Un confrère de la presse web se disait qu’en l’an 2000, personne n’aurait pu supposer avoir encore des choses à raconter à propos de (Hed) P.E. vingt ans plus tard. Je suis totalement d’accord avec lui, moi qui ait découvert le fameux clip de « Bartender » à l’époque, et qui avait écouté le séminal Broke d’une oreille distraite, avant d’y voir une porte de sortie pour le Nu Metal des années 90. Après tout, le groupe s’était formé en 1994 et dansait sur cette vague, même si sa musique n’avait pas grand-chose à voir avec les KORN, DEFTONES, SPINESHANK, SLIPKNOT et autres COAL CHAMBER ou MUSHROOMHEAD. Non, les (Hed) P.E. faisaient partie d’une scène un peu spéciale, qu’on a désigné des années plus tard comme étant du G-Punk, ce style bâtard mélangeant du Punk-Rock, du Metal, du Hip-Hop et du Reggae. De fait, le groupe s’est retrouvé un peu isolé dans son créneau spécial, mais tant mieux pour eux, puisqu’ils sont uniques et le sont toujours en 2020, vingt ans après leur découverte par le grand public. Avec ce douzième album, et le second avec le guitariste D.J. Blackard, le groupe remonte à ses racines les plus fermement ancrées dans le succès, et continue sa route. De fait, Class Of 2020 ressemble beaucoup à ces réunions d’anciens élèves, vingt ans plus tard, histoire de retrouver ses collègues de lycée et voir à quel point ils ont changé. Certains ont réussi, les joueurs de foot si populaires travaillent maintenant dans le bâtiment, les travaux publics ou dans un MacDo, les intellos ont tous ou presque réussi, et ceux ne faisant partie d’aucun club ont connu des fortunes diverses. Mais les (Hed) P.E. sont resté les mêmes, ces branleurs qu’on voyait faire du skate à la récré, et qui fumaient comme des pompiers derrière les gradins du stade, en écoutant BLACK FLAG, TOOTS AND THE MAYTALS, les BAD BRAINS, FISHBONE, SLAYER, l’air hagard et le faciès rigolard.
Le line-up du groupe a subi bien des changements en vingt ans, mais l’esprit est resté le même, et ce douzième effort en témoigne. Avec toujours le seul et unique membre original Jared Gomes au chant, Jeremiah “Major Trauma” Stratton au kit depuis 2009, et Kurt “Kid Bass” Blankenship à la basse depuis cinq ans, sans oublier le petit dernier D.J. Blackard, (Hed) P.E. présente une image de lui-même assez fidèle en cette triste année 2020, et tente d’insuffler un peu d’insouciance dans l’air ambiant chargé de questions et d’inquiétude, et tente le coup du comeback initial, en reprenant dans les grandes lignes la philosophie plurielle de Broken, qui leur avait permis d’exploser les charts et de se faire adopter par la jeune génération. On trouve toujours dans leur musique de méchantes traces de Reggae, parfois sur un morceau entier, mais aussi cette attitude Punk un peu je m’en foutiste dans l’instrumental et l’interprétation, comme si on pouvait encore se permettre d’être dilettante après vingt-six ans de carrière. Et ce qu’on aime chez les américains depuis tant d’années, c’est justement qu’ils n’ont jamais pété plus haut que leur cul, contrairement à certains de leurs contemporains, devenus symboles de ridicule depuis (je pense notamment à SUGAR RAY, le boys-band le plus pathétique des années 2000), et qu’ils n’ont jamais cherché à faire partie d’une bande en particulier. Et ce douzième LP, qui couronne une carrière faite de concerts homériques et dynamités (qui a vu le groupe sur scène sait que peu peuvent rivaliser avec lui en termes de folie et d’intensité) ne déroge pas à la règle établie depuis longtemps : les (Hed) P.E. jouent ce qu’ils veulent, et le jouent bien, puisque personne ne sait le jouer comme eux.
Mais qui dit anniversaire, dit évidemment cadeaux, mais surtout, invités. Et des invités de marque, prévisibles, puisque Jared Gomes a fait revenir à ses côtés d’anciens membres du groupe, dont DJ Product et le guitariste d’origine Chad "Chizad" Benekos, le premier scratchant sur plusieurs morceaux, et se chargeant de l’artwork de Class Of 2020, et l’autre se fendant d’un solo sur le morceau « Greedy Girl ». Quant au titre de l’album, Jared l’explique de plusieurs façons. En tant que célébration évidemment, pour être encore là vingt ans plus tard, mais aussi en le rattachant à son concept, et le comparant à ces cérémonies de diplômes que 2020 a produit, laissant cette génération de lycéens dans un flou historique unique en son genre. L’album lui, n’a rien de flou, et pourrait bien être ce que le quatuor a produit de meilleur depuis des années. Peut-être pas depuis ses débuts et Broke, mais depuis longtemps en tout cas, et on sent les musiciens à l’aise, spécialement sur les morceaux à la cool comme le fameux « Greedy Girl », qui sonne comme un hymne entonné par de vieux potes qui se retrouvent autour d’une bière et de quelques souvenirs. C’est assez touchant quelque part, mais comme d’habitude avec ces mecs, la musique fonctionne à plusieurs niveaux, et le punchy et punky « Ole Time Sake » nous rajeunit de quelques années, avec sa rythmique à fond les ballons qui prouve que les racines violentes du groupe ne sont jamais très loin, mais qu’elles invitent plus à la fête qu’à la baston.
Pour le reste, (Hed) P.E. propose un survol de sa longue carrière, et nous offre une dizaine de morceaux qui jouent la concision et l’effet immédiat. On y pioche ce qu’on a toujours aimé chez ce groupe d’enfants terribles, ces titres qui combinent la rage du Punk et la fluidité du Reggae, et en ouverture, « First Blood » fait des merveilles, tandis que le plus calme et rasta « Watch It Burn » assure la transition avec souplesse. Né dans un contexte très particulier, Class Of 2020 est presque un disque de peur, et de frustration. Alors que le combo était en tournée en pleine épidémie, il a évidemment dû rentrer chez lui, et immédiatement, Jared s’est mis à faire la seule chose qu’il pouvait faire : composer. Pourtant il craignait pour son avenir, en tant que patron d’un petit label, mais cette peur de l’inconnu l’a peut-être obligé à se dépasser et à laisser s’exprimer ses sentiments de façon plus claire, comme sur « No Days Off » qui sonne comme le tube des années 2000 qu’il est définitivement. D’autres morceaux se dégagent bien sûr, comme l’hymne « Nothing Lasts 4ever (The Ballad of C19) », le « Bartender » de 2020, très mélodique et réminiscent de l’influence du Pop Punk des années 90, celui de GOLDFINGER, ou « We The People », un peu RATM sur les bords, et très étouffé dans le rendu. Le son, très bon, permet d’apprécier à plein ou moyen volume, et les titres, une fois tous digérés sont d’importance, et enrichissent le répertoire des américains. Une bien belle fête à laquelle nous ont conviés les (Hed) P.E., qui soufflent les vingt bougies sans amertume, mais avec un peu de rancœur contre le destin.
Titres de l’album:
01. First Blood
02. Watch It Burn
03. No Days Off
04. Death Awaits
05. Last Call
06. Ole Time Sake
07. Greedy Girl
08. Nothing Lasts 4ever (The Ballad of C19)
09. We The People
10. Overdue
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