles, juste un peu plus étirées, et sans doute des ambitions plus marquées. Mais que les fans d’AEVANGELIST se rassurent, Thorn n’a pas changé, et est resté cette démarcation contemporaine du Damien de la trilogie apocalyptique en version musicale, et a su piocher dans son histoire les éléments nécessaires à la gestation de ce premier effort, qui pourtant ne semble pas vraiment en être un.
D’une parce que tout semble être venu assez facilement, et de deux parce que les pistes proposées ici ont déjà été suivies auparavant, parfois avec moins d’entrain, mais de temps à autres avec un poil plus de créativité.
Toutefois, DEATH FETISHIST ne vous lèsera ni sur la qualité, ni sur la quantité. Avec plus de cinquante minutes d’exploration sonore funeste, le repas est roboratif, et parfois un peu lourd à digérer lorsque les sons s’imbriquent en larges couches superposées.
Mais le tout fait preuve de suffisamment d’intelligence dans l’agencement pour ne pas lasser à mi-parcours, tout en gardant une éthique connue et respectée.
Outre l’’auto-influence évidente d’AEVANGELIST, on retrouve ce mystérieux mais terrassant mélange entre la rugosité du BM US et la grandiloquence de ses homologues nordiques, EMPEROR en tête de liste, produisant de fait des symphonies macabres de poche, comme une digression infernale sur la science de production de Phil « gun » Spector appliquées à un contexte underground.
Mais le bruit ici n’est jamais gratuit….
Clandestine Sacrament.est donc un bon mélange entre des morceaux qui n’hésitent pas à divaguer plus que de raison, et des interventions plus concises.
Outre la longue et grouillante intro « The Gifted Medium », Matron s’autorise quelques moments de concision, et teinte son BM chaotique d’une tonalité globale assez Punk qui rend les morceaux les plus directs encore plus agressifs. En témoigne le traumatique « Netherrealm », qui sonne plus DARKTHRONE/MAYHEM qu’un bootleg capté dans les années 90, soutenu par les vocaux de Doug Moore, pas vraiment là pour faire de la figuration.
On retrouve ce feeling cru sur l’impressionnant « Upturneth the Chalice », la longue litanie de fin qui passe par plusieurs humeurs successives, et qui oppose la violence la plus drue à l’efficacité la plus crue. Riffs simples et catchy qu’on penserait sortis de l’esprit gouailleur de Nocturno Culto, opposés à une ambiance délétère à la GNAW THEIR TONGUES (l’intensité si chère à Mories est bien palpable même si le morceau est assez constant), c’est une bien malsaine façon de terminer ce premier album qui en dit long sur l’appétit de Thorn, et son envie d’aller de l’avant tout en regardant en arrière.
Pas vraiment d’épiphanie musicale, mais une façon de rester honnête envers une démarche sincère. Et surtout, un surplus de puissance qui parfois nous coupe le souffle, notamment sur l’ouverture sans pitié de « Astral Darkness » qui justifie son titre d’une incursion stellaire dans un trou noir de puissance, et qui nous laisse au bord de l’infarctus de ses attaques terrassantes et de ses lignes vocales d’une rare intensité diabolique. Plus occulte qu’AEVANGELIST, DEATH FETISHIST est donc une affaire sérieuse, qui développe des thèmes obsessionnels, que le leader a abordés avec toute la folie et la démesure qu’ils requièrent.
Outre une production gigantesque un peu sourde qui toutefois n’étouffe pas les mélodies acides d’un « Beauty from Wretchedness » qui dévie un peu de l’optique « franche et massive » de l’entreprise avec ses arpèges rouillés, une pochette sublime signée de la main d’Andrzej Masianis, c’est surtout la sensation d’écrasement continu qui prédomine sur cette première réalisation longue durée, et qui en représente son point fort.
Certes, rien d’inédit, certes on aurait pu attendre plus de prise de risque de la part de musiciens de ce calibre, mais il est impossible de dénigrer Clandestine Sacrament en se basant sur ces critères hypothétiques et subjectifs. Espérons simplement que la suite des évènements ne laissent pas dériver l’inspiration de Matron, et qu’il ose peut être un peu plus s’aventurer sur des terres qu’il a rarement foulées. Mais les fans d’AEVANGELIST peuvent se rassurer. Leur idole n’a pas changé, et ne changera donc jamais.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20