MOSTRO, monstruo, monster.
Non, ceci n’est pas une déclinaison latine inconnue ou un verbe irrégulier anglais oublié, mais bien la signification de ce nom adapté aux circonstances, celui de MOSTRO, qui cache en fait celui plus personnel de Lucas Wyssbrod. Originaire de Buenos-Aires, Lucas fait partie de cette caste misanthropique de musiciens incapables de travailler collectivement, et plus créatifs dans le secret de l’alcôve de leur propre studio, qui se résume souvent à un appareillage informatique de pointe.
Lucas représente donc les intérêts de MOSTRO, mais aussi ceux de MONOVOTH, deux concepts qu’il a créés pour affirmer sa personnalité en prenant en charge toutes les fonctions. Composition, écriture, arrangements, instrumentation, programmation, pour un résultat assez bluffant, et très éloigné des tendances rétrogrades brutales actuelles.
Et c’est après une pelletée de singles et deux EP’s que l’homme s’est enfin décidé à publier un longue-durée, qui n’a de long que le nom. Car vingt-huit minutes pour un exercice non-conventionnel et expérimental est une durée concise peu commune, alors que les groupes du cru n’aiment rien tant que paraphraser et gloser pendant des heures.
Vous l’aurez compris, Lucas n’est pas le genre de marsouin à afficher ses intentions comme un brassard. Son optique est étrange, et découle des veines les plus expérimentales du Metal extrême, celles qui ornent les bras de DISHARMONIC ORCHESTRA ou RESURRECTURIS, mais qui piquent aussi le bleuté des bruitistes BM comme DODECAHEDRON ou DEATHSPELL OMEGA. Inutile donc de vous attendre à un massacre en règle via des riffs biseautés pour trancher les nerfs, mais plutôt à une symphonie étrange qui pourrait faire office de bande-son pour un film psychédélique morbide, quelque part entre Ari ASTER et David LYNCH.
Inquiétante et imprévisible, la musique développée par Coágulos hésite entre coagulation salvatrice et hémophilie mortelle. Les notes giclent sur le bandage, les humeurs cicatrisent les plaies, mais les intentons sont floues. Guérir des convenances par la provocation dodécaphonique, ou tester des médecines parallèles non homologuées par l’Office Mondiale de la Santé ?
Un peu des deux, et quelque part dans les limbes de l’Avant-Garde, bien calé entre Zappa, les RESIDENTS, TESSERACT, LITTLE WOMEN et les grondements de Bobby Krlic. Ici, rien n’est convenu ou facile. Il convient de faire des efforts d’ouverture pour considérer ce pamphlet en tant que partie d’un tout, situé à l’extrême de l’extrême. Et une fois assimilée la démarche, il est possible d’y voir un mécontentement grandissant envers la scène old-school qui nous fait tourner en rond comme des moutons sur le pâturage de Panurge.
Considérez donc ce disque comme un tout, et non comme une somme de parties. Une programmation qu’on prendrait volontiers comme le jeu fou d’un percussionniste sous acides, des parties de guitare tout sauf franches et directes, et une absence de chant qui peut peser sur le moral. Aucun repère fixe donc, pour une balade dans les arcanes de la folie musicale, avec pour seul guide un solfège malmené et des influences non définies. Mais le tout tient debout, ne se contente pas d’incongruités gratuites, et le côté hypnotique de la chose nous oblige à regarder en nous-mêmes pour y voir le monstre caché dans les abimes.
J’ai aimé cette aventure, qui n’est pas qu’Avant-Garde pompeuse et sans but. Le déroulé de l’album agit comme un court métrage pour les oreilles, surréaliste à la Buñuel, froid à la Resnais des jeunes années, et violent comme du Tarkovski opposant la froideur de la déshumanisation aux illusions perdues.
Vous avez compris depuis longtemps que Coágulos est tout sauf un placébo pour phobiques de la facilité. La démarche est saine, la construction stable, et si les éléments se meuvent comme dans un labyrinthe végétal en pleine croissance, le nord reste où il doit être et peut servir de boussole. Est-ce encore du Death ? Je n’ai pas la réponse à cette question, et honnêtement, je m’en fous. Le but étant de surprendre sans survendre et de proposer un produit de qualité, durable, nourrissant et intelligent.
Merci donc à Lucas Wyssbrod de ne pas s’être foutu de nous en nous refilant des idées moisies et opportunistes, et de ne pas avoir déguisé ses intentions derrière le paravent de la médiocrité. On attend avec impatience la suite de cette étrange aventure qui nous mènera à n’en point douter dans les recoins les plus étranges de l’âme humaine. Et puisqu’il n’y a pas de mal à avancer à l’aveugle de temps en temps, je confie sans regrets mon sort à ce musicien argentin qui sait mieux que quiconque peindre des décors à rendre fiers Dali et Munch.
Titres de l’album:
01. Lázaros (Feat. Ber Stinco)
02. Ruido Negro
03. Tumor Malandra Suite
04. Umordhoth (Feat. Franco Fontanarrosa)
05. Norosti Vceraj
06. VI (Feat. Álvaro Domene)
07. Los Dioses en los Ojos de los Ciervos
08. Obsede par les Soleils (Feat. Álvaro Domene)
09. Coágulos
10. Alabados los Invisibles
11. Dentro de la Náusea
12. Felsen
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