De temps à autres, il est agréable de changer d’horizon et de troquer sa peau de bête pour un polo en coton. Non que j’aime me promener sur le front de mer avec un lainage sur mes épaules en mode « délicieux ce brunch ma chère ! », mais je ne refuse jamais une petite pause entre deux atrocités musicales ou routines old-school abêtissantes. De fait, je m’intéresse aujourd’hui au cas d’un groupe norvégien, culte dans son propre pays et prophète un peu partout en Europe du nord, qui nous avait méchamment manqué depuis des années. Si tant est que le Rock alternatif et énergique trouve grâce à vos tympans.
Les RICOCHETS n’ont pas grand-chose à voir avec le titre éponyme de FNM, mais rockent libre à leur façon, entre Western et Northern, entre classique et novateur, entre énergique et flatteur. Reformé en 2019, le quintet a donc pris son temps pour signer un nouvel album, alors que tous les fans gardent encore en mémoire leur trilogie initiale fulgurante Slo-Mo Suicide/The Ghost of our Love/Isolation.
Serrons donc la main de Trond Andreassen (chant), Knut Øyvind Olsen (basse), Svenn Poppe JR (piano), Fredrik Gretland (guitare) et Johan Edvardsson (batterie), en leur souhaitant bonne chance. Mais je pense que la chance n’a rien à voir là-dedans, tout ceci résulterait plutôt d’un talent gigantesque que la scène regrettait depuis plus d’une décennie.
Foin de Metal je l’admets, ni dur ni tendre, mais bien de Rock, sous toutes ses formes, et qui pourra parler à nombre d’entre vous qui entre deux classiques BM s’enivrent de sonorités moins brutales. Mais un Rock précieux, avec fioritures sans dénaturer l’énergie, et qui se déguste live comme en studio. Mais quelle a été l’origine du désir de se retrouver ensemble, et la ligne directrice choisie pour ce quatrième album ? C’est encore le groupe qui répond le mieux à cette interrogation :
Maintenant, lorsqu’on répète, nous n’avons aucune envie de devenir des rock stars, mais plutôt de composer de la bonne musique. Ce qui compte le plus pour nous est de créer ensemble, d’être unis, de trouver de nouvelles idées et d’être défiés par nous-mêmes. La musique est bien plus importante que le délire de vivre un fantasme de rock star.
Clair comme de l’eau de Rock, et le résultat s’en ressent dès les premières secondes de « Time to Go ». Titre en pied de nez qui évoque un départ pour parler d’un retour, mais drivé par un riff seventies énorme, et un chant qui dégouline de feeling. On se croirait immédiatement replongé dans le passé d’un Rock sale, déconstruit pour être assemblé à l’envers, et assoupli d’un piano à la Nicky Hopkins, tout en respectant les dogmes norvégiens en matière de puissance. Le meilleur de tous les mondes donc, pour une accroche qui excuse ce long hiatus dont personne ne connaissait l’issue.
Alors, oui, je l’affirme, les RICOCHETS ont bien fait de se reformer. Si l’ancrage discographique nous ramène parfois aux effluves de Slo-Mo Suicide - sincérité oblige - le nouveau voyage est plus straight, et les intentions nobles. Ici, seule l’authenticité compte, et on le sent dans cette production qui refuse les gimmicks et les artifices, et qui se contente d’enregistrer les instruments comme ils doivent sonner naturellement. On se repaît donc de ce fulgurant « Backseat Drivers », entre THE STROKES et un garage-band oublié des sixties, et on accepte la fausse légèreté de « Shooting Star » qui évoque le meilleur de SUPERGRASS tout en restant accroché aux STONES comme un caillou dans une chaussure.
Les mecs sont en forme, en paix avec eux-mêmes, et livrent une prestation de haute volée. Pas la peine de se demander pourquoi Indie Recordings à sorti le contrat, la réponse est évidente, et sous vos tympans : entre Classic Rock, Alternative nerveux et Country & Western décomplexé (« Closer to the Light »), Closer to the Light est un album de son temps hors du temps, capable de fédérer tous les publics autour d’une cause commune. Celle d’une musique qui vient du cœur, et qui n’a rien à voir avec une quelconque hype Gonzaï.
Vous pourrez parfois vous demander ce que vous faites-là, d’autant qu’en termes de composition, le groupe a ratissé large en émotions et en sonorités. Ainsi, « Galaxies (Quiet Street) » impose un mid tempo du vendredi soir, et s’oppose au trépidant « That's How It Goes », boogie infernal de nuit de samedi à dimanche.
Mais le Rock, c’est ça, passer du coq à l’âne en ayant un caractère de cochon, évoquer les groupies en pensant à ses enfants, et admirer Springsteen tout en écoutant les LA’S. Et les futurs classiques de s’égrener comme des petits pois de charts, entre « Figure It Out » qui n’exige aucun don de divination, et « Out Of The Window », sec comme un coup de latte des BUZZCOCKS, pour finalement se retrouver l’âme à nu sur le bluesy et gospel « Soul », merveilleuse ballade douce comme du velours.
Très loin des turpitudes viriles du Metal, les RICOCHETS n’en sont pas moins partie prenante de notre problématique. En ramenant le Rock à son essence nordique la plus essentielle, les cinq musiciens opèrent le comeback le plus attachant de cette décennie, et nous offrent dans un écrin un album de toute beauté, largement digne de figurer dans ces colonnes. Et si mon choix vous choque, n’hésitez pas à m’insulter dans les commentaires. Je crois que vous savez faire.
Titres de l’album :
01. Time to Go
02. Backseat Drivers
03. Shooting Star
04. Closer to the Light
05. Galaxies (Quiet Street)
06. That's How It Goes
07. Figure It Out
08. Out Of The Window
09. Instincts
10. Soul
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